Arras : l’homme qui s’est interposé déclare avoir fait son « devoir de Français »

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Le 13 octobre dernier, Dominique Bernard était assassiné à Arras lors d'un dramatique attentat. Une tragédie qui, comme cela arrive parfois, aura eu le mérite de faire émerger un héros. Après Arnaud Beltrame ou encore Henri d'Anselme, c'est Christian, agent d'entretien au lycée Gambetta, qui a eu le courage de chercher à s'interposer entre l'assaillant et ses potentielles victimes. Muni d'une chaise, l'homme s'est élancé vers le terroriste afin d'essayer d'empêcher d'autres drames. « Je suis redescendu, j’ai vu l’assaillant qui était encore avec le prof, j’ai pris une chaise, sans réfléchir, je suis sorti, et je suis allé au contact de l’assaillant en croyant qu’il n’avait qu’un couteau », explique-t-il ainsi au micro de BFM TV.

Un magnifique acte de bravoure, que Christian considère comme naturel : « Beaucoup de personne m'ont dit "tu as fait une belle action, une bonne action", mais non. Pour moi, non. J'ai fait mon devoir de Français qui a fait son possible pour éloigner l'agresseur. » Des paroles poignantes, qui fleurent bon un patriotisme devenu si rare aujourd'hui.

Tous n'ont pas été émus de la même manière par ce saisissant discours du « héros d'Arras ». À commencer par les journalistes eux-mêmes, qui ont reformulé en des termes plus acceptables cette déclaration bien patriote. « Selon lui, il a juste fait son devoir de citoyen », explique, monotone, la voix off de BFM TV.

Citoyen, Français... la différence est-elle si importante ? Il se trouve, en effet, que chaque terme bien précis a été choisi par les deux parties, et le sens n'est en réalité pas le même. Si le citoyen est un statut relatif à la République, le Français renvoie à quelque chose de bien plus profond. Non plus à une institution mais bien à un pays. Ce n'est plus quelque chose d'extérieur, qui change au fil des régimes, mais bien quelque chose d'intérieur, de vécu. Être citoyen est un droit, être français est une attache. Cette attache a trait au cœur, et c'est bien le cœur qui a guidé Christian, lorsqu'il a mis sa collègue enceinte en sécurité, lorsqu'il s'est jeté dans l'arène pour maîtriser l'assaillant. C'est en Français qu'il a témoigné auprès de BFM TV après avoir accompli son acte. Différence notable, soit dit en passant, le Français a bien plus le sens du devoir que de ses droits, et c'est en homme de devoir que Christian a agi. Son droit, c'était de rester en sécurité. S'il avait été un citoyen lambda, Christian aurait exercé ses droits.

Pour BFM TV, comme pour bien d'autres, la différence semble mince, voire inexistante, entre ces deux notions. Et pourtant, cette bravoure rend honneur à la France éternelle, et non à la République qui peine toujours davantage à protéger ses citoyens.

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Insinuez-vous que les journalistes français (de BFM et d’ailleurs) pourraient nous mentir? les bras m’en tombent.

  2. Comment se fait-il que les agents d’entretien ou autre ne soient munis de TASER ou bien de bombe lacrymogène ?

  3. La symbolique et la résistance : ne pourrait-on rappeler au Monsieur « voix off », que Charles de Gaulle, dans son « Appel du 18 juin » évoquait plutôt…la France ?

  4. Ce Monsieur aura peut-être la Légion d’ honneur ( il se peut qu’il la refuse…) . Pour une fois, elle serait méritée ( même si Napoléon ne l’avait pas trévue comme une récommpense « pour les gens qu’on aime bien » comme c’est , hélas, devenu le cas ). La simplicité de ce M. et le sens de sa citoyenneté ( mot non galvaudé ici _ avec toutes ces « démarches citoyennes »_ etc) sont exemplaires.

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