Antoine Baudino, collaborateur de Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône, s’est adressé à plusieurs entreprises marseillaises afin d’obtenir des devis pour des visières de protection et en équiper les commerçants de son secteur. Il s’est heurté au refus d’une société (Make It Marseille), prétextant ne pas partager les mêmes valeurs que le Rassemblement national.

Explications au micro de Boulevard Voltaire.

 

Une entreprise a donc refusé de vous fournir du matériel en raison de votre étiquette politique. Comment avez-vous réagi et y a-t-il eu d’autres échanges ?

Je travaille pour Stéphane Ravier, maire des 13e et 14e arrondissements de cette ville jusqu’en 2017 et aujourd’hui sénateur de Marseille. Évidemment, je travaille en étroite collaboration avec la mairie des 13e et 14e arrondissements. Comme un peu toutes les mairies, nous sommes laissés à l’abandon et livrés à nous-mêmes par l’État dans cette crise sanitaire. Nous cherchons par tous les moyens comment protéger notre population du Covid-19. Nous explorons toutes les pistes. Nous essayons d’acheter des masques et de distribuer des denrées alimentaires aux plus fragiles.
De mon initiative personnelle, j’ai fait réaliser quelques devis pour des vitres de protection. J’ai donc demandé plusieurs devis à des entreprises des Bouches-du-Rhône. Toutes, m’ont répondu sauf une. Cette dernière m’a répondu qu’elle ne partageait pas les valeurs du RN et ne souhaitait pas collaborer à nos actions. J’ai été évidemment très scandalisé et choqué de cette réponse.
J’en ai parlé à Stéphane Ravier et Sandrine d’Angio, la maire du secteur et nous sommes tous d’accord pour ne pas laisser passer. Nous estimons que ce comportement est inadmissible et presque inhumain. On refuse de protéger des gens parce que leur territoire est administré par une équipe qui a une couleur politique. C’est quasiment inhumain. Nous voulons mettre cela sur la place publique parce que nous voulons que les gens sachent qui dirige et quelles sont les valeurs de Make It Marseille. Les valeurs de Make It Marseille sont de protéger les gens, oui, mais uniquement s’ils ont mis le bon bulletin dans l’urne.
J’ai répondu à leur mail en leur disant que leur réponse pouvait tomber sous le coup de la loi et que je ne manquerais pas d’y donner toutes les suites possibles y compris les suites judiciaires. Je suis d’ailleurs en ce moment même en train d’en discuter avec mon avocat.

Que révèle cette crise sur les fractures idéologiques et sur la notion d’Union nationale ?

Je pense que l’Union nationale existe autour des médecins, de tous les soignants dans les hôpitaux, des pompiers, des caissiers, des livreurs et de tous ceux qui permettent au pays de fonctionner même pendant cette grave crise sanitaire. Cette Union nationale là existe. Mais ce comportement sectaire qu’a eu le président de Make It Marseille est inquiétant. Si cette personne-là était justement médecin, infirmier, soignant ou pompier, demanderait-il à une personne avant de lui sauver la vie pour qui elle a voté à la dernière élection ? Je trouve ce sectarisme est très inquiétant. Habituellement, il n’existe qu’à gauche. Ce phénomène est révélateur de gens qui sont totalement fermés et qui ne voient que par leur petit prisme idéologique, au lieu de voir l’intérêt général et de voir que l’Union nationale nous rassemble dans cette crise sanitaire. C’est faire passer l’intérêt de chacun avant son propre intérêt.
Cette crise sanitaire est un moment terrible. Il y a plus de 20 000 morts en France et des gens meurent seuls loin de leurs proches parce qu’on a peur qu’ils infectent d’autres personnes.
Mais c’est aussi un moment magnifique où on retient de très beaux témoignages de solidarité partout en France. Des initiatives sont mises en place pour venir en aide aux plus fragiles. On a le meilleur, mais aussi le pire. Le pire, c’est ce sectarisme de Make It Marseille.

Sur Facebook, vous avez réagi aux heurts qui éclatent dans certains quartiers. Comment percevez-vous l’issue de ce confinement ?

Depuis ce week-end, dans beaucoup de banlieues des émeutes et des scènes de guerre ont éclaté.
Des gens attaquent au mortier la police et les pompiers. Cette petite racaille instrumentalise un banal accident de la route qui a eu lieu en fin de semaine dernière. Rappelons que ce petit accident implique ce que les médias appellent « un jeune de 30 ans » qui a déjà 14 condamnations sur son dossier. Il est d’ailleurs en instance de procès pour menace de mort avec un hachoir. Ce n’est pas une petite victime innocente.
Le but de toutes ces racailles est d’obtenir l’immunité judiciaire. Ils veulent mettre une présomption de culpabilité sur leurs actions à chaque intervention de la police. Ce n’est pas vrai.
La plupart du temps, les policiers sont extrêmement professionnels et se défendent. Pendant les émeutes de 2005 en banlieue, l’attitude des policiers français est exemplaire et saluée par tous les Français.
Depuis quelques jours, Christophe Castaner et le journal Le Monde essaient de mettre ces émeutes sur le dos du confinement. Les policiers vont être très heureux d’apprendre qu’ils ne sont jamais attaqués en dehors de la période du confinement.
Le sinistre Didier Lallement, qui est déjà célèbre pour tirer au LBD sur tout ce qui porte un gilet jaune et pour faire la traque à la moindre personne qui sort sans son attestation, a fait passer la consigne d’éviter le contact avec des perturbateurs. Les perturbateurs sont ceux qui attaquent les policiers. En d’autres termes, cela signifie que le préfet de police de Paris vient de donner un permis de détruire, de piller, d’attaquer les policiers et d’agresser les pompiers à toutes les petites racailles qui se baladent dans les rues des banlieues de France. C’est exactement cette immunité judiciaire que veulent atteindre les racailles et les jeunes de banlieues.
On ne va donc pas leur envoyer la police. On ne va pas les réprimer durement comme on devrait le faire depuis des décennies. On ne va pas envoyer les forces de police en nombre et en force dans ces quartiers-là. Discutez avec des policiers et ils vous diront que c’est juste une question d’ordre. Si on leur donne l’ordre demain de ramener le calme dans ces quartiers-là, cela leur prendra une demi-journée. Toutes les racailles qui les attaquent actuellement seront toutes derrière les barreaux. C’est là qu’est leur place.
Pour répondre à votre question, du point de vue sécuritaire, cela me paraît extrêmement dangereux.
Ils vont dire qu’il y a eu la provocation avec l’accident de la route de samedi dernier et demain c’est le début du ramadan. Il va y avoir mot compte double, islamophobie en plus. J’ai très peur pour les policiers de France qui vont intervenir dans ces quartiers-là. Ils n’auront même pas le droit de se défendre parce que le ministre de l’Intérieur prend la défense et donne des excuses à tous ceux qui les agressent et le préfet de police interdit qu’on les touche.
Je pense que l’on va au-devant de graves troubles dans toutes les banlieues de France.

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24 avril 2020 à 12:12

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