6 janvier, fête de l’Épiphanie, « des mages venus d’Orient »

noel rois mages

Alors que nous nous remettons peu à peu des festivités de fin d’année, nous commençons une nouvelle période de réjouissances qui débute dans nos églises et qui finit autour de la table. Ainsi le 6 janvier, les catholiques de France vont célébrer la fête de l’Épiphanie en souvenir de la visite des mages auprès de Jésus-Christ. À cette occasion, de nombreux Français dégusteront une délicieuse galette des rois. Mais comment ces voyageurs, décrits par saint Matthieu comme de simples « mages venus d’Orient » (Matthieu 2, 1-15), sont-ils devenus les rois mages de l’Occident ?

Revenons à la toute première mention faite dans la Bible. Étonnamment, sur les quatre Évangiles qui composent le Nouveau Testament, seul celui de saint Matthieu mentionne la présence de « mages venus d’Orient » demandant à Hérode où voir « le roi des Juifs qui vient de naître » avant de remettre au divin enfant « de l’or, de l’encens et de la myrrhe » et de « regagner leur pays par un autre chemin » afin qu’Hérode le Grand ne puisse connaître l’emplacement du Messie et qu’il ne le tue. Une situation qui poussa le cruel souverain à commettre le terrible massacre des saint Innocents. Ainsi s’arrête la liste des informations fournies par les Évangiles quant à l’identité de ces mystérieux voyageurs. Mais comment ces derniers sont-ils devenus nos fameux rois mages dont le nombre, la couleur de peau, les prénoms nous sont connus aujourd’hui ?

Le statut royal des mages ainsi que leur nombre de trois figurent dans les écrits des premiers théologiens de l’Église. En effet, dans certains textes, ces sages sont décrits comme « presque rois » en raison de paroles dites dans le livre des Psaumes et comprises comme des prophéties sur la naissance du Christ, « Les rois de Tarsis et des îles amèneront des offrandes, les rois de Séba et de Saba apporteront leur tribut » (Ps 72-10), ainsi que dans le Livre d’Isaïe « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore » (Isaïe 12).

Le nombre des mages fut simplement déterminé en fonction des trois présents faits au Christ, des offrandes révélatrices de la nature de cet enfant né dans une simple étable. En effet, l’or est un don digne d’un roi pour celui dont la « royauté n’est pas de ce monde » (Jean 18-30), quand l’encens renvoie à la nature divine du nourrisson et la myrrhe, substance utilisée lors des embaumements, préfigure et prophétise la Passion.

Les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar apparaissent, quant à eux, dans des textes du VIIIe siècle et proclament que ces mages auraient été des souverains des royaumes de Perse, d’Arabie et d’Inde. Une argumentation qui rentre parfois en collision avec les écrits de Bède le Vénérable (672-735), un moine anglais, affirmant que les rois mages seraient des représentants des trois continents connus à l’époque du Christ ainsi que des différentes étapes de la vie des hommes afin de prouver l’universalisme du christianisme au peuple du monde. Ainsi Gaspard, jeune roi imberbe au teint halé, devint le représentant de l’Asie, Balthazar, noir de peau et à la barbe foisonnante, celui de l’Afrique et Melchior, à la chevelure et à la pilosité blanche preuve de son grand âge, celui de l’Europe.

Cette iconographie construite au fil des premiers siècles du christianisme et pleine de symboles fut très vite adoptée et reproduite, comme le prouvent certaines fresques de l’ère paléochrétienne des catacombes Sainte-Priscille, à Rome. Une représentation artistique qui finit par se standardiser à travers l’histoire du christianisme fixant jusqu’à aujourd’hui l’image actuelle de nos fameux « rois mages ». Un symbole qui n’échappe pas à l’adaptation en musique avec « Les Rois mages » de Sheila, sortie en 1971, ou encore à la parodie à travers le fameux film éponyme des Inconnus, sorti en 2001, qui, derrière le rire et la joie, montre l’attachement et la curiosité de notre civilisation et notre pays à cette tradition. Une tradition, presque aussi vieille que le Christ lui-même, qui est fermement ancrée dans notre culture judéo-chrétienne ainsi que dans nos maisons, par la présence dans la crèche de nos foyers de trois santons, de trois mages venus d’Orient.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/01/2023 à 22:33.
Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Merci pour l’ historique de cette histoire de rois mages.
    Il s’ agit visiblement d’ une histoire inventée, jolie mais sans grand intérêt spirituel, et donc je ne comprends pas votre étonnement de ne pas la voir figurer que dans un seul des 4 évangiles. Le propos de ces livres n’ est pas de rapporter le plus possible de jolies histoires fantastiques.

    Si les 3 mages venaient d Orient, il est bien étrange que l un d’eux fut africain, l’Afrique ne me semblant pas à l’ est de Bethléem. C’est une conception plus qu’ euro centrée de l’ orient !
    Comme vous l’ avez bien souligné cette histoire est évolutive. A notre époque, il faudrait rajouter au moins une reine représentant l’Amérique….

  2. Les trois mages ont été pris dans la « Vie de Pythagore ». La mère de Pythagore a été fécondée par le dieu soleil. Quand il est né, trois mages venus d’Orient ont suivi le chemin montré par les étoiles pour venir le voir. Les catholiques ont donc repris la même histoire pour Jésus.

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