Le 15 mai dernier, un petit-neveu de Brigitte Macron a été attaqué et passé à tabac par trois jeunes hommes. Les agresseurs, récidivistes, sont poursuivis pour « violence en réunion ». À Avignon ont été affichées, dans la nuit du mercredi au jeudi de l’Ascension, des affiches figurant Emmanuel Macron caricaturé en Adolf Hitler, la mention 49.3 tenant lieu de moustache, au-dessus de la phrase : « La désobéissance civile devient un devoir sacré quand l’État devient hors la loi ou corrompu. »

Ces deux faits révèlent d’une part la haine dérangeante que suscite la personne d’Emmanuel Macron, d’autre part le réveil de la violence politique dans la France contemporaine.

L’agression de Jean-Baptiste Trogneux est scandaleuse et inqualifiable. Il serait facile d’en attribuer la cause à la bêtise ou à la marginalité des agresseurs. Elle traduit, en fait, une atmosphère de haine révolutionnaire. La victime a été attaquée non pas pour des faits dont elle aurait été responsable mais en raison de ce qu’elle est : un petit-neveu de la femme du président de la République. C’est le propre de la violence révolutionnaire et totalitaire. Sous la Révolution française vous étiez massacré parce que vous étiez catholique, noble, girondin ou modéré. Donc pour ce que vous étiez ou pensiez, pas pour vos actes. Sous Lénine, Staline, Mao et les autres, parce que vous aviez le malheur d’être né « ennemi de classe ». Sous Hitler, parce que vous étiez juif ou n’adhériez pas à l’idéologie national-socialiste. L’agression de M. Trogneux relève de cette logique révolutionnaire.

L’affiche caricaturant Emmanuel Macron relève du même processus. Pour abattre son adversaire, on l’assimile au pire. Il devient donc légitime de l’éliminer. Lénine qualifiait les « ennemis de classe » de cloportes. Il était donc juste de les écraser. Souvenons-nous que le conseiller régional apparenté LFI Prudhomme n’a pas hésité à reprendre le slogan « Louis XVI, on l’a décapité, Macron, on peut recommencer ! » Il est légitime de ne pas apprécier le président de la République, ses attitudes, ses propos, et sa politique. Mais distiller la haine de sa personne ne l’est pas.

D’autres Présidents ont été détestés. De Gaulle, notamment, puisqu'il a été tenté d’attenter à sa vie à plusieurs reprises. Mais il s’agissait alors de raisons politiques. De Gaulle était haï pour la politique menée en Algérie, pas en raison de sa personnalité. Pour ce qui concerne Macron, le fait est que cette haine se cristallise contre sa personne et semble concentrer toutes les rancœurs accumulées contre le système depuis des décennies.

Cela tient évidemment à l’attitude et aux propos méprisant d’un Président qui confesse avoir dû apprendre à aimer les Français, qui n’hésita pas à parler de « gens qui ne sont rien », qui se moque de « Jojo qui enfile son gilet jaune ». Mais aussi à l’ambiguïté de sa première élection qui tint à une forme de « dégagisme ». Le problème est que l’homme était l’archétype même du système technocratique, européen et mondialiste. Promu par ledit système, il était évident qu’il le servirait. Ce qu’il fait avec zèle. Il incarne donc parfaitement la citation du prince de Lampedusa : « Il faut que tout change pour que rien ne bouge. » Il ne pouvait y avoir que désillusion, et celle-ci s’est muée en haine en raison du comportement et des propos d’un Président réélu par défaut.

Il ne faut pas taire la responsabilité de l’extrême gauche et de LFI dans la dégradation du débat politique. Mélenchon et certains de ses affidés sont des admirateurs revendiqués de Robespierre et de la Terreur. Il semble vouloir rejouer la Révolution française, une orgie de sang, et si l’incitation à la haine raciale est condamnée, il n’en va pas de même pour l’incitation à la haine sociale. Lorsque l’on ne sait plus débattre, c’est-à-dire cesser de se battre pour opposer des arguments de façon civilisée, surgit inévitablement la violence. Sans cesse est dénoncé l’ensauvagement de la société. Il est, somme toute, logique que cet ensauvagement se diffuse dans la vie politique. La République, qui est née de la violence révolutionnaire, est nécessairement mal à l’aise pour combattre ce phénomène. Il faudra bien un jour que la France se guérisse de la Révolution.

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21 mai 2023 à 10:45

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21 commentaires

  1. Excusez-moi de ma franchise, Mr Buffetaut, mais il me semble que votre parallèle entre ce qui est arrivé à ce parent de Macron et les crimes des Révolutions est quelque peu capillotracté. Dans un cas il s’agirait plutôt de quelques pauvres gens bas de plafond, quand les révolutionnaires viennent en général de couches supérieures de la société, qui veulent devenir califes à la place du calife. La haine anti Macron vient d’abord des couches populaires et moyennes qui prennent de plein fouet les fantaisies de notre Jupiter de pacotille. Contrairement à ce qu’avance le flagorneur Mitterrand neveu, la « populace » n’est pas jalouse de la réussite du grand homme, elle est exaspérée par sa suffisance, son mépris et son incompétence crasse.

  2. Moi, avec cette photo de petite moustache, je ne vois pas un Hitler mais un CHARLOT §
    C’est effectivement un Charlot que nous avons comme président !

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