Versailles perd sa dernière maternité : plus de naissances dans la cité des rois

Le 1er juillet 2025, la maternité des Franciscaines à Versailles a définitivement fermé ses portes. Ce lieu discret mais essentiel, niché dans une ville longtemps associée aux naissances illustres, n’accueillera alors plus de nouveau-nés. Ainsi, c’est une page d’Histoire qui se tourne, avec la fermeture silencieuse d’un établissement privé qui accompagnait les familles versaillaises dans le moment le plus fondateur de leur existence. Dans la ville des rois, on ne naît plus. Ce constat, au-delà de la simple statistique médicale, touche à une mémoire collective, à un attachement viscéral au territoire, car à Versailles, comme partout ailleurs en France, mais peut-être encore plus que partout ailleurs, donner naissance relève d’une forme de continuité historique.
Un « coup de poignard dans le dos »
La maternité des Franciscaines fut fondée en 1941, au sein de la clinique tenue par les religieuses de la congrégation des Franciscaines missionnaires de Marie. Lieu d’accouchement apprécié pour son cadre familial et son suivi personnalisé, elle accueillait encore 760 naissances, en 2024. Cependant, le groupe Ramsay Santé, propriétaire des lieux, a décidé de cesser l’activité obstétricale de Versailles, évoquant une chute de 60 % des naissances dans la ville en dix ans. Désormais, les accouchements seront redirigés vers la clinique de Parly 2, au Chesnay, avec pour objectif d’atteindre 1.500 naissances par an.
Cette décision a provoqué alors un tollé, bien même avant sa mise en application. Les élus locaux, toutes sensibilités confondues, ont ainsi exprimé leur inquiétude vis-à-vis de la fermeture de la dernière maternité de Versailles. Anne Bergantz, députée MoDem, rappelle ainsi qu'« aucune politique de santé ne peut réussir si elle est perçue comme un désengagement des territoires ». Charles Rodwell, député EPR, parle de son côté, selon BFM TV, d’un « coup de poignard dans le dos ». Quant au maire François de Mazières, il alerte sur le fait qu’« il n'y aura plus, sur l'état civil, de personnes qui naissent à Versailles ».
Les familles, elles aussi, expriment leur désarroi. Marie-Laurence, mère de quatre enfants nés à la maternité, confie ainsi avec émotion, à Boulevard Voltaire : « C’était une très bonne maternité. C’est dommage que ce service obstétrical de proximité et de qualité disparaisse. On ne passait pas sans émotion devant cette institution qui nous avait aidées à devenir mère et à fonder nos familles. Les générations futures ne verront plus le jour à Versailles. »
Versailles, berceau des Bourbons
Si cette fermeture choque autant, c’est aussi parce qu’elle entre en résonance avec l’Histoire même de Versailles, car la ville, avant d’être un symbole d’absolutisme et de grandeur monarchique, fut le berceau de nombreuses âmes dont certaines ont joué un rôle fondamental dans l’avenir de la France.
Dès 1682, lorsque Louis XIV y établit sa cour, Versailles devient lieu de naissance de nombreux membres de la famille royale. Le premier d’entre eux est son fils, Louis de France, dit le Grand Dauphin, né cette même année au château. Il sera suivi par de nombreux princes et princesses, parmi lesquels Louis XV en 1710, Louis XVI en 1754, Louis XVIII en 1755, Charles X en 1757, sans oublier les filles du Bien-aimé, toutes nées dans les appartements royaux. La dernière naissance connue dans le château est celle de la pauvre Madame Sophie, en 1786, fille de Louis XVI et Marie-Antoinette, morte prématurément à l’âge d’un an.
Ces naissances, bien que royales, étaient loin d’être des affaires privées. Elles étaient publiques, ritualisées et surveillées. Le roi était averti en premier du sexe de l’enfant, puis les courtisans entraient dans la chambre pour féliciter la reine. Cette mise en scène, qui dura jusqu’aux dernières couches de Marie-Antoinette, garantissait alors la légitimité dynastique et consolidait la continuité monarchique. Naître à Versailles, c’était naître dans la lumière du pouvoir.
Les enfants de Versailles
Cependant, Versailles n’a pas enfanté que des rois. En effet, la ville a vu naître, au fil des siècles, des figures qui ont marqué la République, la science, la diplomatie ou encore les médias.
Parmi eux, le général Lazare Hoche, né à Versailles en 1768. Fils d’un palefrenier, il devint général à 25 ans et s’illustra lors de la Révolution, notamment en pacifiant la Vendée. Son destin, républicain et militaire, tranche ainsi avec l’image royale de Versailles qui, berceau de nombreux Bourbons, fut aussi celui d’un soldat de la République.
C’est aussi à Versailles qu’est né, en 1805, Ferdinand de Lesseps. Par son entremise et son obstination, la France parvint à façonner le monde en creusant certains des plus grands ouvrages de son temps, comme le canal de Suez, reliant la Méditerranée à la mer Rouge, ou encore une partie du canal de Panama.
Autre enfant de la ville, André Mignot, né en 1915. Avocat, résistant et homme politique, il fut également maire de Versailles. En son honneur, son nom fut donné à l’un des établissements de santé les plus emblématiques de Versailles, dont il fut l’un des soutiens. La fermeture de la maternité des Franciscaines marque ainsi l’effacement progressif d’une politique sanitaire de proximité que le nom de Mignot incarnait.
Plus proche de nous, Philippe de Dieuleveult, né en 1951, incarne une France médiatique et aventureuse. Animateur phare de l’émission La Chasse au trésor, dans les années 1980, il disparaît tragiquement lors d’une expédition sur le fleuve Zaïre en 1985, dans des circonstances jamais élucidées.
Ainsi, du Grand Dauphin à Dieuleveult, de Louis XVII à Mignot, Versailles a donné le jour à des êtres d’exception. En effet, la ville a su porter une multitude de destins qui rappellent que toute histoire, toute vie, commence dans un lieu simple comme une maternité.

Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

19 commentaires
Erreur de ma part. L’hôpital est sur la commune du Chesnay
Il restera des bb nés à Versailles a la maternité de l’hôpital !!
Chères jeunes amies versaillaises, si vous voulez que votre enfant naisse à Versailles il va falloir accepter du le mettre au monde à la maison : une manière de lutter efficacement contre la toute puissance des groupes financiers ayant investi dans le domaine de la santé.
Supprimé aussi, donc on ne peut ni critiquer la gauche ni dire qu’on en a marre des aliens , ça va la liberté d’expression
Et vous osez demander de l’argent !!! je me marre là
Et en Seine Saint-Denis ? On ferme aussi des maternités ?
C’est pas pareil vous pensez bien !!
Et on s’étonne que les Français ne fassent plus d’enfants ? Pas uniquement par manque de maternités mais surtout par manque de confiance de notre pauvre France démantelée. Les parents responsables ne veulent pas donner la vie à de petits êtres innocents qui grandir aient dans ce pays en voie de tiers mondialisation et de barbarisation. Et l’on constate chaque jour, en voie de barbarisation, elle l’est notre pauvre France. Les barbares, eux, semblent s’y multiplier.
Vous avez raison à cent pour cent ! On ne fait pas d’enfants en plein milieu d’une cage aux lions….
Pourquoi une maternité ?, les femmes ne veulent plus d’enfants. Comme pour beaucoup de produits, les enfants deviennent un produit d’importation.
Le délitement progressif de la France passe inévitablement par la case natalité.
Strictement plus rien ne fonctionne en France ! Pourquoi voudriez-vous que la natalité soit une exception à ce désastre ?
Le titre de votre article porte a confusion « Mignot », c’est aussi, si je ne m’abuse, le nom de l’hôpital public de Versailles qui a toujours son centre obstétrique ? Il y a donc bien toujours une maternité à Versailles ! La clinique des Franciscaines est victime de la loi de l’économie et du profit qui a eu raison de la dernière maternité (privée).
⚠️Mignot a un service de maternité mais il est situé au Chesnay, pas à Versailles.
Dont acte, le Chesnay et Versailles sont deux communes adjacentes vous chipotez !
partout ils ferment les maternités, ils ne feront pas de politique nataliste, ils attendent les migrants, ils veulent regrouper les femmes comme des poules pondeuses dans des poulaillers industriels, et là on entend pas les NFP, parait-il qu’elles sont féministes !!!!
Et oui cqfd
Mais les migrants aussi font des enfants et beaucoup plus que nous. Nos politiques n’osent tout simplement pas prononcer le mot « faillites » ; ils préfèrent le terme « économie » : c’est plus sérieux et moins angoissant pour les inconscients. Vous savez, c’est un peu comme le père de famille qui dit le 15 de chaque mois à ses enfants : « Mes chéries… » Aujourd’hui maman et moi on a décidé de faire des économies, plutôt que d’avouer à ces chérubins qu’ils n’ont plus d’argent pour subvenir à leurs besoins.
Mon commentaire n’est pas passé et pourtant, je ne suis pas allée aussi « loin » que vous
Les Versaillaises n’ont pas le bon profil surement !
C’est dans les banlieues d’immigrés et à Mayotte ou l’on rencontre le plus de femmes enceintes .