L’insistance avec laquelle on nous reparle, en ce moment, de la GPA pour mieux nous dire qu’elle n’est pas à l’ordre du jour – contrairement à la procréation médicalement assistée – est déjà suspecte en soi, mais il y a tout lieu, également, de s’inquiéter de son écho dans la « culture » du moment. La culture préfigurant bien souvent les évolutions sociétales comme nous le confirme largement l’histoire occidentale contemporaine. Le film de Fabien Gorgeart, Diane a les épaules, ne sera donc pas de nature à nous rassurer.

L’intrigue suit les neuf mois de grossesse de Diane, jeune femme immature, désinvolte et inconséquente, ayant accepté de porter l’enfant d’un couple d’amis homosexuels comme s’il s’agissait d’un service des plus classiques, assimilant le bébé en question à un objet dont il serait tout à fait généreux, après tout, de faire don à autrui. Devant composer avec la santé du fœtus, qu’elle ne cesse de mettre en péril de par ses excès physiques personnels, et avec les attentes sentimentales de son nouveau compagnon Fabrizio, Diane devra assumer ses choix jusqu’au bout et contenter tout son petit monde.

Portant de prime abord un regard critique et distancié sur les frasques d’une héroïne « adulescente » et irresponsable, le réalisateur cherche malgré tout au fil du récit, par le biais de l’humour, l’adhésion du spectateur au personnage principal, et se complaît allègrement dans la mise en scène de ses coups d’éclat. Tout est mis en œuvre pour nous rendre sympathiques la mère porteuse et, par ricochet, le sujet du film…

Endoctrinée par son époque, gavée jusqu’à la rétine de discours politiquement corrects entendus à la télévision autour du « droit à l’enfant », Diane s’emporte, vocifère et va jusqu’à feindre de ne pas comprendre les questionnements de Fabrizio (le seul personnage à peu près sain du scénario) lorsque celui-ci émet la moindre réserve sur cette affaire : "Cela ne te concerne pas !", lui dit-elle sèchement. Celui-ci n’a même pas le droit de toucher son ventre, l’objet qui s’y trouve ne lui appartenant pas. Et lorsque l’accouchement aura lieu autour du schéma classique entre un homme et une femme, Diane chassera Fabrizio de la salle d’opération pour qu’il aille chercher les deux pères « légitimes »…

Point d’illusion, cependant, si Fabien Gorgeart fait mine de s’attarder longuement sur « la beauté du don », tout en tenant compte (sincèrement) du désarroi de Fabrizio : c’est pour masquer en vérité la cruauté de l'abandon d’une mère et l'irresponsabilité de ces apprentis sorciers, enfants pourris-gâtés et capricieux de la génération 68, qui jouent avec les repères d’un nouveau-né et ne veulent pas assumer les contraintes naturelles de leur homosexualité. Le beurre, l’argent du beurre et la compote du bébé… Un tableau lamentable.

On se demande ce que le pauvre Fabrizio Rongione, comédien remarquable et fidèle des frères Dardenne, est allé faire dans cette galère.

1 étoile sur 5 (pour l’efficacité des procédés de manipulation)

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01 décembre 2017 à 17:24

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