Elles sont au moins trois députées RN, Anaïs Sabatini (Var), Laurence Robert-Dehaut (Haute-Marne) et Christine Engrand (Pas-de-Calais), à avoir reçu, hier soir, dans la soirée, des appels des plus inquiétants. « Un de vos proches est actuellement aux urgences de l’hôpital de X, merci de bien vouloir venir au plus vite... » Des appels malveillants avec a priori un objectif : forcer les signataires de la motion référendaire (les députés du RN, donc) à quitter l’Hémicycle avant l’appel de la motion.

« L’objectif était de pousser une ou deux députées signataires de la motion à ne pas être présentes au moment de l’appel de la motion et, donc, à en entraîner la chute », a réagi Marine Le Pen dans la salle des Quatre-Colonnes, ce matin, à l’Assemblée nationale. En effet, si un ou plusieurs signataires d’une motion référendaire est absent au moment de l’appel, le règlement de l’Assemblée nationale prévoit un rejet complet du texte sans passer par un vote. « C’est d’une bassesse inimaginable », réagit la députée de Haute-Marne Laurence Robert-Dehaut, dont l’équipe a fait le tour des hôpitaux de la région pour vérifier l’information. Rassurée, l’élue haute-marnaise est retournée en séance et a appris que deux autres de ses collègues avaient vécu la même mésaventure.

La manœuvre a choqué jusque dans les rangs de la majorité. La présidente de la commission des affaires sociales, Fadila Khattabi (Renaissance), a pris la parole dans l’Hémicycle hier soir pour soutenir Marine Le Pen : « Nous sommes plusieurs députés à avoir reçu des lettres d’intimidation porteuses de menaces contre notre famille et nos enfants, ce qui est absolument scandaleux !, s’est exclamée l’élue de Côte-d'Or. Dans une République libre et démocratique, les parlementaires n’ont pas à subir de telles pressions au sujet des textes qu’ils examinent. » Un député du groupe RN ironise : « En plus, c’est très sexiste de s’imaginer que seules les femmes seraient sensibles au sort de leurs enfants. Je constate que mes collègues pères de famille n’ont pas été appelés. » L’élue du Pas-de-Calais Caroline Parmentier note « une opération bien montée puisque les prétendus hôpitaux étaient ceux des lieux d’habitation des (députées) concernées ».

Dans l’entourage de Marine Le Pen, on annonce vouloir saisir le procureur de la République et on prévient qu'un dépôt de plainte au nom du groupe du RN sera fait dans la journée. Il s’ajoutera « aux plaintes individuelles des députés concernés », précise l’élue pyrénéenne du RN Anaïs Sabatini. « L’Assemblée nationale sera aux côtés de chaque député menacé. C’est gravissime, honteux et indigne », a réagi, pour sa part, la présidente Braun-Pivet, qui a aussi déploré les tags d’un portail et de la statue sur la place du palais Bourbon par les militantes Rosies d’Attac emmenées par… l’eurodéputée LFI Manon Aubry.

Mais qui est l’auteur de ces appels ? Un canular extérieur à l’Assemblée ? Une manœuvre de la majorité ? De la gauche ? « Je constate que les appels ont eu lieu pendant la suspension de séance, pendant laquelle seule la NUPES avait déserté l’Hémicycle », pointe Anaïs Sabatini.

Si les manœuvres politiques et la tactique cynique ont toujours régné dans les coulisses de l’Assemblée nationale, celle-ci est particulièrement basse. Dans un contexte parlementaire tendu, alors qu’ont débuté hier les débats sur la réforme des retraites, la présidente de l’Assemblée nationale a eu bien de la peine à calmer les esprits d’une NUPES surchauffée. Une ambiance qui avait forcé le ministre du Travail Olivier Dussopt à s’y reprendre à cinq fois avant de commencer son discours. Paradoxalement, le calme était revenu au moment du vote de la motion référendaire du RN qui devait intervenir après une suspension de séance demandée par la NUPES… Laquelle n’est pas retournée siéger. Ainsi, si la motion référendaire du RN a pu être défendue du fait de la présence de tous les députés signataires, elle aura été massivement rejetée par 272 voix contre 101. Outre les voix du RN, la motion a bénéficié du soutien de quelques députés du groupe LIOT emmenés par leur président, le député de la Meuse Bertrand Pancher.

Une défaite comptable plus aigre-douce qu’amère pour le Rassemblement national qui aura finalement réussi sa démonstration : lorsque les députés de Marine Le Pen votent les textes sans se soucier de l’origine de l’émetteur (ils ont, ainsi, voté la motion de rejet préalable portée par la NUPES), la réciproque n’est jamais vraie. Ainsi, le vice-président de l’Assemblée Sébastien Chenu a vivement critiqué « les députés fantômes de la NUPES », absents au moment du vote de la motion référendaire. Pareils à ces invités gênants dont chaque convive se renvoie la responsabilité de l’invitation en oubliant qu’ils sont là et entendent tout, ils laissent la majorité et la NUPES se renvoyer la responsabilité de celui qui fait le jeu de l’extrême droite. Le RN n’ignore pas qu’en entretenant ce débat, ses adversaires font précisément son jeu.

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07 février 2023 à 20:31

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38 commentaires

  1. Quelle bassesse immonde de ce qui semble être désespérément une manœuvre florentine de la Nupes LFI ennemi irréconciliable du RN. D’ailleurs la Nupes ne sert qu’à brailler, bordéliser et manque de rigueur parlementaire en plus d’être un parti anti-France.

  2. La totalité  de ce débat n’est qu’une pantomime convenue, tout le monde connaît l’issue de ce spectacle déshonorant dont  seule une motions de censure permettrai de sortir honorablement, mais dont personne ne veut par peur de la dissolution qui entraînera la perte d’une place confortable et super bien rémunérée. La démocratie touche ses limites.

  3. Il devrait être possible de localiser les appels entrants et sortants de l’Assemblée Nationale et de les corréler de manière précise aux interruptions de séances. Il faut absolument que l’affaire soit élucidée et ne se reproduise plus.

  4. Procédés purement bolcheviques.
    Techniquement, il ne devrait pas être très compliqué à des professionnels gigs de remonter jusqu’à ou aux auteurs de ce « canular » de très mauvais goût, sauf si « on » possède l’humour d’un membre de la secte Nupes, tel des Garrido-Corbière !

  5. Le procédé est écœurant, et disons le mot : dégueulasse ! Si un responsable est identifié, sa peine devrait être la privation à vie de droits civiques.

  6. Immonde, ce chantage à la peur et aux enfants ! Il faut vraiment avoir l’esprit complètement tordu pour inventer ça. Les NUPES sont-ils des tordus ? Il semble bien.

  7. Il faut faire la lumière sur cette histoire. Les députés RN dérangent, car ils font leur boulot à l’inverse de la NUPES qui ne sait que brailler, comme Boyard et Panot. Deux exemples, qui mettent en évidence le manque de professionnalisme de la NUPES . Dans cette histoire , qui aurait été le bénéficiaire du rejet de la motion portée par le RN ?? Je ne vois que la NUPES ….

  8. La Nupes joue un jeu dangereux pour la démocratie. Je souhaite que ses electeurs se réveillent. Ce parti n’est que bordélisation comme le dit Darmanin il est anti France.

    1. N’espérez pas trop. Les plus fidèles sympathisants de la Nupes siègent dans la magistrature.

  9. Ceux qui ont osé faire ça (on se doute bien qui c’est) sont-ils des voyous ? des mafiosi ? des fascistes ? tout à la fois, probablement.

  10. 1°) cela prouve que les députés du RN ne sont pas aussi sots que l’on prétend,
    2°) dans ce qui a été dit par la député Renaissance, Mme Fadila Khattabi, je ne trouve rien qui puisse laisser penser qu’elle a soutenu d’une manière ou d’une autre Mme Le Pen.

  11. Il y a longtemps que les fondements de cette république des copains, copines sont bafoués, un peu plus, un peu moins, tout cela n’est que politique politicienne. Pour le moment il n’y a pas mort d’homme ou de femme d’ailleurs, les morts se comptent par centaines dans les rues du cadavre France depuis les premiers attentats islamique, là est la vérité.

  12. Quelle bassesse déciément rien ne les arrête dans leur délire .Ces gens me donnent la nausée.

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