Vigilantisme : c’est encore la faute de l’extrême droite !

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Ce qui est immuable, pour la gauche en général et dans Libé en particulier, c’est cette inversion des valeurs où la victime est toujours un peu coupable et le coupable toujours un peu victime. Ainsi lit-on, dans ce papier daté du 21 juin, que « les spectacles d’auto-justice se multiplient avec le développement des médias sociaux » dans un entretien avec deux chercheurs, Gilles Favarel-Garrigues et Laurent Gayer.

Et, sans surprise, le papier commence par un « youtubeur d’extrême droite [qui] donne quelques conseils pour se procurer légalement des armes ». Les méchants sont aussi à chercher dans le camp « des riverains de la place Stalingrad (Paris) [qui], à bout, auraient lancé des tirs de mortiers d’artifice contre des consommateurs de crack ». Et le quotidien d’expliquer que le vigilantisme nous vient des États-Unis, le terme « désigne cette volonté de justiciers autoproclamés de patrouiller, de chasser en bande, et parfois de punir, en dehors de toute légalité, pour défendre leur communauté, leurs biens ou leur morale ».

Quand le sage désigne la Lune, l’idiot regarde le doigt. L’insécurité et la violence, si l’on en croit Libération, sont donc à chercher du côté de ces personnes excédées au point de sa faire justice elles-mêmes. Et l’entretien d’associer l’origine de ce mouvement à « l’homme blanc réactionnaire qui veut défendre ses biens et l’honneur des siens », et citer pour exemple le groupe anti-migrants Sauvons Calais. Les experts évoquent des « groupes d’Afro-Américains luttant contre le trafic de drogue et prônant une justice intransigeante dans les ghettos de Chicago » et ces scènes « de lynchage, prises au téléphone portable, qui se diffusent aujourd’hui en Inde ou au Mexique », mais pas un mot sur ces scènes de violences filmées en France dans nos « zones de reconquête républicaine », ni sur le fait que, parfois, les tirs de mortiers peuvent aussi viser nos policiers. Les historiens sont formels, ils « montrent que l’auto-justice est généralement le fait des dominants », pas un mots sur les bandes rivales ni les guerres de clans qui s’affrontent chez nous.

En revanche, et cela est amusant, si le vigilantisme est nettement décrit, donc, comme historiquement « préempté par des groupes réactionnaires et conservateurs », il n’est plus qu’une « boîte à outils, simple et peu coûteuse, à la disposition de tous les militants » quand il s’agit de dénoncer, sur les réseaux sociaux, les hommes harceleurs ou défendre les droits des travailleurs immigrés. Dans ce cas, Libération concède que l’on peut « être du côté des progressistes en assumant l’idée de se faire justice soi-même » et continue de distribuer ses bons et ses mauvais points.

Comprenez bien qu’il ne s’agit en aucun cas de défendre cette pratique extra-légale et condamnable, mais simplement de constater avec intérêt cet éternel deux poids deux mesures d’un journal idéologique qui accuse l’extrême droite de violence et justifie les pratiques de la gauche par la nécessité de militer.

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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