[Tribune] Vaulx-en-Velin, le symbole de nos échecs en matière de sécurité

violence

Presque trois semaines après l’incendie meurtrier de Vaulx-en-Velin qui, rappelons-le, a fait dix morts dont quatre enfants et une vingtaine de blessés, l’enquête se poursuit sans qu’à l’heure actuelle, aucune piste ne soit privilégiée. Ainsi, si le geste criminel n’est toujours pas écarté, celle de l’accident dû à l’utilisation d’un appareil de chauffage reste également tout à fait plausible. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il n’aura pas fallu plus de temps aux dealers déjà très présents sur ce secteur pour revenir en force et reprendre, au grand dam des habitants encore sous le choc, leurs juteuses activités.

Après ce drame, les riverains du Chemin des Barques espéraient pourtant que les pouvoirs publics se saisiraient enfin de cette question et apporteraient une solution définitive à une situation qui dure depuis de nombreuses années. Force est de constater qu’une fois de plus, passées l’émotion et les déclarations tonitruantes des responsables de l’ordre public, rien n’a changé et rien ne changera vraisemblablement avant longtemps.

Face aux interrogations légitimes des familles des victimes et des habitants, les représentants de l’État ont bien tenté de vendre leur bilan de la lutte qu’ils disent mener contre les trafics de stupéfiants. Ainsi ont-ils égrené devant les médias le nombre de consommateurs verbalisés, le nombre de revendeurs interpellés ou bien encore le nombre de policiers désormais impliqués dans cette chasse aux trafics qui pourtant ne diminuent pas.

De fait, en choisissant de s’en prendre aux points de deal connus et aux consommateurs, c’est uniquement à une petite partie émergée de l’iceberg que le ministre de l’Intérieur à décidé de s’attaquer. Cette stratégie, porteuse du point de vue de la communication, est en effet sans aucune efficacité sur le phénomène qui ne cesse de se répandre et se développer. Par ailleurs, extrêmement consommatrice en effectifs et en temps, le retour en termes de sécurité est quasiment nul puisque le champ ainsi laissé libre aux délinquants dans d’autres domaines ne fait qu’aggraver une situation sécuritaire déjà hors de contrôle.

Vaulx-en-Velin fait pourtant partie de ces villes qui ont grandement profité des subventions publiques. À l’issue des émeutes qui y sévirent dans les années 1990, de nombreux plans de réhabilitation et de réaménagement y furent conduits sans que manifestement les résultats n’aient été au rendez-vous. Symbole incontestable de l’échec des politiques de la ville menées depuis quarante ans et emblématique de la gabegie financière induite par ces dernières, c’est vers de nouvelles interrogations qu’il faut se tourner afin de tenter de remédier à une situation qui a déjà fait trop de victimes.

La reconquête de nos quartiers ne se fera pas dans la demi-mesure et sans douleur. Le mal est en effet trop profond pour espérer que de simples opérations de police suffiront à redresser la situation. Pour les quartiers les plus touchés par la criminalité, c’est un plan de reconquête qu’il faudra établir en apportant un traitement policier et judiciaire massif. Des groupes d’interventions polyvalents, placés sous l’autorité directe de magistrats du parquet, devront être mis en place et auront pour mission, dans un cadre juridique particulier, d’œuvrer à l’éradication totale des gangs et des trafics. Et c’est seulement à l’issue de ces actions fortes et déterminées, lesquelles pourront prendre plusieurs mois voire plusieurs années selon le cas, qu’une véritable police de proximité pourra être rétablie dans des lieux où elle n’a aucune chance de réussir aujourd’hui.

Mais il est évident, désormais, qu’une telle démarche ne pourra réussir que si elle est menée conjointement par tous les services de l’État en général, et par la police et la Justice en particulier. Il y a trop d’antagonisme entre les ministères de la Justice et de l’Intérieur pour pouvoir espérer les moindres résultats positifs en matière de lutte contre la délinquance. Pour cette raison, et afin de changer définitivement la donne, la réforme qui consisterait à placer la police judiciaire dans le giron de la Justice devrait apporter à la fois l’efficacité et la sérénité dont notre pays a besoin pour résoudre une question à laquelle aucun de nos gouvernants n’a su apporter de solution.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/01/2023 à 22:23.
Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Malheureusement ,il n’y a pas que Vaulx-en-Velin qui est le symbole des échecs ( et non pas de « NOS » échecs ) . Macron et son gouvernement de godillots sont responsable de la déliquescence de la FRANCE . Et ces situations nous pouvons les observer partout en FRANCE . Et l’insécurité ,il faut arrêter de se voiler la face elle est étroitement liée à l’immigration. La marmite va bientôt leurs péter à la figure ! (Pour rester poli )

  2. S’il s’agit effectivement de lutter tant que possible contre la vente de produits stupéfiants au pied des tours et barres de nos banlieues en déshérence, comment expliquer qu’aucune campagne contre la consommation de drogues ne soit menée? Nous vivons dans un des pays d’Europe champions en la matière, la fumette pour la valetaille, la snifette pour les couches dites supérieures, et ce sans cloisonnement étanche. On se défonce des plus hauts cercles du pouvoir aux couches les moins considérées de la population, de la cocaïne au crack en passant par le cannabis, dans un pays où les campagnes contre l’alcool ont fini par mettre en péril la tradition vinicole sans rien enlever aux usages du « shot » ni des cocktails mêlant alcools forts et sodas chimiques; cependant, rien n’est fait pour dénoncer l’usage courant de drogues influant profondément sur la psyché et jetant les bases d’une économie parallèle qui alimente d’autres trafics et finance même l’implantation d’une société religieuse allogène et ennemie de notre civilisation.

  3. Il faut un plan de reconquête, dites vous justement, M. Damien. Çà me fait penser à Reconquête ! comme c’est bizarre…

  4. Ce n’est pas placer la Police dans le giron de la Justice, mais l’inverse. Avec une justice qui donne outrageusement raison aux trafiquants, comment voulez-vous, qu’il y ait un redressement.

  5. Donnez-moi le ministère de l’Intérieur et le problème est réglé en un mois maximum ; il suffit de donner les bons ordres et museler l’IGPN !

  6. Envoyer l’armée partout pour nettoyer non les quartiers mais le pays . Combien ces populations nous ont elles déjà couté depuis 40 ans et pour quels résultats .l’argent n’a rien arrangé alors on arrêteles frais et on prend les bonnes mesures .

  7. Il faut une présence militaro/policière en permanence, ça ne se fera pas sans heurts ,ni violence , mais c’est le prix à payer pour rétablir l’ordre dans ces quartiers. La justice aussi doit être à la hauteur , terminé les rappels à la loi. La case prison même pour une courte peine. De l’argent a été déversé et très largement, sans résultat. Une minorité sème la zone , et ceux qui veulent vivre tranquille sont soumis à une politique de la peur menée par des bandes de voyous. Hélas , ce n’est pas avec les bisounours qui nous gouvernent que ça changera . Pour preuve Darmanin qui se félicite que seulement 690 voitures soient parties en fumée le soir du 31.

  8. Et surtout y faire débarquer l’Armée, notamment commandos d’élite ayant autorisation de se servir d’armes létales dès la moindre menace de la part des racailles – Marre de voir nos FDO prises pour cibles avec un ministre qui joue constamment d’autosatisfaction se vantant toujours d’avoir évité le pire avec des mesurettes.
    Tant que la racaille ne fait pas face au risque ultime; il n’y aura pas de changement, n’en déplaise au crétins idéalistes !

  9. « À l’issue des émeutes qui y sévir dans les années 1990 » (sic)

    En fait Vaulx en Velin a inauguré les émeutes ethniques en France dés 1982.

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