Christophe Chalençon, leader des Gilets jaunes libres, fait le point sur le mouvement après l'arrestation d'Éric Drouet. "Il y a trois approches différentes au sein des gilets jaunes." Il rappelle le nombre de victimes et met de nouveau en garde contre un risque d'embrasement. À écouter absolument pour comprendre les gilets jaunes.


Eric Drouet a été arrêté aux abords des Champs-Élysées, parce qu’il organisait une manifestation non déclarée.
Que pensez-vous de son arrestation ?

Son arrestation est conforme au cheminement de ses actions.
Il y a trois courants au sein des gilets jaunes.
Le mouvement de Jacline Mouraud est déjà dans la discussion avec le gouvernement. À mon avis, il va avorter très rapidement.
Lors de son discours, le président de la République nous a bien fait comprendre qu’il ne voulait pas en démordre et qu’il ne lâcherait rien. On a dit que le mouvement allait se durcir au niveau de la base. Il y a un côté dur avec la partie ‘’Éric’’. Éric tient sa ligne de conduite et se met personnellement en danger pour aller au bout de ses actions.
Le troisième courant est la voie du milieu. C’est celle dans laquelle je me trouve.
Nous sommes dans un bras de fer entre, d’un côté de besoin de maintenir les actions d’Éric pour pousser le gouvernement à avancer, et de l’autre construire une concertation.
Hier, Eric, avant son arrestation, était dans une démarche pacifiste. Je ne peux donc que dénoncer son arrestation. Mais, il y a aussi d’autres actions plus violentes faites par d’autres personnes. Ce sont évidemment des actions à éviter. La violence mène à la violence. Dix personnes sont déjà décédées et des centaines de personnes sont mutilées et blessées.


Avez-vous vraiment appelé à la guerre civile ?
Ce scénario pourrait-il arriver ?

Je n’ai pas appelé à la guerre civile comme certains l’ont dit. Ils ont soit coupé mon intervention soit transformé mes propos.
Je suis issu du milieu rural. Le mouvement des gilets jaunes est parti à l’appel d’Éric, mais il couvait depuis une dizaine d’années. Les personnes issues des milieux ruraux et qui n’étaient pas déconnectées de la société se rendaient bien compte qu’il se passait quelque chose. J’avais averti les politiques.
Je suis toujours connecté et je fais un peu office de thermomètre. Je dis que nous allons à la guerre civile, parce que les gens n’ont pas de retour positif à cette démarche puissante.
Après tous ces morts et ces blessés, les gens se disent que eux aussi, après être canardés, ils vont sortir ce qu’il faut. Et il suffirait d’une personne un peu plus audacieuse ou déterminée, et c’est la catastrophe. Ça peut très vite dégénérer. On l’a bien vu quand un policier a sorti son arme et a mis en joue un manifestant.


Pour vous, suffirait-il d’un petit incident pour mettre définitivement le feu aux poudres ?

Il suffit que les gendarmes tirent sur un manifestant ou qu’un manifestant utilise une arme pour que ça dégénère. On ne va pas se voiler la face, les personnes des banlieues sont calibrées et ont des armes de guerre. Si cela arrivait, ce serait catastrophique.

Les trois responsables des gilets jaunes, Eric Drouet, Benjamin Cauchy et vous ont été pointés par les médias.
Essayez-vous de vous coordonner et de vous parler ?

Benjamin Cauchy était avec moi lors de notre rencontre chez le Premier ministre. Je le connais et je le suis. Je ne cautionne pas son approche qui est proche de Dupont-Aignan. Je considère que nous devons être hors parti politique et hors syndicat. Je ne suis pas trop dans cet esprit-là.
Il semblerait qu’Eric Drouet soit proche de l’extrême gauche. Je le connais aussi. Je l’ai rencontré à deux reprises sur des manifestations à Paris.
Je les respecte tous. Nos ennemis communs sont la finance, le gouvernement et l’oligarchie. Ce sont simplement trois approches différentes.

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03 janvier 2019 à 11:33

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