À Nîmes, on déménage les écoliers après l’usage d’armes de guerre par les racailles dans le quartier !

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Nîmes et ses arènes, la gloire de l’Empire romain, la Maison Carrée, la tour Magne, le pont du Gard et ses oliviers millénaires… Nîmes, une ville d’art et d’histoire… et de drôles d’histoires, parfois.

L’Empire romain a sombré dans la déliquescence, rongé de l’intérieur, dit-on, par la corruption des mœurs et les « barbares ». Le poisson a pourri par la tête. La gangrène a gagné toutes les couches de la population.

À Nîmes, les prestigieux vestiges ne cachent pas la misère. Troisième ville la plus peuplée d’Occitanie, derrière Toulouse et Montpellier, Nîmes bat des records. Elle est la sixième ville la plus pauvre de France, explique Le Midi libre. Avec une très forte population d'origine immigrée, on y est plus jeune, moins qualifié et plus pauvre qu’en moyenne nationale : 14 % de la population totale est aux minima sociaux, contre 4 % au niveau régional et 2 % au niveau national (INSEE). Alors, il y a « les quartiers », terme qui, depuis des décennies, désigne ces coins de relégation urbaine où se concentrent tous les maux et les trafics. Ainsi celui du Chemin-bas d'Avignon.

Labellisé « quartier défavorisé », le Chemin-bas d'Avignon a pourtant reçu tout ce qui a pu exister en matière d’aides publiques. Or, si l’on en croit l’article de Wikipédia qui lui est consacré, le quartier « souffre plus que d’autres d’une insécurité quotidienne et d’une délinquance enracinée » et « connaît depuis quelques années une dégradation importante de ses conditions de sécurité », ce qui lui a valu l’attention particulière du ministère de l’Intérieur sous le gouvernement Hollande, et son classement en zone de sécurité prioritaire en 2013, permettant l’octroi de policiers supplémentaires au secteur.

Autant d’attentions nécessaires mais, à l’évidence, insuffisantes puisque les fusillades se succèdent au Chemin-bas d’Avignon, entraînant – c’est une première ! – la « délocalisation » des écoles maternelle et primaire « après l'utilisation d'armes de guerre dans ce quartier », rapporte Le Parisien.

Par souci de sécurité, les bambins ont été exportés vers des lieux plus cléments, histoire de « sécuriser les enfants et les familles », a dit Mme le maire dans un communiqué. On connaissait la phase 1, celle des territoires perdus de la République. Voilà donc la phase 2 : les territoires d’où s’enfuit la République.

Les événements de ces jours derniers en ont apporté une preuve supplémentaire : les voyous sont, dans ce pays, mieux armés que les forces de l’ordre. Surtout, ils n’hésitent pas à faire usage de leur matériel. Un jeune homme de 20 ans ayant été abattu dans la rue, dimanche soir dernier, les habitants du quartier ont vu débarquer, le lendemain, des hommes « aux visages dissimulés par des cagoules et munis d'armes automatiques, des individus venus de l'extérieur du quartier ». Comme à Dijon...

Déjà, en 2016, les enseignants de ce groupe scolaire avaient débrayé après avoir relevé onze impacts de balles sur les murs et fenêtres de l’école.

Le Chemin-bas d’Avignon est gangrené par le trafic de drogue, dit la voix officielle. Dans le monde des Bisounours où nous vivons, on continue de nourrir le membre gangrené et on coupe ce qui est encore sain.

On peut fuir, délocaliser les petits enfants… Inutile, c’est trop tard. La gangrène nous court après, elle nous a rattrapés. C’est la chute de l’Empire romain qui recommence.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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