Aquarius : Emmanuel Macron fait l’autruche sur la plage de Brégançon

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Décidément, depuis l'affaire Benalla et le ratage de sa com', le silence et l'attentisme semblent être devenus les pivots de la communication d'Emmanuel Macron dès qu'un problème un peu sérieux se présente, comme on le constate depuis deux jours pour ce deuxième épisode de l'Aquarius. Le changement est criant par rapport à la première opération du navire de SOS Méditerranée en juin. Tous les acteurs de la pièce – comédie de la communication ? Tragédie ? Mais de qui ? - reprennent exactement les mêmes rôles : Matteo Salvini défendant la position claire de l'Italie, la gauche française retrouvant son costume préféré de l'ouverture totale, toujours aussi insoucieuse des appels d'air qu'elle crée ainsi. Un seul acteur a changé de rôle : le Président français. Alors qu'il s'était ridiculisé en critiquant d'abord l'Italie, tout en refusant d'accueillir le navire, il avait ensuite reculé sur ces deux points.

Dernière touche à cette position illisible : il avait félicité le Premier ministre espagnol dans son rôle de leader de la gauche pro-migrants.

Mais les Français, outre l'inconséquence virevoltante du Président, avaient bien noté le résultat : 75 migrants accueillis, dont 44 Soudanais mis à l'honneur par Martine Aubry.

Comme l'a remarqué Georges Michel, l'Aquarius réussit à ressusciter la gauche naphtalinée : après Martine Aubry au début du mois, c'est au tour de Jean-Claude Gayssot... Et, une fois sortie de l'armoire, cette gauche ne se prive pas d'assener ses vérités. Un texte signé par une vingtaine de ses représentants les plus prestigieux parmi lesquels Olivier Faure, les anciens ministres Stéphane Le Foll et Najat Vallaud-Belkacem, mais aussi Anne Hidalgo et Martine Aubry, nous a prévenus : "Il y aura d'autres Aquarius."

Ben oui, on s'en doutait, et c'est bien là le problème, dont les Français sont bien plus conscients que leurs dirigeants. Et si les Italiens en sont arrivés à soutenir la position ferme de Matteo Salvini, c'est que l'Italie, des Aquarius, elle en a reçu par milliers, en dix ans. Sans parler des autres voies d'immigration en Europe.

Autre point d'accord entre cette gauche irresponsable et la droite française : la dénonciation du silence d'Emmanuel Macron. Pour Éric Coquerel, de La France insoumise, ce silence est "pitoyable et honteux". Pour les Français et la droite, pour qui Matteo Salvini est devenu un modèle (voyez, par exemple, les tweets du jeune Erik Tegnér, candidat à la présidence des Jeunes Républicains), il est au mieux hypocrite.

On comprend que le Président Macron soit vraiment gêné aux entournures : les électeurs LR et RN sont, selon un sondage IFOP pour Atlantico de juin, à plus de 80 % opposés à l'accostage des Aquarius (respectivement à 84 % et 93 %). Faut-il aussi préciser que cela signifie, dans leur esprit, "et à l'arrivée en France", avec tout ce que cela implique, de ses passagers ! Si le Président croit duper une fois de plus cet électorat par son silence alors que la saynète se termine toujours par un large accueil des migrants en question, il se trompe sur le degré de patience et d'insouciance de l'électorat de droite. En effet, il a décidé in fine, après ses négociations avec Malte, d'accueillir 60 migrants. Mais il y a une autre catégorie politique qui se trompe sur les attentes de son électorat, c'est cette gauche mélencho-aubryste. Avec sa surenchère irresponsable sur l'ouverture migratoire, elle ignore les véritables attentes de ses électeurs sur cette question. En effet, le même sondage indique que cet électorat de gauche est, en fait, très divisé et, n'en déplaise aux Gayssot et Aubry de service, 51 % des électeurs de La France insoumise, 41 % de ceux du PS et 58 % de LREM sont aussi opposés à l'accueil de l'Aquarius. Et il y a peu de chance que la répétition des psychodrames savamment orchestrés autour de l'Aquarius fassent baisser ces chiffres.

Il faudra bien, un jour, que les autruches relèvent la tête. Même sur la plage de Brégançon.

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