L’écrivain de droite Grégory Roose expulsé de la sélection d’un prix littéraire pour « idéologie nauséabonde »
Il n'en revient pas lui-même. C'est par une alerte Google que Grégory Roose, bien connu de nos lecteurs, a appris, le 5 janvier, que son recueil de nouvelles Train de nuit était expurgé de la sélection du prix littéraire Boccace 2023. Motif évoqué : « erreur de casting », selon le média MagCentre qui justifie cette décision : « Pour l’édition 2023 de ce prix reconnu, le jury a reçu les ouvrages des éditeurs souhaitant mettre en valeur les auteurs de ce genre mal connu, mais oh ! stupeur d’un membre du jury : figurait parmi ceux-ci le recueil d’un dénommé Grégory Roose, militant affiché de la droite extrême. Chroniqueur à Valeurs actuelles, Grégory Roose, ancien responsable départemental du FN, tient un blog pour illustrer quotidiennement les théories du "Grand Remplacement" et autres thèses xénophobes et islamophobes, précisant dans une vidéo qu’il souhaite écrire un roman pour défendre cette idéologie nauséabonde. »
Financé par le conseil général du Loiret, le prix Boccace récompense chaque année depuis onze ans « l’auteur d’un recueil de nouvelles, écrit en langue française et paru au cours de l’année précédente » avec, à la clé, une bourse de 2.500 euros. Un bien joli nom emprunté à l'écrivain italien du XIVe siècle pour un prix désormais réservé, on l'aura compris, à une catégorie d'auteurs finement triés sur le volet idéologique. « Un comble mais pas une révélation pour ces grands épris de vivre ensemble, d'écoute de l'autre et de diversité qui, finalement, ne pratiquent que le vivre entre eux », réagit Grégory Roose que nous avons joint au téléphone.
« J'ai été d'autant plus surpris par cette décision qu'en 2020, une des nouvelles de ce même recueil a été lauréate du prix Gérard de Nerval, poursuit Roose. Mes nouvelles sont des saynètes de la vie ordinaire, l'histoire d'un châtelain, celle de la rencontre entre une vieille dame sur le point de mourir et son facteur, celle encore d'un individu stressé qui redécouvre les joies simples de son village natal... Je saisis l'occasion de ces peintures ordinaires toutes simples qui tournent autour des thème de l'héritage, de la transmission, de la vie, de sujets communs pour mener une réflexion sociétale. Rien qui ne porte sur le Grand Remplacement ou l'immigration. »
Peu importe. Pour les grands censeurs comme Gérard Audax, l'organisateur du prix, « l’auteur ne correspond pas aux valeurs humanistes du concours ». Circonstance aggravante et vice rédhibitoire, l'éditeur de Grégory Roose, La Nouvelle Librairie, « par ailleurs publie les œuvres de Zemmour et consorts », s'alarme l'organisateur. Affirmation fausse (jamais Éric Zemmour n'a publié à La Nouvelle Librairie) et un peu courte : qui sont les consorts ? Les services du prix Boccace que nous avons contactés n'ont pas été bavards : au bout du fil, une certaine Axelle nous a gentiment rembarrés au nom de son devoir de réserve qui, dit-elle, l'empêche de s'exprimer sur le sujet...
Grégory Roose, lui, a décidé de réagir. Sur le plan juridique, par une mise en demeure du prix Boccace et sur le plan médiatique : « Mon objectif est de démontrer que cet ostracisme, gravissime pour la liberté d'expression, nous concerne tous. Si un auteur méconnu comme moi qui essaie d'être reconnu pour ses qualités littéraires reçoit un traitement aussi discriminant, imaginez ce que peuvent vivre des étudiants lors d'un concours ou des personnes en recherche d'emploi ostracisées pour leurs orientations politiques. » Signe des temps : dès la publication de son communiqué sur les réseaux sociaux, Grégory Roose a reçu nombre de messages de soutien et de témoignages de « gens qui ont vécu la même exclusion idéologique, notamment pour des embauches ».
Je le fais aussi pour vous, vos emplois, votre liberté d'expression, votre vie en société. Partagez svp.#Discrimination #Traindenuit #PrixBoccace pic.twitter.com/VAPUhqPTfV
— Grégory Roose (@gregoryroose) January 7, 2023
Un nouveau cas d'école qui éclaire sur le travail de purification à l'œuvre au nom d'une pensée woke qui, chaque jour, réclame son lot d'exclus trop blancs, trop mâles, trop russes, trop genrés, trop cathos ou trop réacs. Au risque que le monde littéraire ne ressemble plus qu'à un espace bien clos, gardé par des barbelés et des miradors idéologiques où prospèrent, bien sûr, quelques mouchards.
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40 commentaires
Ben voyons…
Je me demande de quel droit certain se permet d’empêcher de s’exprimer ?
je viens de commander les deux recueils de nouvelles sur libraires.fr ; j’évite Amazon le plus possible ; les achats vont arriver dans le dépôt de mon village