Wauquiez a commis une maladresse lors d’un cours donné à l’EM Lyon, mais il a été trahi et enregistré à son insu car il avait solennellement mis en garde sur la règle du jeu. Wauquiez, normalien, énarque, 1er à l’agrégation d’histoire, semble être un homme de valeur et de conviction.

Le premier "Marcheur de l’Hexagone", lui, pratique le double langage car, d’une part, il affirme aux Français que l’Europe doit protéger sans faire quoi que ce soit pour y parvenir et, d’autre part, il s’exprime en anglais à Davos, à Versailles pour faire le beau devant les multinationales en défendant le libre-échange mondialiste.

Trump a eu le courage, au contraire, de défendre à Davos le commerce équitable ("fair trade" et non pas "free trade"), qui implique une balance commerciale équilibrée entre deux pays avec des législations sociales, fiscales et environnementales comparables. "Nous soutenons le libre-échange ; encore faut-il qu’il soit équitable et qu’il fonctionne sous la forme de la réciprocité", a martelé Donald Trump !

Les Européens, dont Macron devrait pourtant savoir à quel point ils sont floués par la Chine depuis un quart de siècle, en lui transmettant gratuitement leur technologie sans même lui vendre la corde pour les pendre, comme disait Lénine.

Le solde commercial français est négatif de 62 milliards d’euros en 2017. Suite à la désindustrialisation, la France importe trop de biens industriels disparus, en même temps que les usines et les emplois. La France, pays touristique de musées, n’exportera bientôt plus que des Airbus, des vins et des produits de luxe.

C’est pourquoi Wauquiez a tout juste lorsqu’il se tourne vers les classes moyennes en voie de disparition et le protectionnisme européen, mais il est déjà bien tard car il y a, en France, de moins en moins de secteurs aujourd’hui disparus à protéger. Wauquiez voudrait "que l’État accorde sa priorité aux 2e, 3e ou 50e de cordée, pas seulement aux premiers". Wauquiez souhaite le retour à la préférence communautaire, qui était le fondement même du Marché commun en 1957, et qui apporta la prospérité à la France. Wauquiez demande "plus de liberté à l’intérieur, mais plus de protection à l’extérieur""Nos vies valent plus et mieux que leurs profits", s’écrie, de son côté, Guillaume Peltier, deuxième vice-président de LR.

Des mesures protectionnistes doivent s’imposer en Europe, comme ce fut le cas durant l’entre-deux-guerres mondiales. La meilleure preuve du bien-fondé du protectionnisme est la charte de La Havane signée le 25 mars 1948, qui prévoyait la création d’une Organisation internationale du commerce, l’OIC. La charte de La Havane fut abandonnée en 1950.

Les clauses du GATT (accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) lui succédèrent pour déboucher sur la folie du libre-échange mondialiste et la création de l’OMC qui étaient l’opposé, le contraire même, de ce qu’avait proclamé la Charte de La Havane au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La Charte, qui s’intéressait au développement de chaque pays, était fondée sur la coopération entre les États et non pas sur la concurrence. Chacun était maître chez soi ; le but était "le plein-emploi dans chaque État, l’équilibre de la balance des paiements de chaque pays. Il s’agissait alors de favoriser la coopération en vue de faciliter le développement industriel et le développement économique général ainsi que la reconstruction des pays dont l’économie avait été dévastée par la guerre" (article 10).

Il s’agit, aujourd’hui, de reconstruire l’industrie européenne dévastée par le libre-échange mondialiste, la Chine et les pays du tiers-monde, de constituer un espace économique européen autocentré à l’abri d’une protection douanière. Vive l’Europe-puissance et l’Europe-forteresse tant décriée par les traîtres, les naïfs et le MEDEF depuis cinquante ans. Wauquiez, l’anti-Macron, a tout juste, mais il est tard !

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20 février 2018 à 11:07

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