Après Pif, l’entretien du Parisien : l’opération sauvetage d’Emmanuel Macron ?

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L’entretien accordé par Emmanuel Macron aux lecteurs du Parisien, ce dimanche ? Voilà qui ressemble bigrement à une opération de sauvetage ; ce que confirme à mots couverts Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions de ce quotidien, quant à l’impopularité du Président en titre : « C’est avoir la mémoire courte, oublier les chutes de Hollande ou Sarkozy dans les baromètres et, avant eux, Mitterrand et Giscard. »

À ce détail près : jamais un Président de la Cinquième n’a été haï à ce point. Certes, il y eut le général de Gaulle, mais pour des raisons relevant plus de la grande Histoire : sa politique algérienne expliquant, sans pour autant les justifier, les tentatives d’assassinat dont il fut la cible. Rien à voir, donc, avec le matraquage des gilets jaunes, les règlementations ubuesques de la période Covid ou cette réforme des retraites à laquelle personne ne comprend plus rien et probablement même pas ceux qui l’ont conçue.

Une opération de sauvetage qui tourne ainsi à l’exercice de contrition, façon réunion des Alcooliques anonymes. À ce titre, le choix du Parisien n’a rien d’anodin, s’agissant du quotidien populaire par excellence. Les chargés de communication de l’Élysée ont manifestement bien fait leur travail. La causerie aurait eu lieu avec des lecteurs des Échos ou de L’Opinion, ça aurait fait plus « people » et moins « peuple ». D’où ce simulacre d’introspection quant à la réforme en question : « Pour moi, le premier élément qui n’a pas fonctionné est qu’on n’ait pas installé l’idée qu’il y avait besoin de faire cette réforme. […] Il y a trop de bavardage dans le système. Peut-être que j’aurais dû plus me mouiller. » Ou de l’art de refaire le match.

Et d’aussitôt se poser en victime, sachant qu’il ne peut plus faire un pas hors du Château sans être accueilli à grands coups de casseroles, tout en conservant une vague posture jupitérienne : « Quand vous avez des gens qui sont là uniquement pour couvrir votre voix, voire vous jeter des choses, ce n’est plus une contestation, cela s’appelle de l’incivisme. » Pauvre petit bouchon.

Mais, pour impressionnés qu’ils soient par le décorum de cette salle réservée au Conseil des ministres, les lecteurs de ce quotidien ne se laissent pas démonter plus que ça ; d’où cette question relative à l’immigration. Un certain Jean-Pierre, donc : « Sur ce sujet, on nous dit qu’on va intégrer plus de gens et en même temps fermer davantage le pays. Vous prônez l’entre-deux ? »

La réponse du premier des Français vaut son poids de noix de cajou : « Le "en même temps" n’est pas une ambiguïté. Quand vous êtes attaqué en stéréo, ceux qui disent qu’il est trop mou et ceux qui clament qu’il est affreux ! Vivez ma vie. Le roman national, c’est que nous sommes un grand pays avec une certaine idée de lui-même et de l’universel. » Certes, ce n’est pas très clair ; mais autrement plus limpide est cette affirmation : « La France est une terre d’immigration depuis des siècles. » Première nouvelle, mais puisqu’il le dit...

D’ailleurs, le texte sur ce sujet au cœur des préoccupations de millions de nos compatriotes devrait faire l’objet d’un texte unique et non point d’un « saucissonnage » de circonstance. Pour ce faire, poursuit Emmanuel Macron, « la Première ministre (sic) est en train de regarder avec les différents partis ». Rassemblement national y compris ? Le Président ne le dit pas, se contentant de cette énigmatique réponse : « Je ne sais pas vous dire quel sera le chemin... » Une feuille de route que n’éclaire pas cette autre déclaration sur la suite de son mandat : « Nous avons un cap : l’indépendance et la justice. Comme disait Clemenceau, il faut savoir ce que l’on veut, avoir le courage de le dire et quand on le dit, avoir le courage de le faire. Ce qui m’importe, c’est que le pays avance. »

Mais vers quelle direction ? Et là, en fin d’entretien, la question qui fâche : Marine Le Pen. Emmanuel Macron joue d’abord les matamores : « Je l’ai battue deux fois. » Avant de se raviser : « Je dis juste une chose, Marine Le Pen arrivera au pouvoir si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou de déni du réel. » Bingo ! C’est précisément ce qu’il fait depuis 2017.

Bref, une opération de sauvetage à la Macron qui n’est pas sans évoquer celles censées venir au secours du Titanic. Il était plus convaincant lorsque interrogé, ce 20 février, par les jeunes lecteurs de Pif.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

28 commentaires

  1. De toutes façons on sait qu’il ne dit jamais rien d’interessant et de fiable! Alors Le Parisien ne se fait pas une bonne pub!

  2. Changer de cap tous les jours risque de faire perdre la tête à la girouette. Et Macron continue à macroner en brassant de l’air comme une éolienne.

  3. « Il y a trop de bavardage dans le système « , nous dit-il. Un premier éclair de lucidité ? On n’ose y croire.

  4. Manifestement, la terre d’immigration ne s’est pas gênée pour virer les Arabes par le passé, faut qu’il explique le changement de cap.

  5. Macron dans « Le Parisien »…
    « Le Parisien », combien de lecteurs, et surtout, combien de subventions ?
    Et Pif, Paf, Pouf, je vais entourlouper, et même mieux, tromper « mes sujets » par une litanie de promesses et de mensonges aussi gros les uns que les autres.

  6. Attention tout de même, on arrive au mois de mai de sinistre souvenir ! Rappelez-vous, il y a 55 ans… c’était mai 68. Des casseroles pour se mettre en appétit peut-être ?

  7. L’incivisme ? On s’étrangle en entendant cela .Et traiter les non vaccinés d’emmerdeurs c’était civique ???
    (surtout quand on sait maintenant que ce vaccin ne vaccinait pas et était dangereux )Un comble !

    • En revenant au vaccin, des scientifiques, dont le docteur Sabatier, expliquent que l’ARN messager continue à produire des protéines spike qui restent souvent dans l’organisme ce qui diminuent l’efficacité du système immunitaire, provoquent un état inflammatoire avec accélération du vieillissement qu’on appelle ‘l’inflammaging ».

  8. « Je dis juste une chose, Marine Le Pen arrivera au pouvoir si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou de déni du réel. » Les deux ‘si’ contenus dans la phrase ne servent à rien, ce n’est pas une prédiction mais plutôt un cahier des charges et là, il l’a parfaitement rempli.

  9. Mais non, monsieur Macron, la France n’est PAS une terre d’immigration depuis des siècles. C’est un mensonge. Je ne veux pas vous traiter de menteur ( inutile d’envoyer vos commandos anti-terroristes chez moi demain à l’aube ) mais puis-je vous suggérer de vous intéresser un tout petit peu à l’histoire de notre pays et du peuple que nous sommes ? Je sais, je sais, c’est un effort violent que je vous demande.

  10. Bla-bla-bla ! Nous, français, n’avons pas encore compris qu’il est trop intelligent et qu’il doit « mouiller » sa chemise pour nous ré-expliquer la réforme des retraites et qu’il serait temps de passer à autre chose ! Il est tellement intelligent qu’il a déconstruit la France pour satisfaire sa nurse allemande ! Monsieur récolte ce qu’il a semé ! C’est vraiment un halluciné ! J’en veux aux 58% qui ont voté pour cet énergumène, aux abstentionnistes, aux gauchistes, n’en rajoutons plus ! Pour une non-violente, j’en ai la rage au ventre !

  11. Macron veut aller à la rencontre des Français pour débattre avec eux. Faudrait savoir, des fois il a envie des les « emmerder », des fois il veut parler avec eux…Opération enfumage. On a déjà donné…
    Il serait mécontent de son gouvernement, parait-il. Ben c’est lui qui les a choisis… Il se replie sur son cercle de « fidèles » et il rappellerait ses premiers conseillers. C’est à dire ceux qui sont à l’origine de la crise des gilets jaunes. ça promet…

  12. Nous en avons plus qu’assez des pleurnicheries de nos dirigeants, qui se sentent mal aimés !
    Macron n’était pas obligé de se représenter, en promettant tout et son contraire.
    Si nous ne sommes pas assez bien pour nos gouvernants, qu’ils s’en aillent !

    • Je relève plusieurs passages de son entretien au Parisien parce qu’elles valent son pesant de cacahuètes :
       » le en même temps n’est pas une ambiguïté « ,  » je dis juste une chose , Marine Le Pen arrivera au pouvoir si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou de déni du réel « .
      Son cas , décidément relève de la psychiatrie

  13. Ce président est malade. Il dit tout est son contraire cet imbu personnage. Il ment depuis 6 ans, c’est un autocrate et il nous prend pour des imbéciles. Il vit dans le déni permanent comme sa justice.
    J’espère que ses 18 millions d’électeurs ne sont pas comme lui.

    • Ils sont obligatoirement comme lui puisqu’ils ont revoté pour lui malgré ses résultats lamentables.

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