[VIVE LA FRANCE] Atelier Piéchaud : quatre générations au service de l’art sacré

C’est une histoire de famille et l’un des derniers ateliers d’orfèvrerie spécialisés dans l’art sacré en France.
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C’est une histoire de famille. Depuis quatre générations, l’Atelier Piéchaud perpétue un savoir-faire unique dans la fabrication d’objets religieux et liturgiques. C’est l’un des derniers ateliers d’orfèvrerie et de bronze spécialisés dans l’art sacré en France.

Tout commence à la fin des années 1940 lorsque Dominique Piéchaud, grand-père de Louis-Guillaume Piéchaud, qui tient actuellement l’entreprise, ouvre un atelier d’art religieux et de bijoux. L’entreprise voit ainsi le jour à Bordeaux, dans un petit atelier aménagé au fond du jardin de l’hôtel particulier qu’occupent alors Dominique Piéchaud et son épouse.

Des techniques héritées du haut Moyen Âge

Passionné par l’art du Moyen Âge, l’artisan en reproduit les techniques et se spécialise dans la fabrication d’émaux grand feu, qui consiste à cuire des minéraux à très haute température pour obtenir une couche vitrifiée aux couleurs chaudes et lumineuses.

Cette collection d’émaux grand feu, associée à une production d’objets d’art en bronze, est bientôt couronnée de succès. L’atelier se développe et prend, en 1981, le nom « Les Tailleurs d’images », ainsi qu’on désignait les sculpteurs au Moyen Âge.

Chez les Piéchaud, le savoir-faire se transmet de père en fils. Dès l’âge de 16 ans, les descendants du fondateur empoignent pinces à émailler, marteaux et burins et rejoignent officiellement l’atelier. Après Dominique vient Stéphan, qui développe l’affaire familiale par l’ouverture de boutiques dans le Piémont pyrénéen et à Vézelay en Bourgogne.

Aujourd’hui, c’est le petit-fils du fondateur, Louis-Guillaume Piéchaud, qui tient les rênes de cette petite entreprise et perpétue ainsi les techniques apprises auprès de son grand-père et de son père.

Un savoir-faire au service du sacré

Ce savoir-faire ancestral, devenu rarissime aujourd’hui, Louis-Guillaume Piéchaud a choisi de le mettre entièrement au service de l’art liturgique et sacré. Après sept ans passés dans l’atelier de ses ancêtres, il a décidé d’ouvrir son propre atelier, Piéchaud Orfèvre, spécialisé dans l’art liturgique.

Son orfèvrerie fournit donc les prêtres, religieux et évêques : « Je fabrique par exemple la crosse, l’anneau et la croix des évêques qui viennent d’être sacrés ou les calices des prêtres qui viennent d’être ordonnés », témoigne Louis-Guillaume Piéchaud à Boulevard Voltaire. « L’année dernière, j’ai équipé deux évêques entièrement. »

Outre les objets destinés au culte, l’artisan fabrique aussi du mobilier d’église. Le dernier en date lui a été commandé pour la basilique d’Argenteuil : à l’occasion de l’ostension de la Sainte Tunique du Christ, en avril et mai derniers, l’atelier Piéchaud a fabriqué un autel et un ambon (ou pupitre) entièrement dorés ainsi qu’un calice.

« Contribuer à la beauté du rite »

Pour cet artisan d’art, la fabrication d’objets liturgiques répond à une passion pour un savoir-faire, mais aussi à une volonté de servir le sacré, qui donne un sens particulier à son art : « Le métal, les outils et le savoir-faire peuvent être les mêmes pour créer un calice ou un simple vase, un bijou, mais quand on sait ce pour quoi va servir l’objet, l’état d’esprit, la tournure du cœur ne peut être la même », témoigne-t-il, sur son site Internet. « Contribuer à la beauté du rite est un privilège. »

Si la pratique religieuse a baissé, depuis la sortie des premières collections Piéchaud, et si la plupart des artisans d’art religieux ont disparu aujourd’hui, son atelier reste un lieu de production dynamique, tout comme l’entreprise familiale Tailleurs d’images, qu’il a reprise à la retraite de son père et qui continue de produire des objets religieux pour un plus grand public. Ses deux activités ont alors été réunies en un seul atelier, sous le nom originel « Les Tailleurs d’images », qui a obtenu en 2015 le label Entreprise du patrimoine vivant qui distingue les savoir-faire d’excellence.

Une relève assurée

Et la maison a encore de beaux jours devant elle, puisque la quatrième génération Piéchaud est déjà à l’ouvrage. Depuis février dernier, Victor, le dernier descendant Piéchaud, a officiellement revêtu le tablier d’orfèvre. À seize ans, il s’empare ainsi d’une histoire et d’une tradition familiale qu’il lui appartiendra de perpétuer !

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Pour répondre à FURIOSO, je lui conseillerais avant toute chose de s intéresser au sens des mots.
    SACRE: qui a un rapport avec la religion, l’exercice d’un culte .
    Que je sache, l’atelier Piéchaud ne fabrique pas des casseroles, des portes ou n’importe quels autres objets profanes; Il fabrique des objets en rapport avec la religion.
    SACRE est le mot qui sied.

  2. Famille d’Artistes en effet puisque, selon Anquetin, « L’art est la façon supérieur de faire son métier ». Leurs œuvres en témoignent.

  3. Dans Artisan, il y a ARTISTE !
    Le compagnonnage, et ses tours de France de l’apprentissage de la Maîtrise, ont donné en effet les extraordinaires artistes que l’on connait encore aujourd’hui: architecture, sculpture, vitraux, peinture, musique aussi… « Dieu doit beaucoup à Bach! » avait dit l’athée militant Emil Cioran.
    Au XXIème siècle ce sont désormais les Hommes épris de beau , de bon et de bien, imprégnés de Culture jusqu’au plus profond des neurones, qui profitent de cet amour de la beauté, cet amour que nous font partager TOUS les « PIEDCHAUDS » de l’émail et du bronze, de la pierre taillée et sculptée, de l’archet du violon et du tuyau d’orgue, jusqu’au pinceau en soie et à l’aiguille de la couturière.
    Ne laissons plus l’islam politique incendier, saccager ces Maison de Splendeur que sont nos église et cathédrales.
    PATRIMOINE UNIQUE, c’est NOTRE BIEN COMMUN à TOUS, y compris aux adeptes d’autres croyances,
    Gardiennes du souvenir du génie, mais aussi de la peine, de la sueur et du sang de nos aïeux, BATTONS NOUS, Citoyens rationnels, athées ou croyants, pour que le frères muzz n’en fassent pas des mosquées!

  4. Très belle histoire d’une famille qui a lié son savoir-faire à l’Église de France.

  5. « Victor, le dernier descendant Piéchaud, a officiellement revêtu le tablier d’orfèvre. À seize ans, il s’empare ainsi d’une histoire et d’une tradition familiale qu’il lui appartiendra de perpétuer … »
    Ce sont ces jeunes là qui sont « une chance pour la FRANCE » ! …

    • y’en aura pas beaucoup avec un héritage comme celui-là. Les CPF sont les créateurs, entrepreneurs, pas les héritiers !

      • Prenez l’exemple de la reconstruction de la toiture de la cathédrale de NOTRE DAME …
        La transmission des métiers d’Art sont essentiels à une civilisation ! …
        « On n’invente pas le fil à couper le beurre » tous les jours …
        Les « créateurs » si vous voulez MAIS la tradition a du BON ! …

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