Urgences, maternités… La situation est catastrophique

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L’urgentiste Patrick Pelloux, le Monsieur Apocalypse du 20 heures, a repris du service. Je ne parle pas ici des pronostics sur les millions de morts du Covid que lui et ses confrères nous ont vendus à chaque nouveau variant ; non, je parle de la situation de l’hôpital français en général, et des urgences en particulier.

« La situation est catastrophique », a dit Patrick Pelloux, ce samedi, sur France Inter, ajoutant que l'été « va être atroce, du jamais-vu ». En cause, la pénurie de personnel due essentiellement à « des conditions de travail épouvantables ».

Alors, certes, depuis le temps qu’il crie « au loup ! », et ses copains avec lui, on n’a plus guère envie de l’écouter. N’est-ce pas lui qui, le 13 août 2021, sur Franceinfo, appelait à durcir les contraintes vaccinales, prédisant une crise qui pourrait « durer des années » si les Français n’acceptaient pas de se faire piquer et repiquer ? Combien de personnels suspendus encore cette année parce qu’ils refusaient la troisième dose ? « Une nouvelle vague de suspensions, cela va finir de mettre l’hôpital à genoux », prédisait alors la secrétaire générale adjointe FO au CHU d’Angers. Gagné !

En octobre 2021, le ministère de la Santé dénombrait environ 15.000 personnes suspendues de leur poste à l’hôpital. Un chiffre à la louche. Quand on questionne, aujourd’hui, le même ministère sur les fermetures des services d’urgence, la réponse est « on ne sait pas ». C’est celle faite au Figaro de ce lundi : « Plusieurs établissements de santé ont fait état de tensions très importantes au sein de leurs services, notamment leurs services d'urgence. » Toutefois, le ministère « ne dispose pas de données exhaustives sur les fermetures de services d'urgences au vu de l'évolutivité de la situation ».

SAMU-Urgences de France (SUdF) annonce, de son côté, 120 services d'urgences « en difficultés », autrement dit « ce sont des services impactés, qui ferment, sont dégradés ou en reroutage ». Et le problème ne se limite bien sûr pas aux urgences.

Ainsi Europe 1 diffusait, dans la matinale de ce lundi, un reportage sur la fermeture, depuis mercredi dernier, du service des urgences et de la maternité de l’hôpital de Chinon (Indre-et-Loire). « Une conséquence directe de l’épuisement des soignants » qui, ces dernières années, « se sont vu attribuer de plus en plus de tâches, sans recrutement supplémentaire ». Avec pour seule solution d’aller accoucher à Tours ou Saumur… dans des services eux aussi débordés.

Partout les fermetures totales ou partielles se succèdent par manque de personnel. Rien qu’à l’AP-HP (Paris, donc), 1.400 postes d’infirmiers sont vacants, et les promesses du « Ségur de la santé » n’ont pas réussi à enrayer l’hémorragie. Le rapport du Sénat le soulignait en janvier dernier : à 1,07 euro brut supplémentaire de l’heure, « l’indemnité de nuit n’est pas très incitative » et, surtout, « n’a pas évolué depuis 2001 ».

À la pénurie de personnel et la charge de travail qui en découle, il faut souvent ajouter un quotidien de violence explosive. Le dernier rapport de l’ONVS a recensé 26.060 signalements en 2020, dont 81 % d’atteintes à la personne. Un chiffre grandement sous-évalué, puisque la collecte des données s’effectue « sur la base du volontariat » et que seuls « 451 établissements de santé, soit 7,8 % des établissements en France », y ont participé. Alors on se débrouille, comme à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) où Le Figaro est allé enquêter sur les cours d’autodéfense dispensés au personnel. Le formateur raconte : « Lorsque j’ai demandé “Avez-vous vécu une agression récemment ?”, j’ai ouvert la boîte de Pandore… Certains avaient eu des ITT de plus de dix jours ! Quant à la fiche de signalement, personne ou presque n’en avait entendu parler. Ça signifie qu’aucune des agressions que l’on venait de me décrire n’était parvenue jusqu’à l’ONVS… »

Alors, pour une fois, il faut croire Patrick Pelloux : « La situation est catastrophique ! »

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

37 commentaires

  1. La situation est partout catastrophique, mais il ne faut pas le dire. Pauvre Elisabeth Borne, comment va-t-elle s’en sortir après quarante années de déni et de démagogie ?

  2. Dans aucun pays musulman au monde vous ne verrez ce qui se passe dans nos services d’ urgences. Dans aucun pays musulman au monde vous ne verrez des rues bloquées pour les prières. Dans aucun pays musulman au monde vous ne verrez le trafic de drogue dans les entrées des immeubles
    Il faut dire que dans aucun pays musulman au monde les dirigeants et la justice toléreraient ce qui se passe en France.

  3. Et si l’ on rendait aux urgences leurs vrais fonctions : les urgences.
    Il suffit d’ y aller une fois pour voir qu’ ils se sont transformé en dispensaire de soins gratuits. Ajoutez que les médecins doivent s’ adapter à la religion de celle qui vient pour un cor au pieds ou un coquard, c’est à qui va brailler le plus fort, un souk du maghreb.
    On n’hésite pas à menacer, à insulter, et si vous présentez une carte vitale la réception vous conseillera d’ aller consulter ailleurs.

  4. Durant des années, on nous a « vendu » notre système de Santé comme le meilleur du Monde…
    Comme pour le classement PISA, c’est l’effondrement !
    C’est devenu le Tiers Monde… avant le Quart ?

  5. « Toutefois, le ministère « ne dispose pas de données exhaustives sur les fermetures de services d’urgences au vu de l’évolutivité de la situation ». Traduction en langage vrai : « Toutefois, le ministère « dispose de toutes les données exhaustives sur les fermetures de services d’urgences mais vous n’en saurez rien ».

  6. Le pire est à venir….le bilan catastrophique de Macron, la gestion désastreuse de la crise sanitaire et le délabrement programmé de l’hôpital sont les réalités qui vont se révéler chaque jour un peu plus…..
    La vérité ne reste jamais longtemps cachée.

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