[Tribune] Union européenne, France, Italie : ingérence, incohérence, indécence

botte drapeau italie

Giorgia Meloni et son parti conservateur et national Fratelli d’Italia vient de remporter les élections législatives à la tête d’une coalition qui rassemblait la Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi. À eux trois, plus un petit parti de droite, cette alliance a remporté 237 sièges sur 400 à la Chambre des députés et 115 sur 200 au Sénat. Une victoire démocratique claire et nette qui a provoqué l’émoi à gauche comme chez les libéraux-libertaires.

Il est surprenant de constater à quel point l’idéologie a rendu ces gens inaptes à penser la réalité. Ils ne savent que plaquer de façon puérile une grille de lecture tirée des années trente sur la réalité contemporaine. Or, celle-ci n’a rien à voir avec l’entre-deux-guerres, ni sur le plan international, ni sur le plan économique, ni sur le plan idéologique, ni sur le plan démographique, ni sur le plan militaire !

L’appel à la mobilisation contre le fascisme est usé jusqu’à la corde. Il s’agit de propagande stalinienne, héritée du temps où le totalitarisme marxiste-léniniste combattait le totalitarisme national-socialiste dans une sorte de « guerre de religion » entre deux systèmes abominables d’extermination de masse et d’asservissement des peuples. Le nazisme vaincu, la rhétorique fut conservée d’une part pour dissimuler les crimes des régimes marxistes qui, de l’URSS à Mao, Pol Pot, Fidel Castro, Ho Chi Minh et les républiques populaires d’Europe, ont fait couler des fleuves de sang, et d’autre part pour tétaniser l’adversaire. Le plus étrange est que cette propagande semble avoir encore un effet sur les partis de la droite avachie, comme en témoignent les réactions d’Aurélien Pradié ou de Philippe Bas. Ce dernier, reprenant la phraséologie de la gauche néo-marxiste, a « gazouillé » : « Les héritiers de De Gaulle [NDLA : encore faudrait-il qu’il en eût] ne mêleront jamais leurs voix à celle des héritiers de Pétain », afin de signifier qu’une alliance à l’italienne était impossible en France. Laissons donc LR mourir en paix.

Tout ce bruit parce qu’un parti conservateur national a remporté les élections en s’alliant avec un parti régionaliste et la droite classique. C’est, évidemment, la hantise de la gauche et des partis libéraux-libertaires, un très mauvais exemple qui pourrait les écarter du pouvoir pour longtemps. Déconstructeurs de tous les pays, unissez-vous ! Le piège du « cordon sanitaire » contre la « menace fasciste » est grossier mais il est encore des naïfs pour s’y engouffrer !

Le plus scandaleux, dans l’agitation qui a entouré les élections législatives italiennes, est l’interférence d’Ursula von der Leyen. Elle a en effet jugé bon de déclarer, depuis l’université de Princeton où elle se trouvait, le jeudi 22 septembre : « Si les choses vont dans une direction difficile – j’ai parlé de la Hongrie et de la Pologne –, nous avons des outils », allusion claire au gel de 7,5 milliards d'euros de fonds destinés à la Hongrie. Ainsi donc, la Commission européenne, par la voix de sa présidente s’autorise à menacer l’Italie de lui « couper les vivres » en cas de « mauvais vote ».

Ces propos d’une eurocrate non élue, dont la désignation par le Conseil européen a simplement été approuvée par le Parlement européen, constitue une ingérence inadmissible et indécente dans un processus électif. En totale incohérence avec la prétention de l’Union européenne d’être un modèle de démocratie. Propos à rapprocher de ceux de son prédécesseur Jean-Claude Juncker, qui avait déclaré au Figaro, le 29 janvier 2015 : « Il ne peut y avoir de choix démocratique en dehors des traités européens. » Inquiétante dérive de l’oligarchie européenne qui prétend définir les « bons » choix démocratiques et qui, ce faisant, sort des principes de la démocratie pour nous faire tomber en « eurocrature ».

Mme Borne n’a pas voulu être en reste et a déclaré à BFM TV, dans un français approximatif : « On sera attentif avec la présidente de la Commission à ce que ces valeurs sur les droits de l’homme, sur le respect des droits des uns et des autres, notamment le respect du droit à l’avortement, soient respectées par tous. » On peut se demander de quoi se mêle le Premier ministre français ? Elle a été nommée pour diriger le gouvernement français, pas celui de l’Italie. Alors qu’elle appelle à respecter la souveraineté de l’Ukraine, elle est incapable de respecter celle de l’Italie et les choix démocratiques des Italiens ! Quant à l’avortement, on soulignera que Mme Meloni n’entend pas supprimer cette exception au principe du respect de la vie humaine mais seulement permettre aux femmes en détresse d’avoir un autre choix. Mme Truss, qui, en bonne Britannique, sait ce qu’est la démocratie, a, elle, chaleureusement félicité sa probable future alter ego.

L’impardonnable, pour Giorgia Meloni, est probablement d’avoir déclaré, en 2019 : « Nous défendons Dieu, la patrie et la famille, faites-vous-en une raison ! » Pour ceux qui s’acharnent à détruire ce qui fit l’Europe en tant que civilisation, c’est insupportable. Et le choix démocratique des Italiens le devient du même coup. Au demeurant, à Bruxelles, on ne parle plus de démocratie mais de « valeurs démocratiques », que l’on n’hésite pas à opposer aux choix faits par les peuples ! Si nous ne pouvons réformer le système européen, pour sauver la démocratie nous n’aurons d’autre choix que de le quitter : « Adieu vieille Europe, que le diable t’emporte ! » Mais au moins sauverons-nous la civilisation européenne.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Excellent article ;
    UVDL et Borne devraient être sommées de démissionner après de tels propos ;
    Une Union Européenne de plus en plus méprisante et méprisable

  2. Pendant que Madame Borne s’occupe de la politique en Italie, elle ne nuit pas à celle de la France et c’est tant mieux pour nous.

  3. Dans une vraie démocratie, les femmes auraient le droit de se promener librement, c’est-à-dire sans risquer de se faire agresser. Est-ce le cas en France, Mme Borne?

  4. 27 septembre 2022, les paroles d’Élisabeth Borne qui se font l’écho de celles de nombreux politiciens français et européens, commençaient à sérieusement agacer la gauche italienne elle-même !
    En effet, Antonio Polito, écrivain et ex membre du « partito democratico » (PS français) rappelle poliment mais fermement dans un papier, à la Premier ministre française que l’Italie est une démocratie et que, comme en France, les institutions sont basées sur la constitution.
    Il lui rappelle aussi que les conventions internationales garantissent les libertés individuelles, et que le débat publique italien est assez vif, pour être respecté.
    En résumé : « Borne »-toi à balayer devant ta porte !

  5. Pas le retour du fascisme, mais peut-être, enfin l’Italie va-t-elle un peu moins s’aligner sur l’Europe et l l’Allemagne qui la tiennent sur le plan économique.

  6. L’oligarchie Européenne est en train de détruire notre civilisation judéo-chrétienne bâtie sur la culture Gréco-romaine. Certains peuples commencent à ouvrir les yeux, puisse les Français les suivre.

  7. Belle brochette de « démocrates » ! De surcroît « bons perdants »…dans l’honneur ! Le pire réside peut-être dans le fait qu’ils n’aient même plus l’argument de la « dictature du prolétariat », qu’ils ont – théoriquement – abandonnée… »Libertaires » dit-on : ils n’ont, de fait, du sol au plafond, rien à faire de la liberté !

  8. Il me vient à l’instant une idée : parmi les excellents éditorialistes que compte BV, l’un d’eux pourrait-il s’attaquer à la tâche de rechercher et de mettre en lumière, dans les actes de nos représentants élus, toutes obédiences confondues, les marques visibles du fascisme ? J’ai bien précisé dans les actes, et non les paroles, le bla bla, le verbatim…
    Il me semble distinguer beaucoup plus de ces actes chez les Mélanchon, Rousseau ou Macron que chez Marine ou Eric. Je me trompe ?
    Il est vrai que depuis Staline, on sait bien en matière de fascisme que c’est celui qui dit qui y est…

    • Très bonne initiative, les khmers verts apprécieront et les autres aussi.
      On dirait que la terre tourne sans la France !

  9. Le gouvernement français donneur de leçons absolu ferait bien de s’occuper de la crise que nous subissons avant d’observer, critiquer, vouloir sanctionner ailleurs dont l’Italie. Le peuple italien est bien réveillé ne supportant plus l’immigration massive, l’insécurité galopante et l’inflation.
    La pseudo impératrice de l’U.E. quasiment autoproclamée ferait bien de prendre sa retraite avant de continuer à faire preuve d’imbecilite. l’Italie a retrouvé la vue, la France est en partielle cécité.

  10. Les héritiers de de Gaulle… LR, héritiers de Chirac, lui même homme de gauche, n’oublions pas qu’il a commencé par distribuer le journal « l’humanité » dans sa jeunesse… Et cette bande de vendus prétendent défendre les intérêts de la France ? Au deuxième tour des présidentielles, tous les LR, élus et simples citoyens, ont tous voté pour Macron après l’avoir critiqué. Évidemment, l’Italie se réveille, les membres de LR sont effarouchées comme des pucelles !

    • En effet , M. Bas ne se rend même pas compte de la trahison de Chirac et de la plupart des « républicains » envers l’héritage gaulliste, en particulier pour tout ce qui touche à l’Europe. C’est grave de dériver ainsi, en refusant de l’admettre.
      Le Rassemblement national est bien plus fidèle à l’héritage gaulliste en défendant prioritairement les intérêts français.

  11. Malgré un optimisme béat, les castors pratiquent encorre le barrage. La dernière présidentielle l’illustre parfaitement. Comment espérer une victoire « à l’italienne » en 2027 avec une droite aussi….

    • Vu le niveau de nos zélites nous sommes engagés dans une période glaciaire indéterminée. D’où pourrait venir le salut de la France ? Impossible à imaginer puisque ceux qui sont compétents et lucides n’ont aucun accès aux médias sauf pour être agonis de tous les adjectifs dépréciatifs

Commentaires fermés.

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