Anasse Kazib, le candidat dissident du NPA, soutenu par Assa Traoré et Jean-Marc Rouillan

anasse kazib

Il est certains esprits qui crient au fascisme quand Éric Zemmour ou Marine Le Pen briguent la fonction suprême, mais qui ne s'émeuvent pas qu'un candidat dissident du Nouveau Parti anticapitaliste soit soutenu par Jean-Marc Rouillan, ex-membre d'Action directe. C'est ce que nous révèle, cette semaine, l'hebdomadaire Marianne.

Anasse Kazib – un candidat « révolutionnaire », « issu de l'immigration », peut-on lire sur le site de Révolution permanente – a tout pour plaire à la gauche extrême. Cheminot, marxiste et syndicaliste chez SUD Rail, il porte les couleurs d'un courant du NPA qui dénonce la ligne politique du parti, « engagée dans un tournant à droite » : ne s'est-il pas compromis avec la gauche institutionnelle, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, en s'alliant, pour les régionales, à La France insoumise ? Présenter Olivier Besancenot et Philippe Poutou comme des collaborateurs du système ne manque pas de sel, mais on sait que ces dissensions internes entre révolutionnaires font partie de leur histoire.

Le Courant communiste révolutionnaire a publié, le 2 novembre, une vidéo présentant des personnalités qui soutiennent cette candidature. On y trouve Assa Traoré, la sœur d'Adama Traoré, et Jean-Marc Rouillan, cofondateur du groupe Action directe, qui fut amnistié par François Mitterrand. Ce soutien d'Anasse Kazib avait salué « le courage avec lequel se sont battus les terroristes du 13 novembre, dans les rues de Paris, en sachant qu’il y avait près de 3.000 flics autour d’eux ». Il fait l'éloge d'« une candidature de rupture », saluant « un discours internationaliste », véritablement « prolétarien », et regrette qu'aujourd'hui, « tout le monde [aille] dans l'institutionnel, dans le ronron, dans le Bisounours. »

Anasse Kazib n'est pas seulement le héraut de la gauche révolutionnaire, c'est aussi le chouchou des médias. Il est vrai qu'il a l'avantage d'être fils d'un immigré marocain et d'allier des idées très radicales à une faconde intarissable et des propos directs, qui changent de la langue de bois des leaders syndicaux. Il est souvent invité sur les plateaux, ce qui a contribué à sa notoriété. On a pu le voir aux « Grandes Gueules », sur RMC, et il participe à l'émission « Touche pas à mon poste ! », sur C8. Cerise sur le gâteau : invité de la Midinale de Regards, le 25 octobre dernier, il a déclaré qu'il était « le cauchemar de l'extrême droite » et trouve que « Zemmour revendique une France qui n’est pas la [sienne] ». De quoi lui ouvrir toutes les portes.

Sans doute son pourcentage de voix sera-t-il infinitésimal, à supposer qu'il obtienne ses 500 signatures d'élus, même s'il répète que sa candidature n'est pas une candidature de témoignage. La concurrence est rude, à l'extrême gauche, mais il y croit dur comme fer et ce n'est pas la modestie qui l'étouffe : « C’est ma première candidature quand ça sera la troisième pour Nathalie Arthaud et Philippe Poutou. On connaît leur discours. » La bien-pensance médiatique, qui a un faible pour la gauche et frétille devant un révolutionnaire, ne semble pas gênée de son soutien encombrant ni de son discours. Tout lui est permis, tant qu'il critique Zemmour : c'est un brevet de bonne conduite !

 

 

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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