La belle qui couchait avec le roi de Prusse ou la « barbarie » de la tonte !

tondue

Que ceux qui pouvaient craindre que le « fait divers » eût été occulté par les médias se rassurent ; l’abomination subie par l’adolescente musulmane de Besançon est bien relayée dans la presse avec ce titre-choc : « Tondue et frappée par sa famille parce qu’elle fréquente un chrétien ».

Le ministre de l’Intérieur « et des Cultes », Gérald Moussa Darmanin, lui-même issu d’un couple mixte, a dégainé le tweet : « Tondue et frappée parce qu’elle “aimait un chrétien”. Profondément choqué par cet acte de torture sur cette jeune fille de 17 ans. Les quatre mis en cause ont été placés en garde à vue. Cette barbarie appelle les sanctions les plus sévères. »

Et nous pouvons penser – malgré nos préventions contre les politiciens arrivistes et dénués de morale compassionnelle – que son émotion n’est pas feinte lorsqu’il évoque une « barbarie ».

Cette « barbarie » est-elle le fait d’une pratique communautaire inscrite dans l’islam ou simple résultante d’un vieux réflexe ancré dans les mentalités de certains groupes, ou individus, dans lesquels la famille, cellule de base de la société, reste le maillon fort de la structure sociale, où le patriarche est à la fois référent moral et juge ?

Quelques faits : en mars 2014, un père de famille de Schiltigheim, mis en colère par les mauvais résultats scolaires de sa fille de 15 ans et par ses conversations avec un garçon sur Internet, la punit en la tondant. Nous ne savons rien, par la presse, sur le milieu d’origine de l’individu, si ce n’est que la situation s’est produite chez un couple à la dérive.

En 2015, à Tacoma (banlieue de Seattle), Jeff Laxamana, philippin et chrétien d’origine, coupa les cheveux de sa fille Isabel, 13 ans, pour la punir d’abuser des médias sociaux. L’affaire fit grand bruit car certains internautes lièrent le suicide de l’adolescente, quelques jours plus tard, à cette punition.

La punition par la tonte est une pratique ancestrale qu’on retrouve dans beaucoup de sociétés archaïques. Plus près de nous – qui ne connaît la chanson de Brassens –, pensons à ces quelques images scandaleuses de 1944, en noir et blanc, des foules hilares, haineuses, dont la lâcheté se voulait héroïque, qui poursuivaient ces femmes françaises, coupables, ou présumées, de collaboration horizontale ou autre avec l’occupant teuton. Déjà jugées par la vindicte populaire et par un travers de notre nation qui ne nous honore pas : « épuration sauvage » !

Les historiens du fait ont souligné que cette punition en place publique, où les victimes sont présentées comme des débauchées – et, pour le coup, « débochées » –, les mettait dans la situation de la victime expiatoire. La nation n’ayant pu éviter l’humiliation par sa propre faiblesse, la femme devenait symbolique du territoire perdu à reconquérir, et sa punition, en quelque sorte, lavait la souillure. Nous sommes là dans un domaine irrationnel qui plonge aux lointains de l’humanité patriarcale.

Les exemples des jeunes filles de notre temps ainsi punies par leurs pères, pour désobéissance, relèvent d’un même domaine ; au niveau du noyau d’origine qu’est la famille. Sa dérive violente – qui peut virer au tragique – est aussi l’expression d’un échec éducatif que le bourreau voudrait gommer.

Mais dans le cas de Besançon, par-delà l’intemporalité shakespearienne du drame, un autre paramètre s’ajoute : celui de la foi. Le Coran ne dit-il pas « Ne prenez pas pour époux un polythéiste à moins qu’il ne devienne croyant » (S2.V221) ?

En punissant sa fille avec « barbarie », son père entendait peut-être aussi la protéger à sa façon de la souillure et… assurer son salut. Dans un contexte de repli communautariste appuyé sur l’intransigeance religieuse, il n’est pas sûr que « les sanctions les plus sévères » puissent ramener ce brave homme à la raison républicaine !

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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