Banale histoire de pastèque : quand Olivier Véran traumatise la gauche de progrès
À haute dose, l’anti-lepénisme peut rendre nigaud. Ainsi, invité par Darius Rochebin, ce 24 juillet, sur LCI, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a-t-il renvoyé les députés de la NUPES à leur qualité de « gauche pastèque » ; c’est-à-dire « verts dehors et rouges dedans ». Et le même d’affiner son propos : « C’est surtout la LFI post-trotskisme avec un peu de vernis écolo autour, dont il y a beaucoup de spécimens à l'Assemblée. »
Sans grande surprise, une partie de la gauche s’est aussitôt insurgée au motif que l’auteur de ce bon mot n’était autre qu’un certain Jean-Marie Le Pen, en 1989. De l’eau a, depuis, passé sous les ponts, mais ces gens-là sont de grands sensibles. À quand une cellule de soutien psychologique afin qu’ils puissent surmonter pareil trauma, dans l’espoir d’ensuite se reconstruire ?
En attendant, les smartphones chauffent. D’où cette valse de tweets indignés pour la moins réjouissante, comme celui de Françoise Degois (ancienne numéro deux du service politique de France Inter) :
Quand #Veran fait du Jean Marie #LePen dans le texte, celui qui avait inventé l’expression de “gauche pastèque”. Parler de “spécimens” comme si nous étions au zoo, dit tout du mépris souverain des macronistes . Je le redis : tant de morgue nous mène à un désastre. https://t.co/yHWsfa2Ufb
— francoise degois (@francoisedegois) July 25, 2022
David Cormand (député européen EELV) : « Trop marrant. Pour votre gouverne, la vanne a 33 ans, et elle est de Jean-Marie Le Pen. » Devoir de mémoire, quand tu nous tiens. Manuel Bompard (député LFI-NUPES des Bouches-du-Rhône) : « Quelqu’un peut lui dire que cette expression a été inventée par Jean-Marie Le Pen ? » T’inquiète, Manu, tes collègues s’en sont déjà manifestement chargés. Benjamin Lucas (député NUPES des Yvelines) : « Si l’extrême droite n’était pas aux portes du pouvoir par leur faute [celle de Macron, NDLR], ce serait seulement pathétique. Là, c’est dramatique. » Dramatique… c’est le mot.
Dramatique, en effet, car ce n’est pas ici le mot qu’on juge, mais celui qui l’a jadis prononcé. Ce qui coupe, de fait, à toute forme de débat politique digne de ce nom. Jean-Marie Le Pen évoquait aussi les problèmes d’immigration et d’insécurité. Celui qui, aujourd’hui, s’inquièterait de l’insécurité et de l’immigration, serait-il donc un suppôt de la Bête de Montretout ? Il y a fort à parier qu’un jour, le même Jean-Marie Le Pen a pu aussi se risquer à dire que, généralement, il faisait plus chaud en été qu’en hiver. Qu’adviendrait-il alors de celui qui reprendrait à son compte une telle assertion ? La mise à l’écart de « l’arc républicain », sans doute…
Alors, tous des « pastèques », ces braves élus ? Peut-être pas. Mais des courges, assurément.
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