[Tribune ] L’État doit protéger ses policiers et ses gendarmes

gendarme maintien de l'ordre

Sevran, en Seine-Saint-Denis, le 26 mars. Saint-Florentin, dans l’Yonne, le 30 mars. Pierre-Châtel, dans l’Isère, le 2 avril... Autant de lieux et de dates où des policiers et des gendarmes ont été amenés à faire usage de leur arme de service, avec les conséquences que l’on sait, dans le cadre de leurs missions de sécurité publique.

Par le passé, infiniment nombreux étaient les membres des forces de l’ordre qui traversaient leur carrière sans jamais avoir eu l’occasion de se servir de leurs armes en dehors des stands de tir. Et même dans le milieu du grand banditisme, en dehors de quelques cas marginaux et isolés, il était tacitement admis que l’on ne s’opposait pas par la violence, et encore moins par les armes, à l’action de la police. Puis cette tendance a peu à peu évolué. Le « milieu » traditionnel a laissé sa place à de nouveaux venus. Ceux-ci, notamment issus des banlieues, et particulièrement actifs au sein de réseaux liés aux trafics très lucratif de stupéfiants, ont fait de la violence leur moyen d’expression le plus courant. Assimilée à une bande rivale, la police est de ce fait devenue une cible comme toutes les autres.

Le nombre des membres des forces de l’ordre blessés en service en augmentation

Cette violence qui s’est emparée de notre société au cours des dernières décennies s’est trouvée confrontée, paradoxalement, à une forte demande sociétale de paix et de tolérance. La primauté de l’individu sur le collectif, largement défendue par une classe politique opportuniste, a fini par dévoyer la notion même d’intérêt général et son corollaire, la nécessité d’un ordre républicain fort. L’ordre juste, indispensable au développement pacifique et harmonieux de toute société, est donc devenu l’ordre injuste car forcément attentatoire aux libertés individuelles. Il n’est pas nécessaire d’aller chercher beaucoup plus loin les raisons qui font qu’aujourd’hui, les oppositions aux actions quotidiennes des policiers se sont banalisées. Ainsi, face à une résistance que d’aucuns considèrent comme légitime, le nombre des membres des forces de l’ordre blessés en service n’a cessé d’augmenter pour atteindre désormais des records.

Dans ce contexte de violences exacerbée, les policiers et les gendarmes sont maintenant confrontés à un dilemme. Soit ils interviennent, et doivent être prêts à assumer physiquement et juridiquement les conséquences de leurs actes. Soit ils renoncent à intervenir, et c’est la République qui se déshonore en n’assumant pas son devoir de protection des citoyens.

Dans les faits évoqués ci-dessus, policiers et gendarmes ont fait le choix de ne pas reculer. Bien sûr, à Sevran, ces policiers de la BAC auraient pu regarder ailleurs et ne pas s’intéresser à celui qui, voleur de voiture et « connu des services de police », a tout fait pour éviter le contrôle dont il était l’objet, provoquant lui-même les conséquences dramatiques que l’on connaît. De même dans l’Isère, où les gendarmes, confrontés à un individu extrêmement violent et déjà connu pour de multiples infractions, ont choisi de le neutraliser afin d’éviter le pire. Parce qu’ils n’ont pas reculé et parce qu’ils ont assumé leurs responsabilités, ces membres des forces de l’ordre sont aujourd’hui face à la Justice.

Afin de protéger les policiers et les gendarmes, certains candidats à l’élection présidentielle proposent des solutions. Il en est ainsi, notamment, avec la « présomption de légitime défense », qui aurait pour effet, non pas d’entraîner l’impunité des agents éventuellement fautifs, mais tout simplement de renverser la charge de la preuve. De la sorte, il n’appartiendrait plus aux policiers et gendarmes de prouver que c’est à bon droit qu’ils ont fait un usage proportionné des armes mais à la partie qui se prétend victime d’établir que son comportement, et notamment les infractions commises, n’étaient en aucune manière de nature à provoquer le tir des forces de l’ordre.

La banalisation de la violence dont sont victimes policiers et gendarmes ainsi que les Français, appelle une réponse forte de l’État. Et ce n’est pas en se prononçant contre la légitime défense, et donc pour la loi imposée par les criminels, ainsi que l’a récemment fait le Président sortant, que l’on retrouvera une France apaisée. Le droit et la force doivent redevenir les instruments de l’État et de l’État seulement !

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Aucune réforme, de quel qu’ordre que ce soit, ne peut être envisagée dans un pays qui subit un désordre pérenne.
    Il faudra bien que tous nos politicards adhèrent un jour à ce postulat.

  2. Pour ce régime, les forces de l’ordre sont de la chiourme… Elles sont là pour obéir; pour cogner sur ceux sans défense.
    Pas question de les défendre contre la racaille. La racaille doit être conservée car elle fait peur aux bourgeois … C’est le gouvernement par le chaos !

  3. Peut on encore parler d’honneur de la République, quand ses plus hautes fonctions sont occupées par des gens sans honneur.

  4. Sans légitime défense c’est l’anarchie. Le paysage de la sécurité en France a changé la loi de la LD doit être revue et corrigée en faveur des FDO et des particuliers. L’intégrité physique est sacrée pas pour les criminels. Trop d’affaires du genre se répètent. Soit la loi est du côté du peuple soit elle n’est plus ou peu appliquée. Une réforme s’impose.

  5. L’état doit protéger les citoyens avec l’aide des gendarmes et policiers .Hélas ces deux professions ont massacré l’honnête citoyen avec l’aval de l’état .Et pendant ce temps là les racailles sévissent en toute impunité .

    • Sur ordre de qui ? Sur le « conseil » de qui ? Darmanin à ce moment ministre du Budget les traitait de Peste Brune ! Mutatis mutandis l’équation est la même que celle de la Justice. Le mur des con n’en ests pas le monopole.

  6. Le fait, seul, de se prononcer « contre la légitime défense » devrait l’exclure de l’élection dès le premier tour. Oui mais voilà ….

  7. Il faut arrêter avec ces éléments de langage  » la France apaisée » des que j’entends le mot apaisé je cherche les islamo-gauchiste et droitiste ils sont pas loin !!

  8. Comme aux US, les gardiens de la paix (et de notre sécurité) ne devraient pas pouvoir être poursuivis.

    • Tout homme peut être poursuivis s’il commet une faute et taper sur des manifestants pacifiques en est une. Je pense qu’il y a aussi un problème de recrutement et de formation tout comme une mauvaise utilisation des forces de l’ordre par le pouvoir. Mais quelque soit votre costume, vous êtes responsables de vos actes.

  9. Il y a peu de pays qui acceptent que les citoyens s en prennent a la police…la question intéressante, c est « pourquoi? » Le chaos volontaire comme aux USA.

  10. Rien à ajouter ni commenter cher Monsieur Damien.
    Vous avez tout dit et l’avez parfaitement exposé.

  11. Quant les forces de l’ordre deviennent police d’état elles ne sont plus au service de la nation France, mais au service d’une classe politique corrompue par le pouvoir et l’argent facile, c’est bien connu, le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.

  12. La peur doit changer de camp. Quand on a rien à se reprocher on obtempère aux forces de l’ordre, mais on doit être sur d’être traité dignement. Tous ceux qui s’en prennent aux policiers ou gendarmes ou refusent de se plier aux injonctions doivent se voir doubler leur peine et ne pas pouvoir disposer de réductions.

    • Mais pour ce faire on doit leur en donner les moyens juridiques en plus du reste Tant que la justice donnera préférence à l »agresseur…

    • Avant de protéger les autres , il faut d’abord qu’ils soient protéger eux même et ce n’est pas le cas sous ce régime .

  13. M. DAMIEN, j’ai déjà eu l’occasion de répondre à vos tribunes. Quel dommage que les forces de l’ordre se soient fourvyées avec beaucoup de zèle à la répression, aux mutilations des gilets jaunes, ceux de la première heure j’entend, pas les « récupérateurs politiques ». Mais avant de rendre « force à la loi », une sacrée épuration me semble nécessaire et j’aurais aimé avoir votre sentiment sur l’attitude d’un « gardien de la paix » qui jette à terre le drapeau de la France face au mémorial du sacrifice

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