14 juin 1830 : la France débarque en Algérie et fonde son second Empire colonial

Pour la première fois depuis Napoléon, la France entame une nouvelle expansion territoriale.
Sur la plage de Sidi-Ferruch le 14 juin 1830 par Pierre-Julien Gilbert - G.Garitan
Sur la plage de Sidi-Ferruch le 14 juin 1830 par Pierre-Julien Gilbert - G.Garitan

Le 14 juin 1830, des troupes françaises mettent pied à terre sur la plage de Sidi-Ferruch, à une trentaine de kilomètres d’Alger. Ce débarquement n’est alors pas une simple opération militaire au milieu des tumultes du XIXe siècle : il marque le début d’un processus de conquête qui débouchera sur la colonisation de l’Algérie et inaugurera le second Empire colonial français, Le premier s’était effondré sous le règne de Louis XV, suite à des défaites subies face à l’Angleterre. Ne subsistaient alors que quelques comptoirs épars en Inde et quelques îles antillaises. Avec Sidi-Ferruch, la France engage ainsi une nouvelle aventure, cette fois dirigée vers l’Afrique ainsi que l’Asie. Cet événement marque également le point de départ d’un conflit mémoriel toujours brûlant pour l’Histoire franco-algérienne.

L’affaire de l’éventail

Tout commence par une humiliation diplomatique. En effet, en 1827, le dey d’Alger, Hussein, frappe le consul de France d’un coup de chasse-mouche. Cet incident, passé à la postérité sous le nom de « l’affaire de l’éventail », dissimule en vérité un contentieux plus ancien : la France refusait de rembourser une dette envers deux commerçants algériens ayant fourni du blé à l’époque révolutionnaire. Néanmoins, ce geste est perçu à Paris comme une offense nationale.

Charles X, en difficulté sur le plan intérieur, y voit l’occasion de ressouder l’opinion autour d’une expédition militaire. Ainsi, une flotte imposante composée de plus de 453 navires quitte la France en mai 1830 avec, à son bord, 83 pièces de siège, 27.000 marins et 37.000 soldats, l’ensemble sous le commandement du comte Louis de Bourmont. L’objectif est alors clair : Alger doit devenir française.

Le débarquement de Sidi-Ferruch

À l’aube du 14 juin 1830, les troupes françaises débarquent sur la plage de Sidi-Ferruch, à une vingtaine de kilomètres d’Alger. Le dey tente de repousser les Occidentaux à la mer, mais en vain. Les Français établissent ainsi rapidement une tête de pont solide sur le continent africain. Ce succès tactique ouvre alors la voie vers Alger, où la supériorité militaire française, notamment en artillerie, fait la différence. Après quelques semaines de combats, la ville tombe le 5 juillet 1830, entraînant la capitulation du dey. Cette victoire constitue un tournant géopolitique majeur pour l’histoire de notre pays. Pour la première fois depuis Napoléon, la France entame une nouvelle expansion territoriale.

La chute d’Alger et la naissance d’un nouvel empire

Une convention est alors signée entre le dey et Bourmont. Ce traité, entérinant la prise d’Alger, stipule le respect des populations et de la religion locales : « L'exercice de la religion mahométane restera libre. La liberté des habitants de toutes classes, leur religion, leurs propriétés, leur commerce et leur industrie, ne recevront aucune atteinte. Leurs femmes seront respectées. » En réalité, comme lors de toutes conquêtes, de nombreux pillages et exactions ont lieu.

Pendant ce temps, en France, les régimes et les rois changent. Louis-Philippe, qui succède à Charles X renversé par la révolution de Juillet, décide de maintenir l’occupation d’Alger. Il voit dans cette conquête le point de départ d’une politique coloniale ambitieuse, destinée à faire de la France une puissance capable de rivaliser avec les autres nations européennes, notamment le Royaume-Uni. Ce processus de colonisation s’étendra ainsi bientôt à l’ensemble du territoire algérien, puis à l’Afrique occidentale, équatoriale, au Maghreb, à Madagascar, à l’Indochine et, enfin, à l’Océanie. Le débarquement de 1830 fut donc, sans que personne ne s’en doute à l’époque, l’acte fondateur du second Empire colonial français, couvrant à son apogée près de 13 millions de km².

Cependant, pour bâtir ce nouvel empire, il faudra se battre. Dès 1832, l’émir Abd el-Kader organise une farouche résistance à l’envahisseur. Cette lutte acharnée s’effondrera lors de sa reddition en 1847. Malgré ce succès pour la France, la pacification du territoire algérien ne sera jamais totale. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que les dernières poches de résistance armée sur le sol algérien soient définitivement défaites.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Il ne faut pas oublier non plus que cette expédition avait pour but de mettre un terme aux exactions islamiques en Méditerranée et littoral ;lesquelles duraient Depuis des siècles.

  2. Tout cela est bien vrai , mais il manque quand même un élément fondamental : l’expédition au Maghreb (ce n’était pas encore l’Algérie) a été déclenchée en réponse aux exactions que les arabes ont perpétré dans le sud de la France pendant près d’un millénaire ! Le casus-belli du soufflet ne fut que la goutte d’eau qui a fait débordé le vase !

  3. En effet, les causes du débarquement à Sidi Ferruch furent nombreuses, peu importe…Ma famille est restée en Algérie de 1857 à 1962 et pour l’édification de Monsieur Macron qui a déclaré que « la colonisation fut un crime contre l’humanité », je lui recommande la lecture du petit fascicule « Ce que tous les français doivent savoir de l’Algérie française » par Mr Louis de Saint-Quentin, qui était donné à tous les appelés du contingent dans les années 1958-1959 pour qu’ils sussent dans quelle contrée ils partaient servir la France… Il serait intéressant d’en reparler avec lui… après!

  4. C’est dommage, votre énoncé est entaché de nombreuses approximations qui montre que vous raisonnez avec les préjugés et on-dits souvent faux ou exagérés de 2025 Dommage, pour parler de l’histoire, il importe d’être neutre et honnête. Dans le cas d’espèce la colonisation à été un bienfait pour l’Algérie, pays qui n’existait pas en 1830 et se résumait à des possessions tribales s’entreguerroyant souvent et pratiquant l’esclavage de noirs majoritairement ou des quelques blancs piratés en mer.

  5. Ce fut surtout la fin de la piraterie « barbaresque » et d’un certain marché aux esclaves, d’une situation qu’avaient combattu, jusque là sans succès, d’autres grandes puissances, dont les Etats-Unis d’Amérique…

  6. Ne pas oublier les attaques de barbaresques et l’esclavage, c’est bien la France qui a crée l’Algérie, avant il n’y avait RIEN

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