Toutes pourries, les Éminences ?

cardinaux

"L’Église est une prostituée que le Christ lave de son sang tous les jours", a dit Origène. À voir la cappa magna déployée derrière une Éminence, sur les marches de Saint-Pierre, on le croit aisément. Quatre ans de travail, une promotion médiatique du tonnerre de Dieu, les révélations de Sodoma ouvrent à la planète le secret de Polichinelle : la présence du lobby gay au Vatican. Martel est un bon apôtre qui vient en aide aux plus « fragiles » : ces Éminences qui, ne pouvant vivre au grand jour leur homosexualité, s’étaient réfugiées à Rome. On pourrait louer le Vatican d’avoir offert une protection à ces victimes de la société. Mais, pour Martel, le temps du millénarisme homosexuel est venu : libérer l’Église de la malédiction biblique (Genèse, XIV) sur les sodomites.

Dans son tableau haut en couleur, tout y est, du stupre à la drogue à la passe faite aux migrants. Avec le film sorti en France sur les abus sexuels sur mineurs, on comprend enfin les semonces papales — tête baissée, voix sourde — faites, au jour de l’An, à la Curie. Avec un peu de chance, et grâce aux hommes de bonne volonté, on va repousser définitivement du monde un Dieu indésirable.

À une émission télévisée récente était réuni un aréopage dont Jean-Michel Aphatie. Martel, invité de choix, prit place au côté de notre académicien préféré. Rappelons la thèse : les prélats sont, à 80 pour cent, des homosexuels, et les homophobes, dans l’Église, des homosexuels refoulés. On aurait aimé poser deux questions. Pourquoi le pape a-t—il si longtemps adopté, avec McCarrick, "la stratégie du silence" ? Et pourquoi charger l’homme à la cape rouge, le cardinal Burke, que Martel n’a jamais rencontré ? Martel a-t-il bien atteint son but ?

Que les lobbies prospèrent au Vatican, on le sait depuis longtemps, mais 80 pour cent, n’est-ce pas exagéré ? On peut penser que le Vatican est une taupinière infiltrée comme une autre. Or, c'est des lobbies que le pape a dit ("Qui suis-je pour juger ?") que leur présence n’est jamais bonne. En réduisant McCarrick à l’état laïc, le pape s’est incliné devant des faits.

Depuis quinze ans, tout dégringole dans notre société. Alors, tous pourris, les cardinaux, prédateurs et refoulés ? Soyons honnête. Si le sacerdoce est une charge, c’est surtout un sacrement qui témoigne de la bienveillance de Dieu pour les hommes. L’Église doit, non pas faire entrer les femmes au Vatican, mais vérifier l’authenticité de la vocation des prêtres et veiller à leur formation intellectuelle. Le mot « amour » doit retrouver sa transcendance : amour et respect du Créateur et de sa créature, vérité, courage, pureté du cœur et des mœurs. C’est de cette Église forte qu’on a besoin, non d’une Église chamallow ouverte à tout vent.

Pour les crimes dans l’Église, c’est « tolérance zéro. » Mais qu’on n’oublie pas la phrase de Jeanne d’Arc : "L’Église et le Christ, pour moi, c’est tout un." Pécheurs, nous le sommes, mais pas tous pourris, même dans l’Église.

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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