On entend souvent dire que les immigrés sont une source de richesse pour la France : en y dépensant ce qu'ils gagnent, ils contribueraient à la croissance. Cette vision optimiste, qui ne saurait, de toute évidence, s'appliquer aux nombreux immigrés illégaux, assistés par le contribuable, ni aux mineurs isolés, doit, dans tous les cas, être avancée avec précaution.

En effet, selon les chiffres publiés par le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), en 2021, les immigrés du monde entier ont envoyé 577 milliards d'euros à leurs familles dans les pays en développement, pour lesquels ces transferts de fonds constituent une manne conséquente : c'est une « bouée de sauvetage » pour les populations concernées. Elle dépasserait même, parfois, le montant de l'aide au développement. Selon cette agence de l'ONU, entre 2022 et 2030, la totalité de ces envois pourrait atteindre un montant d'environ 5.130 milliards d'euros. La France est largement touchée par le phénomène.

On peut donc penser qu'en France, les travailleurs immigrés travaillent au moins autant pour le bénéfice de leur pays d'accueil que pour celui de leur pays d'origine. On ne saurait le leur reprocher. Ces fonds transférés permettent aux familles concernées de se nourrir, de se soigner ou de payer la scolarité des enfants, parfois de survivre. Au demeurant, on sait à quoi ils servent, ce qui n'est pas le cas des aides au développement, dont l'utilisation n'est pas toujours transparente, dans des pays où la corruption est courante.

Les requins étant toujours à l'affût et ne perdant aucune occasion, ces transferts de fonds deviennent un objet de spéculation. Les géants du secteur, ravis de cette aubaine, font payer cher les transactions. « Au premier trimestre 2021, le coût de l'envoi d'argent au-delà des frontières internationales est resté élevé, autour de 6,4 % en moyenne », affirme la Banque mondiale. Ne parlons pas des taux de change du marché noir, qui atteignent des records. Les envois par portable se développent, des start-up se lancent dans l'aventure et proposent des tarifs concurrentiels. Bref, c'est un marché en pleine expansion.

Alors que la crise migratoire continue en Europe, il apparaît que les migrants déjà installés envoient de plus en plus d'argent vers leurs pays d'origine. Le gouvernement français laisse faire, croyant, sans doute, y trouver son intérêt. Il rejette l'idée même de bloquer les transferts vers les pays qui n'accepteraient pas de rapatrier leurs ressortissants, quand ils sont indésirables sur le sol français. Pas question, non plus, de suspendre les aides au développement. Moins par humanisme que pour ne pas donner raison à Éric Zemmour ou Marine Le Pen. Somme toute, nos dirigeants s'accommodent de ce système, malgré ses travers : il leur donne bonne conscience.

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18 juin 2022 à 16:10

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16 commentaires

  1. après l’indépendance de l’Algérie, mon père et reparti travailler la bas pour une compagnie pétrolière (1970/1975), il n’avait pas le droit d’envoyer en métropole plus de
    5°/° de son salaire, pourquoi ne pouvons nous pas faire le même chose ici??

  2. Un Français qui investit ou place son argent à l’étranger, c’est mal.
    Si c’est un immigré c’est bien.
    Qui est discriminé là ?
    Ah oui dans ce sens là pas de problème

  3. La pub de Western-Union à la TV : « Envoyer de l’argent … » et on voit une pluie de biftons tomber sur un village …. Africain !

  4. La manne financière qui traverse la Méditerranée est la preuve que les aides sociales attribuées aux français de papier sont trop généreuses et ne participent pas à l’économie française. Ce n’est pas aux travailleurs locaux de financer le train de vie de familles étrangères qui vivent dans leur pays indépendant depuis plus d’un demi siècle.

  5. Pas moins de 589 milliards de dollars, soit 520 milliards d’euros : telle est la somme colossale que les migrants du monde entierauront perçue dans leur pays d’accueil en 2021 et qu’ils auront envoyée dans leur pays d’origine, selon les estimations de la Banque mondiale publiées le 17 novembre. Un chiffre en hausse de 7,3 % sur un an, soit par rapport à 2020.
    Et il faut ajouter la fraude sociale gigantesque en France, évaluée à 100 milliards, par le magistrat Charles Prats.

  6. Voilà un bon moyen de maintenir la retraite à soixante ans et de réindexer ces mêmes retraites sur l’inflation.
    La France doit prendre en main cette fuite de capitaux en interdisant les transfert de fonds autres que par une banque autorisée.
    Offrir le transfert gratuit à l’immigré, mais prélever une taxe de 20% sur la transaction.
    Ce mécanisme, plus une chasse intense à la fraude sociale, voilà de quoi renflouer nos caisses de retraites.

  7. On laisse sortir l’argent pour ne pas déstabiliser les pays receveurs via les familles de travailleurs « chances pour la France ». Quel est le pourcentage qui reste dans les familles, il faut bien que ceux qui ont financé les départs rentrent largement dans leurs fonds. Comment expliquer autrement qu’un village sénégalais soit devenu en en 50 ans la deuxième ville du Sénégal siège d’une confrérie sunnite? Sait-on combien de « chances pour la France » ont été utilisés pour installer la fibre?

  8. Cela fait longtemps que les travailleurs immigrés avec ou sans papier ,honnêtes ou malhonnêtes envoient des sommes colossales au pays !
    C’ est même une filière qui marche très bien :faire venir dans notre pays ,à grands frais (les passeurs coûtent cher)l’élu qui ,avec un peu de chance se fera une place dans notre société et pourra nourrir le village qui l’ a envoyé!
    Quant aux moins doués qui ne trouveront pas d’ occupation honnête ,il existe d’ autres moyens de bien gagner sa vie!

  9. western union fait ses choux blancs avec les prestations sociales et autre aides que nous payons avec nos impôts

  10. Bloquer le transfert de fonds vers les pays qui ne veulent pas reprendre leurs ressortissants, une bonne façon de les y contraindre. alors , nos  » élites » nous disent c’est pas possible ! Pourquoi ? On sanctionne la Russie , on arrive à contraindre 60 millions de Français à sortir avec un laisser passer ( covid) et là on ne pourrait pas contraindre les banques ? On nous prend pour des « jambons ».

  11. Il suffit de voir les publicités récurrentes d’un organisme spécialisé pour ces transferts de fonds (WU pour résumer le sujet)…

  12. « nos dirigeants s’accommodent de ce système, malgré ses travers : il leur donne bonne conscience. ». Cette dernière phrase résume à elle seule la duplicité de nos gouvernants. Merci monsieur Kerlouan pour cet éclairage.

    1. La même pensée m’est venue à l’esprit. Effectivement merci monsieur Kerlouan.

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