Bientôt une cellule de soutien psychologique pour le groupe parlementaire LREM ?
Les députés LREM seraient-ils au bord de la crise de nerfs ? Nous n’en sommes manifestement pas loin. De gilets jaunes en coronavirus, marcheuses et marcheurs se sentent de moins en moins écoutés par l’Élysée et de plus en plus confinés à l’Assemblée.
Ceux qui ont la fibre écologiste se sentent floués par les mamours faits aux chasseurs et la perspective d’une éventuelle réindustrialisation du pays. Quant à l’aile libérale de la majorité, elle ne peut que demeurer perplexe devant l’actuelle remise à l’honneur d'un certain colbertisme gouvernemental. De même, les partisans d’une immigration sans frontières sont gênés aux entournures par le tour de vis annoncé en matière de droit d’asile, alors que les adeptes de la méthode forte jugent que les annonces en la matière demeurent bien floues.
Avec la loi de « sécurité globale », le trouble atteint des sommets. Citée par Le Point de ce 27 novembre, une députée macroniste reconnaît : « Je crains l’utilisation de cette loi par un régime autoritaire à l’avenir, j’ai du mal à être favorable à ce texte. » Le problème, c’est que le texte en question est, justement, le fruit des réflexions du groupe LREM, même si aussi initié par la place Beauvau.
D’où un autre problème consistant en la perpétuelle agitation du ministre de l’Intérieur, toujours selon les mêmes sources. À en croire un proche d’Emmanuel Macron, « ce qui a énervé les députés, c’est la libre interprétation de Gérald Darmanin sur le texte, et particulièrement de l’article 24 [celui relatif au floutage des visages des policiers, NDLR]. » Ainsi s’agirait-il d’une promesse faite par ce dernier aux syndicats de police, mais dont il n’était pas, à l’origine, fait mention dans ce texte législatif.
Malgré son jeune âge, Gérald Darmanin est un vieux renard et ce n’est pas pour rien qu’il a fait ses classes avec un autre reître en politique, Nicolas Sarkozy ; lequel avait, d’ailleurs, été à bonne école avec Jacques Chirac, son premier mentor. Bref, une fois de plus, les pimpants élus macronistes découvrent la cruauté du monde politicien. Et l’un d’eux de faire mine de réinventer la roue en s’étonnant : « Darmanin travaille pour son propre public, pas pour l’intérêt général ni Emmanuel Macron et encore moins LREM. » Un homme politique qui jouerait perso ? Ça serait du jamais-vu.
Mais, au fait, Gérald Darmanin travaille-t-il véritablement pour Gérald Darmanin ? Il est permis d’en douter, sachant qu’il s’est précipité pour saisir l’IGPN, la police des polices, dans l’affaire de l’évacuation des immigrés clandestins de la place de la République, à Paris ; ce que son « public » n’a dû que modérément apprécier. Pour tout arranger, alors que la loi de « sécurité globale » est au cœur de la tourmente, c’est maintenant le Premier ministre Jean Castex qui se mêle de la partie en proposant la nomination d’une commission indépendante chargée d’en réécrire le fameux article 24…
Que les jeunes pousses du parti présidentiel soient des amateurs, la cause est entendue. Que l’exemple puisse également venir de haut l’est tout autant. Ainsi, Rémy Buisine, journaliste du site Brut, très en pointe dans les luttes sociétales, et lui aussi bousculé par les forces de l’ordre lors de cette évacuation, aurait été discrètement et personnellement reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron. Voilà qui ne devrait pas aider à clarifier la situation.
Une chance, pour le gouvernement, que Christophe Castaner soit chargé, en tant que président du groupe parlementaire LREM, de remettre un peu d’ordre dans des troupes déjà bien malmenées. Il est vrai que, dans le registre de l’apaisement et de la cellule de soutien psychologique, l’homme ne manque pas de lettres de noblesse.
En d’autres mots, le navire tangue. Avant de couler ?
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