Entre les pubs glamour de bagagerie et vêtements de luxe, les photos de femmes fatales et les idées de week-end dans les palaces du bout du monde, les pages les plus célèbres de Madame Figaro sont sans doute celles des Triplés : trois charmants bambins, deux garçons et une fille très BCBG qui, depuis que Nicole Lambert leur a donné vie en 1983, enchantent les lectrices de leurs farces et bons mots.

Et pourtant… la lectrice doit aujourd’hui se poser la question : les triplés sont-ils « bien élevés », comme on disait autrefois ? Pas sûr du tout. La preuve : dans l’interview qu’ils ont accordée au magazine en 2018, on apprenait que leur « plus grosse bêtise de vacances » avait été, pour les garçons d’« arroser les filles qui prennent leur bain de soleil », pour la petite fille de « piétiner les châteaux de sable de [s]es frères ».

Difficile de faire plus sexiste et genré comme comportement, on en conviendra. Mais c’était il y a bientôt cinq ans et les larmes de MeToo ont, depuis, coulé dans les eaux du wokisme. Et voilà donc Madame Figaro saisie elle aussi par la crise qui démange toute la société.

C’est sur la page du 20 avril dernier, un papier signé Sophie Carquain : « Comment rendre mon enfant plus féministe ? ». Grave question, en effet, car, nous dit-elle, « un enfant sur cinq est confronté au sexisme ». Alors, elle nous explique « comment les sensibiliser dès le plus jeune âge ».

Première piste : « cultiver l’amitié mixte ». Plus question de parler de son « amoureux » à la maternelle, où même dès la crèche, quand « les parents s'extasient sur les soi-disant "petits couples" ». Attention, danger !  « Si nous érotisons (sic !) leurs relations, nous créons d'emblée une norme hétérosexuelle qui entache les relations homme-femme… »

Deuxième point : « Halte au "body negative" », parce qu’en anglais, c’est toujours mieux. Comprenez qu’il ne faut faire aucune remarque aux petites filles sur leur apparence car « à force de juger les femmes sur leur physique, on leur fait croire qu'une fille est d'abord un corps. En outre, on crée des complexes chez les filles, pour qui la mauvaise image de soi a des répercussions sur l’estime de soi. » Et comme chacun sait, les pages et reportages de Madame Figaro ne font jamais la promotion de l’apparence et du consumérisme chic pour femmes friquées…

Toujours en français dans le texte, il convient également de « lutter contre le boyspreading ». Comprenez ici que la dame milite pour les cours d’école dégenrées. Alors, il faut aider « nos filles à prendre leur place dans l'espace public, à faire du foot, des courses d'orientation. Suggérons à nos fils d'intégrer des filles dans leurs équipes. »

Autre consigne : « Respectons leurs désirs. Pas envie de faire un bisou ? Plus faim à table ? On n'insiste pas (sic), et on valide leurs choix sans pour autant les rendre mal élevés. » Là, on se dit que Sophie Carquain n’a pas lu l’excellente interview de Caroline Goldman sur « les dérives de l’éducation positive », papier qui voisine pourtant avec le sien… Elle préfère les tartes à la crème du type « encourager nos fils à investir le féminin » (en portant du rose, par exemple) ou « dégenrer les émotions ». Etc.

L’accueil des lecteurs à cette prose est plus que critique, pointant le glissement du Figaro « vers le boboïsme de centre mou… » De fait, on s’étonne d’un tel accès de langue de bois niaiseuse dans un magazine « féminin » qui décline ses rubriques entre défilés de mode, bijoux, tendances mariage et autres croisières pour voyage de noce hétéro…

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24 avril 2023 à 14:21

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26 commentaires

  1. Lorsque nous n’auront plus les moyens de nous payer du gaz, de l’électricité et de quoi manger et que nous devrons nous défendre contre les prédateurs, toutes ces niaiseries passeront au second plan.
    Faudra avoir des mâles, des vrais, pour défendre son bien et des femmes qui reprendront leur place de mère nourricière.

  2. Le Figaro Madame n’est lu que par les boboïdes très « in », très « fashion », et dont le « modern’style » consiste à simuler de la bienveillante compréhension envers les idées nouvelles…Pas sûr qu’elles apprécient pour autant l’arrivée de rejetons de la « diversité » dans l’école de leurs enfants…

  3. Rien d’étonnant ! Il faut oublier Le Figaro! Parce que leur esprit éditorial libre et critique a disparu, et parce que la liberté d’expression contestant le pouvoir en place et la bien-pensance bobo-woke par commentaires Internet n’est plus respectée.

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