Benjamin Griveaux voudra-t-il voir Vesoul ?

Place du Palais, Vesoul
Place du Palais, Vesoul

Benjamin-Blaise Griveaux, dit Benjamin Griveaux, est candidat à la mairie de Paris. On le saura. Une commission d’investiture de La République en marche s’est réunie très sérieusement, un beau matin de juillet, et l’a désigné pour porter la bonne nouvelle dans la « plus belle ville du monde ». Interdit de penser une seule seconde que la décision a pu être prise sous des lambris plus prestigieux.

Benjamin-Blaise Griveaux, ce n’est pas n’importe qui. C’est notamment quelqu’un qui a subi une attaque mécanisée de la force jaune, une triste après-midi de janvier. La République aurait pu vaciller. Dieu merci, Benjamin-Blaise était là. Il avait dû, alors, quitter précipitamment son ministère afin d’organiser ailleurs la résistance. Ce jour-là, en sortant par la porte de derrière, il entrait vivant dans l’Histoire, celle avec un grand H. Indéniablement, pour Paris, il faut un personnage de cette ampleur, épaisseur, profondeur et hauteur.

Benjamin-Blaise Griveaux, dit Benjamin Griveaux, n’est pas candidat à la mairie de Saint-Rémy, bourgade de 6.000 habitants en Saône-et-Loire, dont il est natif. Ni même de Chalon-sur-Saône, où il fut naguère conseil général. « À nous deux, maintenant ! », s’exclama Rastignac, contemplant Paris depuis les hauteurs du Père-Lachaise. Les historiographes nous révéleront sans doute un jour des paroles du même tonneau sorties de la bouche de notre Bourguignon, parisien de père en fils depuis 2017. À la descente du TGV ? Dans un embouteillage, porte d’Italie ?

Ainsi donc, Benjamin Griveaux est candidat à la mairie de Paris, pas à celle de Saint-Rémy et encore moins à celle de Vesoul (Haute-Saône). Que vient faire Vesoul ici ? Le Point vient de révéler les propos en privé (comme quoi, dès qu’on parle en présence de plus de deux personnes, aujourd’hui, on est certain que tout le canton, voire plus, sera au courant sous 24 heures) de l’aspirant-maire au sujet de cette campagne des municipales à Paris : « C’est pas la cantonale de Vesoul ! Vous croyez qu’on tricote ? » C’est-à-dire ? Il peut développer plus; le Benjamin-Blaise ? Car on n’imagine pas une seule seconde que ce fils de notaire de province a un quelconque mépris pour la politique locale, celle qui fait la page deux de la PQR (presse quotidienne régionale), entre le compte rendu du bal des pompiers et l’inauguration du rond-point François-Mitterrand, face le Auchan. Ce n’est pas possible, pas imaginable. Pas ça chez un hiérarque de la Macronie. Cela dit, les élus (LR) du canton de Vesoul, Sylvie Manière et Thomas Oudot, ont tout de même réagi. « Il [Benjamin Griveaux] aurait beaucoup à apprendre d’une campagne à Vesoul. » Quant au maire LR de Vesoul, Alain Chrétien, il a invité l’ancien porte-parole du gouvernement à venir dans sa ville. L’occasion, peut-être, pour le sémillant candidat de rencontrer des gens qui fument des clopes et roulent au diesel.

Mais Benjamin-Blaise Griveaux, pompon-flingueur de la Macronie, voudra-t-il voir Vesoul ? A-t-il horreur de tous les flonflons, de la valse musette et de l’accordéon, toutes choses qui ont depuis longtemps quitté Paris ? Chauffe, Benjamin, chauffe…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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