Après Crépol, la loi du silence : personne n’ose dénoncer le meurtrier

« C’est une erreur. Ça contribue à la stigmatisation du quartier », réagit Marie-Hélène Thoraval.
@BV
@BV

« De toute façon, il y a tout le monde qui sait, à Romans… » Seize mois après le meurtre de Thomas à Crépol (Drôme), l’enquête se poursuit, mais aucun meurtrier présumé n’a, pour l’heure, été identifié. Pourtant, à la Monnaie, l’un des quartiers de Romans-sur-Isère d’où sont originaires plusieurs suspects, un nom serait sur toutes les lèvres. Seulement, personne n’ose le livrer à la police. « Tout Romans sait qui a tué Thomas Perotto, mais personne ne parlera. Les gamins ne veulent pas balancer », explique ainsi une habitante du quartier, à nos confrères du Dauphiné libéré. Dans le quartier, la loi du silence s’impose. Personne n’ose franchir le pas de la dénonciation, par crainte d’être taxé de « poucaves », d’être banni des groupes d’amitié ou du quartier ou, pire, de devenir la cible de représailles… Les quatorze suspects, eux-mêmes, pourtant mis en examen pour homicide volontaire et tentatives d’homicides volontaires en bande organisée, gardent le silence. Et ce, malgré les suppliques de leurs mères qui leur demandent de se désolidariser afin d’éviter qu’ils ne soient condamnés pour des faits qu’ils n’auraient pas commis.

« C'est une erreur »

Mis sur écoute, ces mis en cause semblent toutefois connaître l’identité du meurtrier. Comme le révèlent certaines de ces écoutes, publiées dans le livre qui vient de paraître ce 19 mars sur le drame de Crépol (Une nuit en France, anatomie du fait divers qui a déchiré le pays, Grasset), Chaïd, l’un des suspects, déclare ainsi à l’un de ses amis : « Frérot, t’as compris, [les policiers] sont allés sur la bonne piste. » Ce à quoi son interlocuteur lui répond : « C’est bien celui que je pense ? » La réponse est sans appel : « Normalement oui, tu as dû entendre. De toute façon, il y a tout le monde qui sait. » Chaïd finira même par livrer l’initiale d’un jeune homme, déjà dans le collimateur des forces de l’ordre. De son côté, l’individu en question continue de clamer son innocence. Mais ni Chaïd ni les autres mis en cause n’ont, à ce stade, formellement livré l’identité du meurtrier.

Les auteurs de ce livre ont également constaté ce silence lors de leurs déplacements, comme ils le confient au Nouvel Obs : « Tout le monde croit savoir ! Et ce qui est très impressionnant, c’est que tout le monde se tait. [...] La pression du groupe est très forte. » « Si les jeunes acceptent de prendre 15 ans de prison alors qu’ils ne sont pas les auteurs du coup de couteau, force à eux… », soupire un éducateur de ma Monnaie dans les colonnes du Dauphiné libéré.

Cette omerta qui règne entre les suspects et au cœur du quartier de la Monnaie exaspère Marie-Hélène Thoraval, maire divers droite de Romans-sur-Isère. Contactée par BV, l’édile ne semble pas « étonnée » par un tel comportement mais le déplore. « C’est vraiment dommage, c’est une erreur. Ça contribue à la stigmatisation du quartier », réagit-elle. Marie-Hélène Thoraval voit même dans « ce comportement de ne pas vouloir dire la vérité, une question culturelle… » « C’est dommage, répète-t-elle. Ils gagneraient à donner le nom et dire la vérité. » L’élue invite donc les personnes en possession d’informations sur le drame de Crépol à venir trouver les forces de l’ordre pour qu'enfin la lumière soit faite sur cette affaire. Sur X, Thibaut Monnier, député Identité-Libertés de la Drôme, dénonce lui aussi cette attitude : « La solidarité communautaire fait régner la loi du silence. Certains préfèrent même la prison plutôt que de faire éclater la vérité et rendre justice à Thomas. Et si la victime avait été issue de la même communauté et du même quartier, qu’en aurait-il été ? »

La Monnaie ne fait pas exception. Dans de nombreux quartiers dits « sensibles », ou « communautaires », selon l'expression de Marie-Hélène Thoraval, l’emprise des trafics et la solidarité communautaire imposent la loi du silence. Pour les habitants de ces quartiers, aider la police revient à s’exposer à des représailles. Dès lors, plutôt que de rendre justice aux victimes, beaucoup préfèrent se taire…

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Mais qui disposait de couteaux à ce bal? plus besoins de chercher qui voulait « planter » qui. Le racisme anti blanc est clairement établi, le reste c’est le triste constat qu’un jeune homme est mort, tué par arme blanche.

  2. Cette révision à peine voilée des faits, est l’expression du mépris du parisianisme envers tous les provinciaux.

  3. Lire la réaction de la maire de Romans sur Isère.
    Et l’association des victimes de Crépol qui vont aller devant la justice contre les auteurs du livre .

  4. Il ne me semble pas que cette abominable affaire de crime raciste n’a pas été jugée. Donc, comment se fait-il dans une démocratie, dans un pays où la justice serait intègre et au service des victimes, ces gens là ont-ils eu accès à toutes ces informations et, cerise sur le gâteau, publier des informations auxquelles même la famille de la pauvre victime innocente n’a pas accès. Serions nous dans un pays corrompu avec une justice et des médias d’Etat corrompus ? Des médias islamo gôcho qui tiendraient lieu de tribunal ? J’ai envie de dire : « Staline, sors de ce corps » !

  5. Dans un autre pays les 14 inculpés seraient déjà jugés et mis tous ensemble sous les verrous jusqu’à perpète. Hélas, trois fois hélas, sur notre sol, les juges en ont décidé autrement. Et parce que l’auteur ne s’est pas dénoncé, ils sont libres comme l’air !! Va comprendre Charles ! ou plutôt « il n’y a rien à comprendre en Absurdie » , tout est normal ………..

  6. il faut donner les vrais prénoms de ces assassins , Madame la Maire Marie Hélène Thoraval est très courageuse face à ces voyous qui menacent une élue de la République.

    • Les prénoms Damien Rieu, les a donnés.
      Bilan , il a été arrêté par la police pour une enquête.
      Alors que dans le quartier tout le monde sait qui a perpétré le forfait

  7. J’ai comme un doute, peut on penser que la police connait le meurtrier, peut être oui peut être que non. J’ai ma petite idée. Bientôt ce seront les victimes qu’on accusera il y a déjà des précédents grâce aux NFP.

    • Je pense également que la vérité est connue et peut-être depuis le début, mais pas divulguée faute de preuves ou par crainte d’un embrasement des « quartiers ». L’inversion accusatoire, quant à elle, est désormais utilisée au quotidien par la gauche, les victimes (quand elles sont Blanches) sont les coupables et les coupables (quand ils sont « racisés ») sont les vraies victimes. On finira par déclarer que la mort de Thomas est purement accidentelle et qu’elle s’inscrit dans le cadre de la légitime défense d’individus racisés face au suprémacisme blanc. Comme on ne peut pas juger un mort (Thomas dans le cas présent), le dossier doit être classé sans suite. Fin de l’histoire.

    • Le PV cache démontre que la justice marche sur des oeufs par lâcheté et peur. Dans un état ou son chef joue les gros bras envers la Russie et se couche face à l’Algérie rien d’étonnant.

    • Bien sur que la police connaît le nom du meutrier qui n’a sans doute pas un casier vierge. Mais sans preuve formelle, il lui est difficile d’agir. Quant à ce qu’il soit dénoncé… Entre avoir des remerciements et un bonbon de la part d’un juge, ou finir brûlé dans le coffre d’une voiture volée… Le choix est vite fait. Et puis si le ”meurtrier » est pris on trouvera bien le moyen de démontrer qu’il était tranquillement en train de se curer les ongles avec son couteau dans un coin du bal quand Thomas est venu malencontreusement s’empaler dessus, et qu’il ne s’agit que d’un deplorable accident dont le jeune rugbyman est le seul responsable…

  8. Damien Rieu a été auditionné aujourd’hui par la Division du crime organisé (DCOS) pour avoir défendu votre droit à la vérité en révélant les noms des accusés du meurtre de THOMAS à CRÉPOL.
         

  9. Personne n’ose dénoncer le meurtrier ? Je doute vraiment que la police ne connaisse pas, et depuis longtemps, l’identité de celui qui a porté le coup mortel. Une telle information, probablement détenue par beaucoup de gens a forcément été divulguée par au moins une personne.
    Si on se tait, la raison peut être double, d’une part la police et la justice savent pertinemment que pour faire un procès et parvenir à une condamnation, il faut un dossier en béton armé, car ces gens ont des avocats talentueux qui vont se battre sur la forme. Le moindre détail pourrait invalider tout un travail d’enquête et d’instruction long et fastidieux.
    D’autre part, il y a la crainte de la réaction des quartiers, un arrestation comme celle-là ferait un raffut médiatique considérable, probablement relayé par certains partis politiques qui y verraient, une fois encore, le moyen de se faire le défenseur des quartiers sensibles et des jeunes stigmatisés par la police, tout en mettant le pays dans une situation de tension extrême. On se souvient des émeutes de 2023, peu de personnes, politiques ou autres, souhaitent voir le pays entrer dans un nouveau cycle de violence et encore moins en porter la responsabilité. Le chantage à la violence fonctionne à merveille et les délinquants l’ont fort bien compris.

    • Ils ont surtout compris que malgré nos beaux discours, nous sommes un pays de couards, qui se croit le meilleur, le plus intelligent (j’ai entendu ça aujourd’hui sur un plateau de CNews…) qui donne des leçons au monde entier, et qui tremble de peur devant des petites racailles de banlieue.

  10. Qu’ils prennent cher – très cher – comme le suggère l’article, pour complicité. Ils en ont besoin, être écartés de toutes façons, n’ayant que très peu compris le fonctionnement de la société.

    • Ils ne « prendront » rien, aucune peine, comme d’habitude. En France on protège les racailles, et les victimes sont coupables. Il n’y a plus rien à espérer de notre justice ni de ceux qui gouvernent.

  11. De toute façon ils savent tois qu’ils ne feront pas quinze ans de prison vu le fonctionnement de la justice dans ce pays et c’est pour ça qu’ils ne parleront pas .

  12. Entre condamner un seul assassin à 20 ans de prison ( parcequ’il est  » jeune ») qui n’en ferait que la moitie et en condamner 10 à 15 ans pour 15 ans donc pour 7 ou 8 ans parcequ’ils se taisent..c’est peut être mieux..

      • Condamner ? Commençons par tous les politiques qui ont permis cela dans le pays que ce soit par manque de courage ou par intérêt voir les deux

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Qui va protéger les policiers qui protègent les pompiers ?
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois