Ça bouge à gauche. Et à droite ?
Il y a quelques semaines, juste après les primaires de la gauche, j'écrivais dans ces colonnes que, pour pouvoir figurer au second tour de l'élection présidentielle, la gauche n'avait d'autre choix que de faire une alliance la plus large possible. C'est ce à quoi s'est employé Benoît Hamon, ralliant d'abord Yannick Jadot pour les écologistes. Puis, en tentant désespérément, pendant plusieurs semaines, de convaincre Jean-Luc Mélenchon de le rejoindre avec le succès que l'on connaît.
À deux semaines du premier tour de l'élection, force est de constater que la situation politique à gauche, en vue de cette consultation électorale, a largement évolué. En effet, donné en quatrième position avec un score se situant autour de 15 % durant quelques semaines, le candidat du Parti socialiste a vu son capital électoral fondre comme neige au soleil. En cause, un programme qui - c'est le moins que l'on puisse dire - a eu du mal à convaincre son propre camp. En effet, son idée de revenu universel, point fort de sa campagne, n'a pas rencontré le succès qu'il attendait. Il a même provoqué chez certains de ses soutiens un scepticisme évident, voire un rejet pur et simple. En second lieu, les désistements nombreux des ténors de son propre parti, dont celui (loin d'être anecdotique) de Manuel Valls qui, pour la circonstance, n'a pas hésité à renier la parole qu'il avait donnée à l'occasion des primaires de son parti. Enfin, une campagne sans dynamisme ni enthousiasme qui, loin de fédérer, a plutôt eu l'effet inverse. C'est ainsi qu'au moment où la campagne officielle va débuter, Benoît Hamon en est à compter ses troupes et voit son score dans les sondages s'effriter de jour en jour.
À tel point que le leader de la "France insoumise" a désormais largement pris le large, pour pouvoir maintenant se prévaloir d'un résultat qui le mettrait en troisième position, c'est-à-dire devant le candidat controversé de la droite. Cette progression, qui s'inscrit indéniablement dans une dynamique électorale porteuse - selon une expression chère aux sondeurs et aux politologues -, remet donc en avant la possible présence de Jean-Luc Mélenchon au second tour au soir du 23 avril. Ce cas de figure, qui pouvait relever de la politique-fiction il y a encore peu de temps, est donc devenu une réalité parfaitement envisageable. Ce mouvement de fond, rendu possible par la mobilisation d'un électorat de gauche qui n'hésite pas à faire passer les éléments programmatiques des candidats au second plan, au bénéfice d'une stratégie essentiellement basée sur la victoire, explique vraisemblablement ce possible retournement de situation. Ainsi, alors que les candidats de gauche n'ont pu se mettre d'accord sur une possibilité d'alliance électorale, les électeurs putatifs de Hamon et Mélenchon ont choisi de leur forcer la main. Et ce, même si le prix à payer est celui de l'élimination du candidat socialiste officiellement désigné.
Cette nouvelle donne devrait donner à s'interroger à droite. De fait, pas moins de cinq candidats qui représentent, de Marine Le Pen à Jean Lassalle, près de 50 % des intentions de vote risquent-ils, sur la base de divergences programmatiques réelles mais pas insurmontables, de redonner le pouvoir à la gauche pour les cinq prochaines années. Sans doute pour voter, et espérer l'emporter, de nombreux électeurs devront-ils "se boucher le nez". À gauche, ils l'ont déjà parfaitement compris. Reste à espérer qu'à droite, la démarche dans les esprits soit en cours.
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