Un menu végétarien obligatoire à l’école : comme c’est bizarre !

Nicolas Hulot souhaite que les cantines scolaires offrent, une fois par semaine, un menu végétarien.

Pour lui, le végétarisme permettrait de réduire la consommation de viande, ce qui est bon pour la planète : « C’est aussi une affaire d’éducation », ajoute-t-il.

Le cercle Terra Nova lui en avait soufflé l’idée, quelques jours auparavant, en suggérant la généralisation du repas alternatif végétarien et l'imposition d'un jour végétarien par semaine. De plus, il paraît que ces repas coûtent moins cher, ce qui permettrait, pour le même prix, d’utiliser des produits bio.

Stéphane Le Foll se souvient-il de Drôle de drame, ce célèbre film de Marcel Carné, et du savoureux dialogue entre Archibald Soper, évêque de Bedford, et son cousin, le botaniste Irwin Molyneux, respectivement incarnés par Louis Jouvet et Michel Simon ?
« − Je vous assure mon cher cousin, que vous avez dit bizarre, bizarre.
− Moi, j'ai dit bizarre, comme c'est bizarre ! »

En tout cas, s’il est favorable aux menus alternatifs, il a trouvé « bizarre » qu’on veuille imposer une journée végétarienne.

À défaut d’avoir le talent des deux comédiens, il a fait preuve de bon sens. Mais que n’a-t-il approfondi sa réflexion, ce défenseur de la laïcité ? Certaines cantines scolaires proposent un repas alternatif aux élèves de confession musulmane, ce qui est une entorse à ses convictions. En cédant aux revendications des parents, on encourage les pratiques communautaires. Beaucoup de municipalités sont, d’ailleurs, contraintes d’y renoncer pour des raisons budgétaires.

Il est vrai que le précédent gouvernement s’est montré laxiste en la matière, comme s’il craignait de mécontenter une partie de son électorat.

Mais voici que les mêmes qui prônent des repas alternatifs pour les enfants musulmans souhaitent imposer la religion du végétarisme. À quand des menus spécifiques pour les adeptes du véganisme, imposables à tous à titre expérimental ? Stéphane Le Foll, au moins, ne tombe pas dans cette contradiction.

Que Nicolas Hulot veuille faire passer ses opinions par l’assiette des élèves n’est guère un bon exemple éducatif. Mieux vaudrait leur apprendre qu’on peut parfois faire des efforts et s’abstenir d’un plat s’il offense sa religion ou son palais.

Rappelez-vous : en 2016, pendant la campagne des primaires de la droite, Nicolas Sarkozy proposa que les élèves qui ne mangent pas de porc prissent « une double ration de frites » le jour où l’on sert « des frites et une tranche de jambon ». Scandale dans le Landerneau de la bien-pensance !

Et pourtant, il n’avait pas tort sur le fond ! Mais il est une forme de confort intellectuel qui associe sans pudeur la tolérance et le sectarisme.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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