Il n'est peut-être pas le seul bon ministre indiscutable du gouvernement, mais il n'en est pas loin !

Et il plaît autant au pouvoir qu'aux citoyens. Pourquoi ?

Dans ses attitudes, dans son apparence, souriant quand il faut, chaleureux sans débordement, il ne fait pas pourtant dans la démagogie et ne cherche pas à attirer les suffrages par une sorte de simplisme exagéré ou de veine abusivement populaire qui ne lui irait pas du tout. Net sans être roide, précis sans être sec, il tient bien les deux bouts d'une chaîne entre compétence et empathie.

Et il n'est pas malhabile sur un plan politique. Il n'oublie aucune des conventions qui s'imposent à un ministre même quand il s'affirme libre et indépendant d'esprit. Il rend hommage au président de la République mais s'arrête juste avant la flagornerie. Il soutient qu'on a donné trop d'importance à l'affaire Benalla mais ne va pas jusqu'à l'absurdité. Il est modeste, comme il sied à quelqu'un qui connaît sa valeur, en s'estimant honoré par sa seule fonction de ministre qui suffit à son ambition.

Ses réponses sont parfaites qui manifestent sa loyauté et son classicisme. Comment le pouvoir ne pourrait-il pas se féliciter d'avoir à son service un tel ministre, un politique aussi fin ?

D'autant plus que les citoyens, la société le plébiscitent.

Avec quelle assurance tranquille il expose son programme, répond aux objections, formule ses orientations sans qu'à aucun moment il ne se départe d'un bon sens qui est sa grande force puisqu'elle ancre enfin ce ministère tant chahuté et ingérable avant lui dans une sorte de parenthèse efficace, d'accalmie bienheureuse !

La qualité intrinsèque de l'action qu'il mène et des perspectives qu'il ouvre n'est pas seule responsable du formidable crédit qui lui échoit et qui résiste à toutes les tempêtes périphériques. Il a même eu la chance de pouvoir soumettre aux députés son texte sur "une école de la confiance" sans qu'il ne soit reporté, comme tant d'autres, à cause de la crise des gilets jaunes.

Il est essentiel de comprendre les raisons de cette adhésion forte. Elle tient au fait que, de manière sereine et limpide, il a jeté au rancart tout ce qui relevait de la politique calamiteuse d'avant, de ses principes et de ses pratiques. La cohérence est revenue et, avec elle, le sentiment qu'on a enfin un ministre digne de cette fonction, apte à la maîtriser et capable à la fois de concilier l'ancien, s'il est nécessaire, avec le nouveau, s'il est utile. Il a bénéficié de la comparaison avec le pire mais il a su engendrer le meilleur.

Bien sûr que le drapeau et la "Marseillaise" n'ont rien de réactionnaire ! C'est le progressisme diffus s'ajustant mécaniquement au temps qui passe qui constituait le plus grand risque. Jean-Michel Blanquer, sans s'excuser mais en donnant l'impression de ne rien entreprendre ni transformer par provocation, bouleverse le champ de l'Éducation nationale en le plaçant sous l'égide de deux vertus fondamentales : le respect pour les professeurs, un splendide métier, une magnifique mission, et la confiance à redonner aux parents.

Parce que, si ce ministre plaît tant, cela tient surtout au fait que l'Éducation nationale est au cœur des préoccupations citoyennes, des soucis familiaux, de la quotidienneté de tant de Français. Ce ministère n'est pas comme les autres. Par exemple, le domaine de la Justice, heureusement, laisse une majorité en dehors de son emprise. L'éducation est nationale et chacun, étant concerné de près ou de loin, directement ou indirectement, est évidemment le témoin immédiat des avancées ou non de la politique de l'Éducation nationale.

Avec Jean-Michel Blanquer, aucun doute n'est possible. Son succès semble même avoir dépassé les frontières traditionnelles. Dans la société, si on laisse de côté les réflexes partisans des adversaires politiques et des fumeux pédagogistes, les esprits de gauche et de droite semblent accordés pour soutenir un ministre et une politique auxquels on veut d'autant plus laisser toutes leurs chances qu'ils ont fait plus que commencer à les mériter.

Le comble : on est même prêt à croire Jean-Michel Blanquer quand il déclare que "l'Éducation nationale n'est plus un mammouth mais plutôt un grand félin".

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26 février 2019 à 9:40

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