[CHRONIQUE] Censure : le chaos, c’est Macron
Il n’y a pas eu de miracle, pour le gouvernement Barnier, renversé par une motion de censure adoptée avec 331 voix. Grâce aux votes conjoints du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national. L’interrogation est de savoir pourquoi Michel Barnier n’a pas donné satisfaction à Marine Le Pen au sujet de l’indexation des retraites ? Il aurait, ainsi, pu éviter l’humiliation de se voir censuré et Mélenchon se pavaner.
Un mauvais budget
Il demeure que ce budget était un mauvais budget puisque, dans l’État le plus imposé de l’Union européenne et de l’OCDE, ce gouvernement de la droite conformiste et du centre n’avait trouvé d’autre solution que d’augmenter la pression fiscale sans réaliser d’économies suffisantes du train de vie de l’État et, surtout, sans annoncer de profonde réformes structurelles capables de mettre fin à la croissance continue de la dépense publique et des déficits publics. Car il y a « un éléphant dans la pièce » que les acteurs politico-administratifs du système ne veulent pas voir : le poids toujours croissant de la bureaucratie et du mille-feuille administratif, qui ronge de l’intérieur l’État régalien et pèse sur le monde productif de façon de plus en plus insupportable. Conjugué avec un État plus socialiste que social, dont la « générosité », largement ouverte sur le monde, transforme l’assistanat en concurrent du travail. Le système gouverne mal et fait payer la note aux Français.
Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ont sévèrement critiqué Marie Le Pen et son groupe « coupables » de voter avec le NFP. Faut-il leur rappeler qu’ils appartiennent à une famille politique qui, en 1998, avait préféré donner la présidence des régions à la gauche plutôt que d’accepter des voix d’élus du Front national ? Faut-il rappeler à la coalition qui soutenait le gouvernement que nombre de ses membres ont été élus, lors des dernières élections législatives, grâce à l’alliance électorale entre le NFP et les formations politiques du centre et de la droite conformiste, dont M. Wauquiez pour lequel la candidate du NFP, qualifiée pour le second tour, s’était retirée ? À l’époque, les voix du NFP n’avaient pas d’odeur, semble-t-il !
Les choix du Président
La rhétorique du chaos et de l’ébranlement des institutions a été abondamment employée. Mais la situation présente est la conséquence des choix du président de la République. C’est lui, et lui seul, qui en est responsable. Personne n’a gagné les élections législatives anticipées et il n’y a aucune majorité stable à l’Assemblée nationale. Preuve, s’il en est, qu’aucun mode de scrutin ne garantit la stabilité politique, comme l’avait souligné le général de Gaulle dans une conférence de presse du 16 mars 1950 : « Nous avons expérimenté, nous Français, tous les systèmes électoraux possibles et aucun n’a pu compenser la malfaisance des partis. »
Dans son entretien sur CNews du 4 décembre, M. Retailleau, interrogé sur la possibilité d’une démission d’Emmanuel Macron, a répondu que parce qu’il était gaulliste, il était attaché aux institutions, et rappelé que le président de la République était la clé de voûte des institutions. Mais la formation à laquelle il appartient désormais n’a jamais cessé de détruire l’édifice constitutionnel conçu par de Gaulle. D’abord en réduisant le mandat présidentiel de 7 à 5 ans, en réformant la Constitution pour l’adapter aux traités européens et brader la souveraineté française, en inscrivant dans la Constitution des dispositions qui n’ont rien à y faire, tel le principe de précaution (1er mars 2005) ou encore la liberté d’avorter (8 mars 2024, votée par 13 députés LR sur 22 votants).
L'esprit de la Constitution perverti
Mais au-delà de la lettre, c’est l’esprit même de la Constitution qui a été perverti. Quand le général de Gaulle a été désavoué par les urnes, il a démissionné (référendum de 1969). Imagine-t-on qu’il ait pu cohabiter, comme Mitterrand ou Chirac, ou se maintenir, après l’échec d’un texte référendaire qu’il aurait soutenu, comme Chirac (Constitution européenne), ou encore faire voter par voie parlementaire un texte quasi conforme à un texte rejeté par référendum, comme Sarkozy (traité de Lisbonne).
La logique institutionnelle de la Ve République est morte. Conçue pour assurer la stabilité, la grandeur et l’indépendance de la France, elle a été dénaturée pour aboutir au contraire. Le vote de la censure n’ouvre pas une crise politique et institutionnelle, il la poursuit, il la confirme. Aucune République n’a bien fini. Il en ira de même pour la Ve. Il serait prudent de s’y préparer
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21 commentaires
Une chose est sûre il n’arrive pas à la cheville du général de Gaulle . Il ne veut pas démissionner ! Pas grave ,une destitution c’est ce qui lui convient le mieux .