[Satire à vue] France 2 et deuxième tour : vers une double absence ?

élysée

La colère gronde dans les couloirs de France 2. À cinq jours du premier tour, alors que la seconde moitié des candidats était invitée à participer à l'émission « Élysée 2022 », Emmanuel Macron décline. Dans les sondages, d'abord, l'invitation ensuite. Au beau milieu de Valérie Pécresse sur son 31, Anne Hidalgo au sommet de ses 2 %, Éric Zemmour en tenue de combat, Yannick Jadot en pleine floraison et Philippe Poutou, une place restera affreusement vide. L'ami de cinq ans à qui la rédaction avait tout donné, tout consacré, ne sera pas présent. Le camouflet est venu s'abattre sur les joues de la brochette de Patrick Cohen, Anne-Sophie Lapix et autres journalistes à la neutralité inoxydable. C'en était trop. Une lettre ouverte s'imposait. Finies les cartes postales enamourées, les « bons baisers » de Russie. Papier, buvard et plume d'oie. Retour aux fondamentaux. « Nostre rédaction s'en trouve fort marrie » et affirme « regretter ce choix qu'elle ne comprend pas ». Pas de timbre, il ne le mérite pas. « Messager, veuillez porter ce pli au Palais. »

Valérie Pécresse crie au scandale (sans prompteur !). La dérobade est consommée, la démarche antidémocratique avérée. Le futur réélu d'office a mieux à faire. Mais ne nous fâchons pas. L'équipe de campagne du Grand Déclinant explique cette défection par un « problème d'agenda ». Malgré ses pouvoirs surnaturels, le chevalier blanc ne peut courir tous ses royaumes médiatiques à la fois. Même le duché BFM TV ne pourra pas être visité. L'homme consacre sa semaine au menu fretin de la presse provinciale et quelques médias radiophoniques. L'immensité de son absence sur le plateau de France 2 sera la marque des grands. Un candidat jupitérien ne fait pas campagne. Il survole. Daigne se présenter au premier tour alors qu'un passage furtif au débat de l'entre-deux-tours eût suffi. Deux minutes. Un simple regard caméra et le bon peuple s'en fut trouvé à nouveau envoûté pour cinq ans. La gent journalistique et politique n'a pas saisi l'ampleur du phénomène.

La possibilité de remplacer le Grand Défaillant par Gérald Darmanin aurait été envisagée par la rédaction de la chaîne. Son épouse, un cousin éloigné... Le risque que le téléspectateur préfère la copie à l'original était trop grand. Les silences qui suivent les discours sont encore du Macron. Les cinq outrecuidants concurrents pouvaient tomber dans ce gouffre laissé par cette royale carence.

Pour combler ce déficit de temps de parole, la chaîne diffusera, tard dans la soirée, après le générique, quelques extraits du meeting tenu, ce dimanche, à l'Arena Paris La Défense. Des plans sur les chaises vides viendront démontrer la cohérence du candidat. Absence de programme, de spectateurs et, enfin, de sa propre personne. L'apothéose consisterait en une non-participation au second tour. Le « Grand Rien » serait alors atteint. L’œuvre inachevée laisserait les esthètes sur leur faim. L'artiste se doit à ses admirateurs les plus fervents. Le vide ne supporte pas l'amateurisme.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Pöurquoi débattre avec ceux que la presse démollit à sa place? Son silence le protège. Du moins le croit-il. Tous les gens de rien, et les emmerdés, bref les bas-de-plafonds dont il aime tant la servilité, doivent voter pour Lui, c’est évident!

  2. On ne timbre pas un courrier pour l’Elysée, qui en est dispensé !
    Mon choix de votant étant fait depuis longtemps (EZ), ces déballages de professions de foi sur des chaînes de la doxa en place, la main sur le cœur, ne m’intéressent plus. D’ailleurs, si je ne déteste pas occasionnellement un verre de rouge, hors de question de me vautrer dans cette ivresse émétique des partis verts ou rouges ! Je sais me tenir, que diable.

  3. « Il » n’est même pas poli, le mépris et l’arrogance continuent !!!! Allez voter contre ce paltoquet que la plupart d’entre vous ont élu la dernière fois ! Cinq ans ne vous suffisent-ils pas ?

  4. Mieux que Poutine qui le tenait à distance respectable, par peur de la COCID. Lui fuit ses adversaires par mépris et n’avoir pas à répondre sur ses propres magouilles.

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