Cette révolution qui a commencé…
C’est bien d’une révolution qu'il s’agit, celle qui a commencé en douce par la remise en cause du cadre familial traditionnel, de sa stabilité et du statut de ses membres, qui a poursuivi avec la création de nouveaux modes de vie pour les « couples » adaptés aux « orientations sexuelles », et qui a triomphé avec le « mariage » unisexe.
Le fil rouge de cette révolution dont une majorité de Français semblent ignorer l’importance et les conséquences est constitué par deux idées apparemment aussi incontournables qu’elles sont réellement suicidaires. Inscrites sur le fronton de nos mairies, ce sont ces valeurs qui légitiment les « avancées ». La liberté de vivre sa « sexualité » suivant ses désirs, d’avoir des enfants, en dépit des contraintes naturelles, d’un côté, l’égalité entre les hommes et les femmes, entre les « couples » de femmes et même celle de la femme seule à l’égard du couple, de l’autre côté, justifieraient l’extension de la PMA. On ne manquera pas, toutefois, de remarquer que les « couples d’hommes » sont, eux, privés de cette mise à niveau, et qu’il faudrait alors légaliser la gestation pour autrui, afin de « progresser » encore. Le gouvernement a, par tactique, juré ses grands dieux qu’il n’en ferait rien… du moins durant ce mandat.
Malheureusement, les plus zélés des membres de sa majorité n’ont pas hésité, le 3 octobre, à voter un amendement (1591) qui prévoit la retranscription automatique, dans l’état civil français, de tout enfant né d’une convention de gestation pour autrui à l’étranger. Il y a fort à parier que l’inégalité entre la France et certains pays, la possibilité pour les plus fortunés d’y recourir, la complicité de quelques magistrats et le soutien de personnalités médiatiques arracheront la GPA, tôt ou tard, même si le pouvoir fait semblant, par habileté, d’y renoncer maintenant.
Quant à la fraternité, le troisième terme de la devise qui rappelle que la liberté des individus doit s’intégrer à une dimension collective, que le citoyen limite évidemment ses désirs personnels de même qu’il reconnaît une hiérarchie sociale pour le bien commun du groupe - en l’occurrence de la nation -, elle est complètement oubliée car la clef de la révolution suicidaire que nous subissons est l’individualisme roi, le narcissisme absolu, la liberté comme émancipation des caprices, et l’égalité poussée jusqu’à l’absurde. Cette idéologie mortifère piétine l’anthropologie rationnelle, les spécificités naturelles et complémentaires des sexes, que les sociétés ne peuvent nier au risque de se détruire. Ces dimensions anthropologique et collective du débat échappent à la plupart des Français, tant l’idéologie de l’individu roi a envahi tous les cerveaux. Mais même lorsqu’ils en sont prisonniers, beaucoup de Français en perçoivent les contradictions.
Une majorité de Français acceptent l’extension de la PMA selon le désir des individus, mais pour une autre majorité, il est préférable que l’enfant soit élevé par un père et une mère. Le député LREM Touraine répond péremptoirement : « Il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père ». » La brutalité de cette affirmation doit soulever une autre inquiétude. Les partisans apparents de la liberté et de l’égalité ne sont-ils pas, au contraire, leurs pires adversaires ? Ne sont-ils pas en train de privilégier les comportements d’une minorité qui, par son statut social, peut plus que d’autres échapper au besoin de la solidarité familiale ?
Aurore Bergé, dont la fatuité ne connaît plus de limite depuis que son nomadisme politique lui a permis d’atteindre l’Assemblée, se situe déjà dans la société peinte par Huxley. Elle a, toutefois, pour les « procréations charnelles » la tolérance apitoyée des individus de la classe supérieure.
Peut-on nier totalement la nature ? Peut-on vouloir une humanité entièrement construite ? Telle est la question capitale de ce débat. Le christianisme avait réalisé un équilibre harmonieux. Plus notre civilisation, plus notre pays s’en éloigneront jusqu’à la nier, plus le désordre s’installera en transformant notre société en une foule solitaire plus ou moins soumise à une technocratie aveugle sur le long terme. Plus c’est une autre révolution qui risque de s’accomplir, par la démographie puis par la violence.
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