[Tribune] Patron de TPE, un sacerdoce méprisé par le pouvoir

macron voeux

« Qui aurait pu prédire la vague d'inflation ainsi déclenchée ? », déclarait Emmanuel Macron à l'occasion de ses vœux de la nouvelle année. Le Président prend-il sciemment les Français et les entrepreneurs pour des imbéciles ?

Les dirigeants de la FTPE Grand Est et les nombreux entrepreneurs qu'elle représente ont accueilli avec circonspection les annonces du gouvernement. Ces annonces ne résolvent en effet en rien les problèmes de fond que rencontrent les TPE. Pire : le gouvernement est à contretemps des besoins des TPE ! Si ces annonces ont certes été reçues avec un certain soulagement par de nombreux dirigeants de TPE, beaucoup d'entre eux se souviennent aussi que de précédentes annonces du gouvernement se sont, in fine, révélées n'être que des tempêtes dans un verre d'eau. « Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. »

Ce n'est pas d'oboles et d'effets de manche mais d'une réelle réforme de la fiscalité, de la bureaucratie et de la chape normative qui étouffe les énergies que les TPE ont besoin. Le gouvernement n'en a pourtant jamais eu le courage, malgré de sempiternelles rodomontades et de grandes promesses préélectorales ! Décevant.

Des mesures qui arrivent tard : le mal est déjà fait !

Les boulangers souffrent depuis des mois. Le taux de faillites de TPE a déjà bondi en 2022 (+95,8 %). Des entreprises ont mis leur production à l'arrêt. Des petits patrons envisagent de rendre leur tablier, las de s'épuiser à la tâche. Il aura pourtant fallu attendre six mois, la montée d'une grogne dans l'opinion publique, des reportages dans les médias et des mobilisations sociales pour que le gouvernement réagisse a minima.

Cela fait pourtant un an que le risque d'inflation est souligné et que la hausse des prix de l'énergie est pointée du doigt. Depuis longtemps, la problématique de l'arrêt des réacteurs nucléaires est soulevée par les spécialistes et les médias. Cela fait encore plus longtemps que toutes les organisations patronales alarment sur les difficultés des TPE après deux années de crise. La situation actuelle était prévisible et seul le gouvernement est coupable de manque d'anticipation.

De fait, ce gouvernement semble naviguer à vue, au gré des sondages et des reportages de JT. C'est pendant l'été 2022 que les dirigeants de TPE attendaient des mesures afin de se préparer à une situation prévisible. Le gouvernement, technocratique dans sa façon de faire, semble ainsi totalement déconnecté du quotidien des entrepreneurs, éloigné de leurs préoccupations et à contretemps de leurs besoins. Les dirigeants de TPE (90 % des entreprises en France) apprécieraient, à l'avenir, d'être davantage considérés et écoutés par le gouvernement.

Un tissu de TPE locales fragilisé et des vocations brisées

Diriger une TPE est un sacerdoce. Le dirigeant de TPE est le premier à se lever le matin et le dernier à se coucher le soir. C'est lui qui remplace au pied levé ses salariés en arrêt et c'est lui qui sacrifie au besoin sa vie de famille - voire sa santé - pour maintenir son entreprise à flot pendant les périodes de crise. Il ne peut pas être malade, il ne peut souvent pas déléguer. Le patron de TPE ne connaît pas le principe des 35 heures et les vacances peuvent lui paraître à certaines périodes de l'année un concept abstrait.

En parallèle, ce sont ces TPE, ces boulangers, ces commerçants, ces artisans, ces professions libérales, ces petites industries, ces artistes ou encore ces agriculteurs qui constituent les forces vives du quotidien de nos villes et villages. Les TPE - a fortiori commerciales ou artisanales - sont un véritable service public dans les communes et les territoires, où elles constituent souvent un repère pour toutes les générations et un espace de convivialité.

Aujourd'hui, notre tissu local de TPE est pourtant profondément fragilisé et une « crise de vocations » semble même prendre de l'importance : divers dirigeants de TPE familiales nous disent leurs difficultés à transmettre l’entreprise à leurs enfants. Leurs enfants ne souhaitent plus « souffrir » comme leurs parents et privilégient le salariat en CDI. Les conséquences sont lourdes dans la ruralité notamment, mais pas seulement.

Trop tardives, superficielles et à contretemps, les mesures annoncées par le gouvernement - si elles sont appréciées par des entrepreneurs en réelle souffrance - sont accueillies globalement avec circonspection. Le gouvernement ne s'attaque toujours pas aux problèmes de fond qui usent les énergies créatrices des dirigeants de TPE !

C'est de liberté, de stabilité, de justice et de considération qu'ont besoin les TPE, pas de chèques du gouvernement perçus comme des aumônes. Fortes de tout ceci, les TPE pourront prospérer davantage, permettre l'épanouissement de leurs dirigeants et contribuer demain à redynamiser tous les territoires et à embellir le quotidien de nos concitoyens.

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Guillaume Sevin
Président de la Fédération des TPE du Grand Est

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Macron oeuvre pour la disparition des TPE et PME pour le seul profit des « google », monnaie numérique, identification sociale, puis crédit social, plus de médecins mais des cabines de téléconsultation avec à la clef un protocole, le même pour tous et le plus cher et le plus lourd à supporter dont vous n’aurez pas à consentir .. bref le programme du forum de Davos. Ouvrez les yeux, cette élite est payée pour cela, alors résistez …

  2. Aussi longtemps que les énarques, en sortant de leur formation, n’iront pas au charbon dans une entreprise, en commençant au bas de l’échelle et en y restant au moins un an, les choses ne changeront pas. Ces technocrates sont totalement coupés de la réalité. Ce sont des « y a qu’à », « faut qu’on ». Ils ne savent que comment dépenser un euro, mais pas comment le gagner!

  3. J’ai un exemple, mon voisin spécialiste dans les tracteurs agricole part cette année à la retraite. Il travaille seul, il a proposé son affaire à des jeunes de 40 ans , pas un n’est intéressé. Pourtant c’est une affaire qui marche. Il est seul à travailler, c’est un homme sérieux, compétent, prêt à former son successeur. Bien sûr il ne compte pas son temps, mais dans la vie, il faut choisir, rester toute sa vie ouvrier ou saisir sa chance et évoluer vers une situation plus enviable. Non, c’est difficilement concevable, mais ils préfèrent un petit boulot peinard qu’envisager plus de risque, mais obtenir une meilleure situation. C’est la FRANCE démotivée.

  4. Il faut faire renaître le poujadisme : prenez conseil auprès de Jean-Marie Lepen qui faisait partie de ce mouvement.

  5. On ne le dira jamais assez , il faut sortir de ce marché européen de l’énergie ! Le gouvernement se glorifie de limiter le prix du MGWH à 280€, mais nous ne devrions le payer qu’à peine la moitié. C’est Toute la France qui est pénalisée , du simple citoyen à la grosse entreprise . Bien sûr , les TPE sont souvent les plus fragiles , car la trésorerie est souvent à flux tendu. Une hausse excessive et c’est le dépôt de bilan qui se profile à la fin du mois . Macron est en train de foutre note économie en l’air. C’est tout le tissu artisanal qui risque de disparaitre, bientôt , il faudra prendre le méchant diesel pour aller chercher sa baguette de pain. Merci Manu !

    • Et basé sur la production la moins cher sauf à enrichir des sangsues Le prix devrait être au quart des 280€, c’est comme le gasoil, il fait des chèques pour certains alors qu’il va récupérer 2 Cts de TVA , alors sur les millions de litres vendus.

  6. même les ministres rêvent qu’ils ont rencontré des boulangers en difficultés avec calculs devant la TV, sauf que ce n’était qu’un rêve, en effet la boulangère concernée n’a jamais été en contact avec Grégoire la ministre mais le calcul ne provient pas de ses chiffres, en effet elle ne peut avoir d’aides puisqu’elle est dessous des 280euros le MGWH, elle est à 225 euros donc pas d’aides, les technocrates des ministères ont du boulot avant d’endormir le peuple avec des effets d’annonces. Quand aux manifs, il faut reprendre les ronds points c’était plus efficace que d’aller à Paris.

  7. Macron vient de vendre EXXELIA, entreprise française qui fabrique des composants très élaborés notamment pour notre armée (rafales, sous marins…), aux américains. La France est en train de tout perdre. Cet homme est en train de tuer la France. C’est sa mission! Silence de la presse, silence des oppositions politiques. La cause est entendue!

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