« Murs de haine » : incroyable mais vrai, des artistes boycottent l’argent public !

Au nom de l'immigrationnisme, la culture subventionnée en arrive à se renier elle-même.
1% artistique

À Amiens, la préfecture de la zone de défense et de sécurité Nord a lancé un appel à candidatures pour créer une œuvre dans un futur bâtiment. Mais des plasticiens appellent à le boycotter. En cause : la politique migratoire du gouvernement. Trop dure...

22, v’là les CFLIIC !

« Nous ne décorerons pas vos murs de haine », a ainsi annoncé le syndicat SNAP-CGT, le 6 juin, dûment relayé par Libération. Le Syndicat national des artistes plasticiens dénonce « une instrumentalisation inacceptable des arts visuels au profit d’une politique raciste et répressive, à laquelle nous refusons de nous associer ». Diable ! Quel cul-de-basse-fosse, quelles oubliettes, quel Guantánamo va être érigé à Amiens pour mériter de telles qualifications ? Sur le site de la caserne Garin, le bâtiment abritera un CFLIIC, à savoir un « Centre de formation à la lutte contre l'immigration irrégulière et clandestine ». Rien que de bénéfique, puisqu’il s’agit de former du personnel. Rien que de nécessaire dans un État de droit où la loi doit être respectée.

En guise de « racisme » et de « répression », les agents seront formés, dit le cahier des charges, à des choses aussi bénignes que « contrôle de véhicule ; maîtrise sans arme de l’adversaire ; menottage ; secourisme ». On a connu des méthodes policières plus brutales. Mais SNAP-CGT ne veut pas entendre parler de tout cela et dénonce « l’utilisation des artistes et professionnel·les de la culture pour tenter de normaliser ou d’édulcorer les violences faites aux personnes migrantes ». Le secourisme, violence ultime : il fallait l’inventer, celle-là.

Extrait du cahier des charges de l'appel à candidatures.

Le 1 % artistique, une manne

La commande pour la caserne Garin entre dans le cadre du 1 % artistique. Une idée du Front populaire qui s’est concrétisée en 1951. Il s’agit de contribuer à la création contemporaine en lui faisant rencontrer le public. Les jeunes, d’abord, puisque le dispositif concernait les établissements scolaires construits après guerre. Puis il a été étendu à toute commande publique. En 70 ans, ce sont pas loin de 12.500 œuvres qui ont été créées, installées… Les plasticiens peuvent bénir le 1 %, qui a fait de la République un mécène supérieur à bien des cités italiennes de la Renaissance — en quantité, au moins.

Concernant le projet d'Amiens, l'enveloppe globale forfaitaire prévisionnelle est de 38.000 euros. En retour, comme il est normal, il devra se conformer à quelques conditions propres à « un contexte institutionnel sensible ». L’œuvre « devra mettre en avant la mission de formation, l’engagement professionnel des réservistes et des agents présents et la rigueur », explique l’appel d’offres. La députée locale, Zahia Hamdane (LFI), voit dans tout cela « un grave détournement de la mission de l’art public, mis ici au service d’une idéologie mortifère ». La rigueur et l'engagement, mortifères ? Il faudrait nous expliquer. Quelque peu hugolienne, elle affirme que « l’art ne doit jamais servir à légitimer des politiques de stigmatisation ou de répression ». Ce qui, concernant la formation d’agents au contrôle des véhicules — « papiers du véhicule, s’il vous plaît » —, paraît outré.

Un syndicat opposé à la formation professionnelle ?

Dès qu’on parle lutte contre l’immigration, l’extrême gauche perd ses nerfs. « Élément majeur de l’éducation permanente pour se réaliser en tant que citoyen·e », selon la CGT, le principe de la formation professionnelle est ici foulé aux pieds au nom de l’antifascisme. Le 1 % artistique connaît le même sort. Le SNAP appelle à le boycotter alors qu’il en réclame par ailleurs « l’application complète » ! Il demande aussi que les appels d’offres soient totalement transparents — ce qui est le cas ici.

Les plasticiens ont jusqu’au 27 juin pour répondre à l’appel d’offres. Ceux qui participeront feront figure de fachos, aux yeux de l’extrême gauche dont le niet est définitif : « Nous refusons d’apposer du vernis sur les politiques xénophobes du ministère de l’Intérieur ! », dit le SNAP. Cela mérite d’être relevé : c’est peut-être la première fois qu’on voit des artistes refuser de l’argent public, eux qui n’en ont jamais assez et se plaignent des baisses de subventions. Vont-ils, à cette occasion, découvrir le bonheur de couper le cordon avec les commandes d’État et donc, peu ou prou, avec une forme d'art officiel ? Ne leur en demandons pas trop.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Supprimons aussi le chômage des intermittents du spectacle, ca permettra à tous ces nantis de se mettre au travail et de se mettre du plomb dans la tête.

  2. Suppression du 1%, des Drac, des Frac, de l’Inspection de la création artistique ‘non non ne riez pas, cela existe vraiment !!!) et d’une ribambelle de trucs idoines totalement inutiles !

  3. Je crois n’avoir jamais vu une réaction aussi obtuse. Si seulement cela pouvait nous faire faire des économies! Pourvu qu’on ne change pas les exigences faites aux « artistes »!

  4. Tout ça dans cette espèce de croyance qui voudrait qu’un artiste soit obligatoirement engagé et de gauche. Pour ce genre de fresques, l’enveloppe confortable intéressera de talentueux graffeurs, peu regardants et bêtes noires de ces syndicats de plasticiens idiots utiles des fracs et drogués à l’argent public.

  5. Le 1% n’a rien d’artistique : des ignorants élaborent un cahier des charges à destination d’une boite de communication dans le but de faire passer le message qu’ils auront préalablement décrété. Dans le cas présent on est sur le logo d’entreprise. Ensuite, des médiocres occupants la fonction d’artiste et qui seront souvent passés par un « médiateur «  dont le rôle est de décortiquer le message politique demandé et de posséder la pratique pour remplir le dossier administratif de l’appel d’offre, t’exécuterons docilement. C’est cela que ces raclures aurait dû dénoncer.

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