Le cannabis : porte d’entrée dans la schizophrénie

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Pour se disculper d’avoir occulté les relations, depuis longtemps irréfragables, entre le cannabis et la schizophrénie (la folie, au sens commun du terme), ses occulteurs feignent de découvrir des travaux récents révélant cette relation. Sur l’air de « C’est nouveau, ça vient de sortir », ils essaient de faire oublier leur déni qui, en dissimulant ce risque, a recruté tant de drames (c'est-à-dire de victimes).

Ils semblent redécouvrir l’eau chaude. Pourtant, dès 1853, un aliéniste célèbre (on dit, aujourd’hui, psychiatre), Jacques-Joseph Moreau, familier à Paris du « Club des Haschichins », consommait, avec ses amis du mouvement romantique, la « confiture verte » ou « dawamesk », préparée avec du cannabis. Ils présentaient alors les mêmes troubles que ceux qu’il étudiait chez ses patients aliénés. Il synthétisa ses observations dans le livre Du haschisch et de l’aliénation mentale.

Les vrais problèmes surgirent avec le rajeunissement des premiers usages de cette drogue. Ce fut d’abord chez de jeunes militaires américains en garnison en Europe après la Deuxième Guerre mondiale (étude de Tennant et Groesbeck , Arch. Gen. Psychiatry, 1972).

Puis vint l’étude séminale de Sven Andréasson, effectuée sur les 50.000 conscrits de l’armée suédoise de 1971, dont la santé mentale fut suivie pendant dix années. Ces résultats, publiés en 1983, dans la revue médicale internationale The Lancet, montraient que le risque de devenir schizophrène était multiplié par six chez ceux qui avaient fumé plus de cinquante joints (en tout) dans les années ayant précédé la conscription.

Ce fut ensuite l’étude de M.-L. Arseneault, en Nouvelle-Zélande, qui constatait que, sur 1.000 gamins ayant débuté au collège (12-15 ans) une consommation de cannabis, 100 d’entre eux (10 %) étaient schizophrènes à 18 ans.

Ces données terrifiantes auraient dû mobiliser médecins, éducateurs, politiques, si certains ne s’étaient appliqués à les taire, à les relativiser et même à les contester. Ces occulteurs ne peuvent plus nier ce constat d’une responsabilité avérée du cannabis (par son THC) dans le déclenchement de novo de la schizophrénie ou dans la décompensation d’une vulnérabilité à cette affection, et de l’aggravation d’une schizophrénie déclarée. Il existe une énorme surreprésentation de cannabinomanes dans la population des patients schizophrènes relativement à la population générale (dans certaines études, 60 % contre 12 %). On sait la résistance aux traitements antipsychotiques des schizophrènes qui continuent de consommer cette drogue (ce qui allonge leur durée de séjour hospitalier), parfois sous le regard « compréhensif » de psychiatres, qui semblent aussi malades que leurs patients. Le cannabis est aussi incriminé dans les comportements agressifs de schizophrènes, qui défraient épisodiquement la chronique. Ces études multiples se suivent et leurs résultats se ressemblent.

La plus récente d’entre elles, publiée en avril 2018 dans The British Journal of Psychiatry (étude collective dirigée par Antti Mustonen), porte sur 6.534 Finlandais, suivis sur une période de leur vie entre 15 et 30 ans. Elle montre qu’à partir d’une consommation de seulement cinq joints (en tout), le risque de devenir schizophrène, dans la période de vie considérée, a été multiplié d’un facteur 6,5.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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