Nathalie Loiseau : numéro un bis de la liste La République en marche

Nathalie Loiseau

Donc, Nathalie Loiseau, pour prendre la place de numéro un sur la liste de La République en marche aux élections européennes. Plus précisément, un bis car, évidemment, le numéro un, pardon, the number one, c’est Emmanuel Macron. Un temps, on avait parlé d’Agnès Buzyn. Trente ans après que Simone Veil, qui fut la belle-mère de l’actuel ministre de la Santé, avait été tête d’une liste du « Centre pour l’Europe », cela aurait pu être utilement exploité.

Au passage, il est assez curieux de lire les professions de foi (c’est comme ça qu’on dit) des têtes de liste de l’époque. Extraits. Simone Veil : "L’Europe que nous voulons, ce n’est pas une machine technocratique, à Bruxelles." Déjà. "Nous voulons que l’Europe s’intéresse aux Européens, à leurs attentes, à leurs difficultés." Encore déjà. "L’Europe économique et le marché unique sont une chance pour l’emploi." Bien, bien. Mais aussi Valéry Giscard d’Estaing, tête de liste de l’union UDF-RPR. "Préserver notre identité française… Nous voulons vivre comme des Français en Europe." Déjà. "L’Europe doit contrôler rigoureusement l’entrée de nouveaux travailleurs étrangers, améliorer la sécurité, en luttant contre le terrorisme, la grande criminalité, la drogue…" Encore déjà. Mais, foin de nostalgie ! Tout ça, c’est du passé…

Tout de même, si, un zoom rapide sur une liste qui, avec 31.512 voix à l’échelon national, soit 0,17 %, et baptisée "Initiative pour une démocratie européenne", arriva bonne dernière de ce scrutin. Figurait, en 49e position, une certaine Nathalie Ducoulombier, âgée de 24 ans et, depuis lors, dame Loiseau. On ne pourra donc pas reprocher à madame Loiseau de n’avoir jamais affronté le scrutin populaire et l’on peut mettre à son crédit ses convictions européennes, voire européistes.

Cela dit, cette candidature sonne bien étrangement. D’abord, parce que son annonce lors du débat face à Marine Le Pen avait autant de spontanéité qu’un discours récité à l’occasion d’un anniversaire faussement « surprise ». Ensuite, parce que l’on retiendra que son but principal est de battre le Rassemblement national. En effet, dans un entretien donné lundi 25 mars au Figaro, le ministre n’a-t-il pas déclaré que "battre" le RN "serait la première victoire" ? Curieux objectif, pour une liste qui prétend incarner une « renaissance européenne ». On en a vu de plus positifs… C’est une évidence que l’objectif principal d’Emmanuel Macron est d’arriver en tête à ces élections européennes afin d’essayer de tourner le dos à cette année horrible qui vient de s’écouler et d’aborder en meilleure position sa deuxième partie de quinquennat, notamment parce qu'elle sera parsemée d’élections locales (municipales, départementales et régionales). C’est une évidence qu’en polarisant le débat européen et national, Emmanuel Macron joue son assurance-vie. Son va-tout, aussi. Mais lorsqu’on se présente au suffrage de millions d’électeurs, comme c’est le cas de Mme Loiseau, aujourd’hui, on a peut-être le devoir d’offrir une offre programmatique qui dépasse la simple tactique politique et ne se résume pas à "moi ou le chaos", argument somme toute peu convaincant par les temps qui courent. Il est vrai que ce n’est pas donné à tout le monde de donner une vision et un cap.

En tout cas, outre son européisme, on peut mettre au crédit de Mme Loiseau d’être "total raccord" avec ce que se veut le macronisme : ni de gauche, ni de droite, ou à droite et à gauche en même temps. Du reste, lorsqu’elle fut nommée à la direction de l’ENA, en 2012, Nathalie Loiseau déclara : "Mon choix de vie professionnelle, c’est le service de l’État. Je ne veux pas d’autre étiquette. Je ne suis pas une fonctionnaire de droite ou une fonctionnaire de gauche." C’était tout à l’honneur d’un fonctionnaire. Aujourd’hui, Mme Loiseau n’est plus fonctionnaire ou, tout du moins, elle est devenue une fonctionnaire bien comme il faut de la Macronie. « Total raccord » avec le macronisme, aussi, dans le fameux « en même temps ». Par exemple, catholique pratiquante, en même temps, Mme Loiseau est favorable à la PMA et à la « GPA éthique » - curieux oxymore. Cela doit être cela, la "pensée complexe".

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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