Valérie Pécresse : espoir ou trou noir ?

Valérie Pécresse vient de lancer, le 8 janvier dernier, son courant politique au sein des Républicains avec quatre ou cinq députés et des élus locaux.

Voilà Les Républicains enragés de revanche après la présidentielle perdue ; chacun impute les lamentables fiascos à l'autre, et se voit en seul sauveur : vite, un bouc émissaire et une arche de Noé !

Pour Valérie Pécresse, le bouc émissaire, c'est Wauquiez et l'arche, ce sera ce courant intitulé platement Libres !, qui a déjà son site Internet.

Les Républicains sont désormais divisés en quatre ou cinq écuries de course (dont Sens commun, La Droite forte, Oser la France) : le but semble être moins de l'emporter sur l'adversaire que de faire échouer les amis.

Pécresse, c'est du "100 % Neuilly" : elle y est née, y a fait ses études ; fille et femme de grands bourgeois d'affaires, passée par l'ENA, elle a conseillé Chirac, a été un détesté ministre de l'Enseignement supérieur, puis a bénéficié du soutien de l'UMP/LR pour prendre la tête de la région Île-de-France.

Son discours politique est sans conteste le plus creux et le plus borné de toute la classe politique française. J'en veux pour preuve quelques-unes de ses déclarations :
- "La ligne que défend Libres ! est forte sur le régalien et n'est pas populiste" (haro sur Wauquiez !).
- "En mai et juin 2017 la droite et le centre ont connu une défaite historique" (pas faux : alors, que faire ?).
- "Pour une droite fière de ses valeurs et bien dans son époque" (lamentablement plat).
- "Cette défaite est plus qu'un échec, elle signe la fin d'une époque. Depuis dix ans nous n'avons pas su renouveler nos logiciels (sic) de pensée. Nous avons fait de la politique avec les mêmes mots, les mêmes méthodes, les mêmes concepts" (pourquoi pas, non plus, ajouter : avec toujours les mêmes femmes et hommes ?).
- "Il faut entièrement reconstruire notre façon de faire de la politique" (soit, mais pas en confiant ce chantier à celle qui pratique cette politique de gribouille depuis vingt ans et s'est bien employée à la défaite qu'elle dénonce).

Pécresse est ultralibérale, européiste et se dit de droite et du centre, qu'elle entend rénover. Pas tant par conviction et analyses personnelles (elle n'en a aucune) mais par réflexe de caste. Une "crypto-macronienne". Son destin est de se noyer dans le trou noir En Marche !, qui attire et détruit tout ce qui a une faible masse.

Au choix : ignorante, suffisante ou vindicative, elle vise à nouveau Wauquiez : "Nous ne pouvons plus donner le sentiment que nous sommes plus attachés à la France d'hier qu'à celle d'aujourd'hui ou de demain".

Mais comment être attachés à la France de demain ? Il faut se relire, Valérie...

Suit ce qu'elle imagine être une envolée, une péroraison dont chaque partie mérite un bref commentaire :
- "Rejoignez-nous pour échanger, débattre" (vieux truc d'énarque autocrate pour faire croire à une démocratie interne).
- "Bien loin des guerres des chefs stériles" (il faut le lire pour le croire ! Ou alors même plus consciente ?).
- "Je vous propose de mettre le débat d'idées au cœur de la politique" (c'est du "Macreux").
- "Que vous soyez déjà engagé dans un parti politique ou sympathisant de la droite et du centre, avec l'envie de reconstruire un mouvement qui pèsera sur nos choix collectifs dans les années qui viennent, n'hésitez pas. Rejoignez-nous." (là aussi du Macron).
- Et le meilleur pour la fin : "Et rendez-vous en septembre" (?).

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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