Au Royaume-Uni, l’actualité rappelle l’affaire Vincent Lambert. Ce lundi 1er août, la Justice a tranché le cas d’Archie Battersbee, un garçon de 12 ans retrouvé chez lui inconscient le 7 avril et, depuis, hospitalisé à Londres. Il n’a toujours pas retrouvé connaissance.

Les parents et le personnel de l’hôpital se sont très vite affrontés sur la question de poursuivre ou non le traitement. Par une décision du 13 juin, les juges de la Haute Cour de Londres ont décidé qu’Archie étant en état de mort cérébrale, le traitement qui le maintenait en vie pouvait être arrêté. Les parents, souhaitant donner une chance à leur fils, assurent qu’il donne des signes de vie et essaie de respirer seul. Une nouvelle audience présidée par un autre juge a été obtenue mais, dans une décision du 15 juillet, la Justice a confirmé la première décision, qui sera encore confirmée par la Cour d’appel le 25 juillet.

Les parents ont par la suite saisi le Comité des droits des personnes handicapées des Nations unies qui a demandé au gouvernement britannique de « s’abstenir de retirer à Archie tout traitement de maintien en vie » afin de lui laisser le temps d’étudier le dossier.

Mais ce lundi 1er août, la Cour d’appel a refusé de retarder l’arrêt des soins. Les juges passent donc outre la demande du Comité au motif que le traité signé par le Royaume-Uni « ne fait pas partie de la loi du Royaume-Uni » . Le lendemain, la Cour suprême du Royaume-Uni a rejeté l’appel des parents et l'arrêt des soins a été programmé pour ce mercredi à la mi-journée. En désespoir de cause, les parents se sont tournés vers la Cour européenne des droits de l’homme, quelques heures avant l'arrêt. La CEDH a jugé, ce mercredi soir, leur requête irrecevable.

Les Britanniques se passionnent pour le sujet sur les réseaux sociaux avec des groupes Facebook intitulés « Archie Battersbee Army » ou encore « Support for Archie Battersbee’s family ».

Ce n’est pas la première fois qu’une telle affaire secoue le Royaume-Uni. En 2017, l’affaire Charlie Gard avait eu un retentissement international. Cet enfant né le 4 août 2016 était atteint d’une maladie génétique neurodégénérative rare. Alors qu’il était âgé de moins d’un an, les médecins du Great Ormond Street Hospital, hôpital londonien, avaient refusé la demande des parents de le faire transférer dans un hôpital à New York où un traitement expérimental pouvait lui être proposé. L’enfant est mort le 28 juillet 2017 après les saisines de toutes les juridictions britanniques et même de la Cour européenne des droits de l’homme. Le retentissement mondial fut tel que des personnalités comme Donald Trump, alors récemment investi président des États-Unis, ou encore le pape François s’étaient exprimées sur ce cas. Des mesures concrètes avaient été proposées pour accueillir l’enfant dans un hôpital où il serait soigné : octroi du statut de résident permanent ou de la citoyenneté. Plusieurs hôpitaux pouvaient accueillir l’enfant : le New York Presbyterian Hospital, l’hôpital presbytérien de Hirano à New York et l’hôpital Bambino Gesu de Rome.

L’année suivante, en 2018, l’affaire Alfie Evans avait eu autant de retentissement. Cet enfant né le 9 mai 2016 était atteint d’une maladie neurodégénérative rare. En décembre 2016, il est hospitalisé ; en décembre 2017, l’hôpital décide d’arrêter son maintien en vie. L’enfant mourra le 28 avril 2018 après des réactions internationales : l’hôpital Bambino Gesu étant prêt à accueillir l’enfant, le ministère des Affaires étrangères italien avait octroyé à Alfie la nationalité italienne et un hélicoptère était mis à disposition pour faciliter son transfert. Les juges britanniques ont interdit aux parents d’Alfie de faire sortir leur enfant du territoire britannique.

Aujourd’hui, l’euthanasie est considérée comme un crime au Royaume-Uni : la sanction peut atteindre 14 ans de prison. La bataille autour de l'euthanasie traverse les frontières.

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04 août 2022 à 13:20

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2 commentaires

  1. mettre un doigt dans ‘engrenage de l’euthanasie ne présage rien de bon, à moyen terme, pour le vieil oncle à héritage

  2. Pour ma part, je pense que l’acharnement thérapeutique consistant à maintenir dans un semblant de vie un être cliniquement mort est une torture inhumaine. Bravo donc à ceux qui ont décidé d’abréger les souffrances de ce gamin malgré les difficultés juridiques.

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