Le chômage tutoie à nouveau les sommets

En juillet 2017, le nombre d’inscrits en catégorie A (ceux qui n’ont aucun emploi) a bondi de 34.300 (+1 %). Le total (3,51 millions) est à nouveau proche du triste record de février 2016 (3,59 millions).

La hausse est de 1,4 % sur trois mois, période de référence que M. Macron souhaite désormais privilégier pour éliminer les à-coups de l’évolution. En outre, les catégories B et C (activités réduites) ont encore plus fortement progressé (+58.000 pour la première catégorie, +86.000 pour la seconde).

Cette détérioration catastrophique s’explique principalement par l’effondrement du nombre de personnes en formation (catégorie D). M. Hollande, dans une pitoyable tentative pour masquer son bilan, avait doublé le nombre de places en stage (pour une grande part bidon), faisant donc baisser artificiellement le chômage pendant six mois. Ces sans-emploi cachés ont été brutalement remis sur le marché du travail. Août sera sans doute mauvais, ensuite, au vu de la reprise (faible) de la croissance, les chiffres devraient se stabiliser à un niveau médiocre, surtout que la forte diminution des emplois aidés va peser (+150.000 chômeurs de plus sur six mois).

Notons que les chiffres de Pôle emploi semblent contradictoires avec ceux de l’INSEE. Selon cet organisme, au premier trimestre 2017, le taux de chômage aurait fortement baissé (9,6 %) et serait revenu au niveau de juin 2012. Mais ce bon résultat était biaisé par l’explosion des stages et des emplois aidés. Ensuite, par rapport à 2012, les questions posées pour établir ce chiffre ont changé, faisant diminuer artificiellement de 0,5 % à 1 % le nombre de sans-emploi. Enfin, et surtout, les méthodes sont différentes. Pôle emploi indique le nombre de personnes inscrites dans ses fichiers. L’INSEE fait un sondage sur 110.000 personnes et leur demande si elles n’ont pas travaillé, ne serait-ce qu’une heure, pendant une semaine de référence, si elles sont en recherche active d’emploi (il faut vraiment chercher) et si elles sont disponibles dans les quinze jours pour occuper un poste. Avec un seul « non » à une de ces questions, vous n’êtes pas catalogué comme demandeur d’emploi. Cette définition est celle donnée par le Bureau international du travail et permet des comparaisons entre États.

On peut donc être inscrit à Pôle emploi et ne pas être chômeur selon les critères de l'INSEE, car l’inscription à Pôle emploi confère quelques menus avantages. Sont dans ce cas un grand nombre d’étudiants et de personnes qui sont découragées de trouver un emploi, car elles ont l’impression d’être inemployables. Et ne nous leurrons pas, il existe aussi des personnes qui se contentent du RSA et sont, par obligation, sur les fiches de Pôle emploi même si leur nombre est difficile à quantifier. On peut aussi être à temps partiel (avec très peu d’heures) et chercher un vrai emploi. On peut aussi ne pas être satisfait du poste occupé. Et la réciproque est également vraie : des chômeurs selon l’INSEE ne voient pas l’intérêt de passer par la case Pôle emploi souvent inefficace.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois