1.457 voitures brûlées à la Saint-Sylvestre 2019. On vise les 2.000 pour 2021 ?

voitures brûlée

On peut cacher la poussière sous le tapis. Plus compliqué, en revanche, lorsqu’il s’agit de 1.457 voitures brûlées. Puisque tel est le bilan de la Saint-Sylvestre 2019. 1.290 en 2018. Donc, une augmentation de 13 % en un an. 1.031 en 2017. En deux ans d’ordre républicain « assuré sans complaisance » - pour reprendre les mots de Christophe Castaner, le 31 décembre 2018, il y a un an, il y a une éternité -, le nombre de voitures brûlées a donc augmenté de 41,3 %. À ce rythme, faites le calcul, fin 2021, à quelques mois de l’élection présidentielle, la barre symbolique (c’est comme ça qu’on dit) des 2.000 bagnoles cramées à l'occasion du réveillon devrait être franchie allègrement. Voici pour les chiffres qui, comme on dit aussi, parlent d’eux-mêmes et se passent de commentaires.

Et pourtant, des commentaires, il y en a !

Si les voitures brûlées de la Saint-Sylvestre sont devenues le marronnier chaud du Nouvel An, la polémique sur la publication ou pas des chiffres en est un autre. On nous cache la vérité, le gouvernement ne nous dit pas tout, il cherche à minimiser les choses, etc. Mais non, ce n’est pas du tout ça. C’est exprès qu’on ne donne pas les chiffres, vous comprenez. Pour « ne pas créer de surenchère », genre à la cité d’à côté, ils en ont cramé 25, on doit pouvoir faire mieux ici, les gars, allez zou, fais péter le jerrican de sans plomb. Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur sous Nicolas Sarkozy, est même venu au secours de son collègue Castaner, mercredi matin sur Europe 1 : « Il a raison. » Dans ce cas...

Cette tactique - on va appeler ça comme ça -, cependant, résonne cruellement comme un constat d’échec, à bien y réfléchir. C’est admettre qu’on ne maîtrise pas la situation dans certaines contrées de notre République. Cassons le thermomètre ou, tout du moins, rangeons-le sagement dans l’armoire à pharmacie, vous allez voir, la fièvre va tomber d’elle-même. On est moyennement convaincu. D’autant que tout se sait, aujourd'hui. Il suffit de faire le tour de la presse quotidienne régionale (PQR), qui ne manque pas de rendre compte des véhicules incendiés dans tel et tel quartier : faut quand même vendre du papier. En faisant un petit tour de France de cette PQR, on a vite fait de se faire un petit bilan « à la louche ».

Et puis, en relisant la déclaration du sauveteur de Castaner, on est pris d’un doute. Je cite Brice Hortefeux : « Je n’avais donné aucun chiffre à chaud (sic), le lendemain de la nuit de la Saint-Sylvestre. Cela avait diminué de plus de 15 %, parce que c’était mettre fin à une émulation. Pour autant, je donnais les chiffres, mais annuellement. » En quoi ne pas donner les chiffres le lendemain avait fait baisser le nombre de voitures brûlées la veille ? Mais je n'ai peut-être pas tout compris, c'est normal.

Enfin, on se console comme on peut : le nombre de voitures brûlées augmente d’année en année. Certes. Mais moins vite que si on communiquait sur ces chiffres que l’on finit par connaître. Avec cette augmentation de la recrudescence...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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