Toujours plus fort : maintenant, des « voies Covid » en ville

800px-Bridge_Of_Avignon_Vaucluse_France_Avignon

On pense Covid, on agit Covid, on vit Covid, on dort Covid, et plus si affinités, à condition de se protéger… le visage. Jadis, tout était politique. Tout est, désormais, Covid. Un nouvel exemple, tout chaud, venu d’Avignon : dans la cité des papes, des voies Covid ont été instaurées.

Précisons, tout de suite, qu’il ne s’agit pas de voies réservées aux personnes testées positives ou, inversement, négatives. Non, c’est plus compliqué, plus élaboré que ça. « La ville d’Avignon développe une stratégie de circulation qu’elle relie à la Covid-19 », titre France Bleu Vaucluse. Le mot est lâché : stratégie. On ne se contente pas de regarder au bout de son nez masqué. On élabore une réflexion profonde qui va permettre d’enquiquiner un maximum d’automobilistes en un minimum de temps avec un minimum de moyens.

Avant, c’est-à-dire dans le monde d’avant, rappelons-le, c’était pour sauver la planète. Faut dire que ça prenait moyen. Puis vint le temps de la pandémie. À tout malheur, bonheur est bon. Une aubaine, en quelque sorte, pour ceux qui n’ont pas oublié le combat du siècle, pour ne pas dire du millénaire, quasi messianique : bouter la bagnole hors de la ville.

Alors, voilà l’idée : on a remarqué qu’avec le déconfinement, les gens ont eu du mal à reprendre les transports en commun. Donc, risque majeur que la voiture revienne en force en ville. Vous suivez ? Donc, pour l’en dissuader, quoi de mieux que de « proposer que le vélo puisse être une option », nous explique l’adjoint délégué à la ville apaisée et respirable qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire en découvrant son titre ronflant comme un moteur thermique, n’est pas en charge de la sécurité mais, en clair dans le texte et dans la vie de tous les jours, aux mobilités, à la circulation, au stationnement et à la logistique urbaine. Une option, « du moins pour les gens qui sont à trois ou quatre kilomètres du lieu où ils vont se rendre ». Pour les autres, c’est une autre histoire.

Donc, à certains endroits de la ville, on a élargi les pistes cyclables existantes, nécessitant, par voie de conséquence, de réduire la circulation à une seule voie. Asticieux (contraction d’« astucieux » et « vicieux », mot non encore « laroussisé », mais il ne faut pas désespérer). En gros, d’une pierre deux coups : le virus et la voiture circulent. Stop au Covid et à la bagnole, ce qui pourrait faire, toujours en contractant : StopCognole ! Un slogan qui en vaut un autre.

M. l’adjoint délégué à la ville apaisée et autres lieux explique qu’« on a appelé ces voies ou rues “covid” parce que effectivement covid est un terme qui est rentré largement dans la tête des gens [le moins qu’on puisse dire !] et qu’ils comprennent que c’est lié à cet événement. » On pense Covid, on se déplace Covid, on enquiquine Covid…

Et c’est ainsi que l’on découvre, à certains endroits de la ville, des panneaux jaunes représentant un cycliste avec l’indication « Mesure COVID ». Si c’est pour le Covid, alors… Je suis sûr qu’on devrait pouvoir limiter la vitesse sur les autoroutes à 90 km/heure au nom du combat contre la bête. Vous croyez ? Si, si, en cherchant bien.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois