Taxes : M. Macron peut-il reculer ?

Macron

Il ne s’agit évidemment pas de dire ce qu’il doit ou devrait faire, seulement d’apprécier sa marge de manœuvre.

Pour ce faire, il faut analyser (cf. les sites Internet de l’Assemblée nationale et de la Cour des comptes) les lois de finances votées chaque année par le Parlement pour autoriser le gouvernement à lever les impôts et à assurer les dépenses pour l’année à venir, et le rapport de la Cour des comptes sur l’exécution budgétaire établi l’année suivante.

De l’analyse de ces documents, on peut tirer les conclusions suivantes.

Les trois derniers budgets Hollande ont fait apparaître un déficit, constaté en milliards d’euros, de 70,7 (2015), 69,1 (2016) et 67,7 (2017), la croissance en 2017 s’étant élevée à 2,5 %.

La dépense publique sous François Hollande a augmenté, entre 2012 et 2017, de 51 milliards d’euros, soit 10 milliards par an en moyenne (bien loin des dizaines de milliards de réductions annoncés à tous vents), tandis que les impôts ont augmenté de 41 milliards. En conséquence, ce matraquage fiscal n’aura pas servi à faire baisser d’autant le déficit budgétaire annuel moyen.

Le premier budget Macron affiche un déficit prévisionnel de 86,7 milliards fondé sur une croissance de 1,7 % du PIB (art. 28 de la loi de finances 2018). Mais la croissance pour les trois premiers trimestres 2018 s’élève à seulement 0,8 %. Par ailleurs, le Premier ministre a décidé de reprendre une trentaine de milliards de la dette de la SNCF, non prévus dans le déficit voté pour la loi de finances 2018 !

Le déficit prévisionnel pour 2019 (article 38 du PLF 2019) ressort à 99,3 milliards d’euros (24 % des recettes brutes – 43 % des recettes nettes[ref]Pour rappel, nos élus préfèrent mesurer le déficit en le comparant au PIB, ce qui n’a aucune valeur en termes de comptabilité (le déficit affiché est alors d’environ 3 %).[/ref]) avec toujours un objectif de croissance de 1,7 % du PIB. Ce déficit est donc de 47 % supérieur au dernier déficit de François Hollande !

Sauf dérapage budgétaire, que la Cour des compte ne pourra relever que postérieurement, la dépense publique aura augmenté, entre 2017 et 2019, de plus de 37 milliards (hors dette SNCF). D’où ces 31 milliards de déficit supplémentaire en dépit des 13 milliards d’impôts supplémentaires, dont un peu plus de 3 milliards attendus sur les taxes hydrocarbures en 2019.

Si M. Macron renonce à tout ou partie de ces nouveaux impôts, le déficit sera comparable à celui de 2010 à la sortie de la crise financière. Même si, à en croire François Hollande, "sanctionner la France, c’est compliqué" (Un président ne devrait pas dire ça..., p. 641), on est dubitatif sur la réaction de Bruxelles à un tel budget quand on connaît ses réactions vis-à-vis du budget italien.

M. Macron, "homme de gauche" (dixit François Hollande, p. 441, du même livre) est donc prisonnier de la politique qu’il mène depuis sept ans, comme conseiller économique puis comme ministre de l’Économie de François Hollande puis, enfin, comme Président : toujours plus de dépense publique à financer.

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