Vierge sur le parvis de Notre-Dame : il y a ceux qui détruisent les statues et ceux qui les érigent !

Capture d'écran Twitter
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C’est un petit signe de rien, une petite lueur dont personne n’a parlé, en dehors de quelques revues spécialisées, mais qui brille dans l’obscurité.

Ce matin, la réplique de la statue dite « Notre-Dame de Paris » ou « Vierge du pilier », miraculeusement rescapée de l’incendie et, depuis, pieusement conservée à Saint-Germain l’Auxerrois, a été installée sur le parvis.

Alors que, tel le djihadiste moyen en goguette à Palmyre, la grande Internationale antiraciste décapite la statue de Christophe Colomb, tague celle de Churchill, abat celle de Schœlcher, lorgne sur celle de Baden-Powell et menace celle de Colbert… en attendant Napoléon, Louis XIV ou de Gaulle, des ouvriers et artisans inconnus sont venus sceller la Vierge à l'Enfant couronnée sur son grand socle de bois, seulette mais imposante, offerte à la dévotion des passants. Il y a ceux du Grand Soir qui n’aspirent qu’à détruire et ceux du petit matin, l’heure où l’on se retrousse les manches, qui se mettent à reconstruire. Que voulez-vous, on ne se refait pas, on est héritier des bâtisseurs de cathédrales ou on ne l’est pas.

Et ces boulons fermement vissés sont peut-être plus efficaces, qui sait, que cent débats télévisés à tenter de déboulonner les contre-vérités sur la colonisation et l’esclavage face à un interlocuteur fanatisé qui répond à côté. La foi - assumée et décomplexée, en ce que nous sommes et ce que nos aïeuls nous ont transmis - contre la mauvaise foi. Pourquoi pas ?

On notera que les vierges et, globalement, la statuaire catholique ont été les premières cibles des iconoclastes fanatiques. Plus d’ultra-gauche laïcarde ou sataniste, semble-t-il - imitant, en cela, leurs sinistres aînés de la Révolution -, que composée de militants racialistes, mais on sait que les uns s’échinent depuis toujours à faire des autres une armée de supplétifs, le petit doigt sur la couture du caleçon. Et hélas, au vu des récents événements des deux côtés de l’Atlantique, on ne peut que constater que la convergence idéologique semble bien s’être opérée.

Cette vierge-là est plutôt comme l’albâtre, mais on en connaît de toutes les couleurs. On peut même dire qu’à la grande époque sulpicienne, on n’y allait pas avec le dos de la cuillère rose, bleue ou verte, parfois - Mamma Mia! - avec les trois à la fois. Quant à Notre-Dame de Guadalupe, elle serait apparue avec le teint cuivré. Depuis le Moyen Âge, il est aussi en Europe, peu ou prou, un millier de Vierges noires faisant l’objet d’une grande dévotion et de célèbres pèlerinages. N'ayant rien à voir avec la diversité, terme à l’époque, est-il utile de le rappeler, parfaitement ignoré, elles tireraient leur origine d'un verset du Cantique des cantiques : Nigra sum, sed formosa (« Je suis noire mais belle »).

J'ose, du reste, à peine le citer, tant l’interprétation hâtive de la conjonction de coordination pourrait donner des idées à la « team premier degré », comme on l’appelle sur les réseaux sociaux, passablement bruyante ces temps derniers, susceptible d’aller aussitôt marteler l’inscription en lettres d’or du retable du XVIIe siècle ornant la chapelle Sainte-Anne, à Rocamadour. Ce n’est pas de couleur de peau qu'il s’agit, mais d’état d’âme, celui de la mater dolorosa, comme explique prudemment le guide là-bas : sombre car frappée de douleur. Mais belle parce que debout et pleine espérance.

Un peu comme notre état d’esprit aujourd’hui, en somme.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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