Tops et flops des députés un an après (2/2)

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La recomposition de l’Assemblée nationale a redonné un coup de projecteur sur l’actualité parlementaire. Un an après, quels députés ont confirmé et lesquels ont déçu ? Précision importante : les critères retenus se situent prioritairement sur le plan du travail fourni et de la visibilité. Le critère idéologique apparaît ici secondaire. Après avoir étudié les tops, nous avons sélectionné quelques flops.

Mathilde Panot (LFI)
La chef de file de La France insoumise à l’Assemblée nationale a ceci de pratique qu’elle incarne et condense l’échec de la stratégie insoumise au sein de l’Assemblée nationale. La stratégie du chaos orchestrée par l’aile gauche de la NUPES à grand renfort de provocations et d’outrages aura finalement parfaitement fonctionné, mais à son propre détriment. Condamnée à courir après la fuite en avant de Jean-Luc Mélenchon, LFI enchaîne les déconvenues et pâtit de son mode de fonctionnement vertical et sectaire au point de froisser ses propres alliés. De communiqué en communiqué, les noms de partis disparaissent des prises de parole commune. Si le PCF est à deux doigts du départ définitif, la tension latente entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon va consommer le divorce. En maintenant la mainmise insoumise sur la NUPES et en imprimant sa marque revendicative pour ne pas dire outrageuse, Panot a, à la fois, réussi à transformer l’identité de LFI à l'Assemblée mais aura aussi réussi à la sortir de l’arc républicain. C’est l’inconvénient principal à rejeter tout opposant à l’extrême droite. À force de se convaincre que tout le monde roule à contresens, Mathilde Panot aura mis le bus insoumis à contresens sur l’autoroute du pouvoir. Condamnée à espérer le carambolage général ou la destruction de l’autoroute.

Antoine Léaument (LFI)
Si Mathilde Panot est la voix, Léaument est le canal. Celui qui s’est auto-nommé « député-youtubeur » continue d’être le porte-voix de la France insoumise sur les réseaux sociaux. C’est une double erreur. Premièrement parce que l’immense majorité des électeurs n’y est pas, ensuite parce que le code des réseaux sociaux condamne à l’outrance et rejette la nuance. Léaument fait partie de ces politiques qui s’animent derrière une caméra et savent trouver le hashtag pertinent mais demeurent ridicules sur le terrain. À l’image de ces prises de vues où on le voit zonant avec des jeunes de cités sur un porche d’immeuble, allant à la rencontre des policiers sous l’œil goguenard et hilare de ces jeunes, ou encore pris au dépourvu par Alice Cordier, la présidente de Némésis. Antoine Léaument apparaît bien pâlot et compte trop sur le buzz pour exister. A contrario d’un David Guiraud tout aussi radical mais ne fuyant pas l’affrontement, Léaument semble passer de sa chaîne Twitch à la tribune, de Snapchat à TikTok sans qu’au final on parvienne à déceler le bénéfice de sa stratégie numérique et politique. Flop parce que condamné à cela. Pas décevant, mais prévisible.

Olivier Marleix (LR)
À l’instar de Mathilde Panot, c’est aussi parce qu’il est le chef qu’il figure dans ce classement. Le pauvre Olivier Marleix ne manque pourtant pas d'une solide culture et d’un véritable fond politique. Mais le président du groupe LR à l’Assemblée nationale est à l’image de sa formation : exsangue et inaudible. Tiraillé entre les Macron-compatibles, les frondeurs et les prudents, Olivier Marleix, en un an, n'aura pas réussi à dégager une ligne lisible et un cap clair. À l’image de l’épisode des retraites, le député d’Eure-et-Loir a vu les partisans de la motion et ses contempteurs s’affronter pendant que son président de parti et celui du Sénat négociaient avec Élisabeth Borne. Au final, le groupe d’Olivier Marleix aura sauvé le gouvernement Borne. Un calcul de long terme mais un désastre moral pour celui qui avait pourtant publié l’un des meilleurs réquisitoires anti-Macron en librairie, l’année précédente. La liquidation politique menace réellement l’auteur du Liquidateur.

Alexis Corbière (LFI)
Il est le troisième Insoumis de la liste et a bien failli céder sa place à Carlos Mertens Bilongo. Mais Alexis Corbière n’en finit plus de se perdre. Le compagnon de Raquel Garrido a connu les polémiques, les calomnies et de sacrées turbulences avec l’accession de Manuel Bompard à la tête de LFI, se voyant ainsi proprement barré des instances dirigeantes du parti. Un coup dur pour ce fidèle historique de Jean-Luc Mélenchon garant d’une ligne de gauche éloignée de l’indigénisme. Mais elle est lointaine, l’époque où Corbière ferraillait en toute liberté avec Valeurs actuelles. Ses larmes de crocodile pendant la pitoyable affaire Fournas et l’érection de Carlos Bilongo en martyr de l’antiracisme avaient suscité quelques réactions moqueuses. Transparent dans l’Hémicycle, Corbière est en pleine disgrâce et voit sa ligne neutralisée par la frange indigéniste de La France insoumise. Comme un athlète devant courir un marathon avec une crise d’asthme, Corbière semble déjà essoufflé quelques mètres après la ligne de départ.

Aurore Bergé (Renaissance)
La députée des Yvelines aura finalement réussi à être nommée ministre. Désormais en charge des « Solidarités », Aurore Bergé quitte la présidence du groupe Renaissance, un poste stratégique et en pleine lumière, surtout pour une majorité relative. Miroir inversé de La France insoumise, Aurore Bergé incarne l’extrême centre, avec des prises de position et des avis tranchés, quelques fois courageux, parfois à la limite de la décence, comme lorsqu’elle avait utilisé le drame d’Annecy pour neutraliser une proposition de loi abrogeant la réforme des retraites. Difficile, donc, de voir pour celle qui fut militante à l’UMP et soutien tour à tour de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé puis François Fillon avant de rallier Macron, les gains d’un tel ministère, tant les caméras et les attentions sont portées sur l’Assemblée nationale. Elle s’est essayée en chef de file, en roc dans la tempête, la voici tenant un portefeuille ministériel de seconde catégorie. Reste à savoir si le flop législatif va être suivi d’un flop ministériel. Affaire à suivre…

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Voter les lois qui peuvent être rationnelles tout en maintenant une opposition bien que trop partielle serait il inaudible ? Dommage que Mr Olivier Faure ne fasse pas parti des gens discriminés de la Nupés à juste titre d’ailleurs !!Juste pour rappeler que les idées sur l’économie de MLP sont absolument nulles, mais y aurait il beaucoup de malvoyants chez les journalistes et les électeurs ? La France n’a pas besoin de paltoquets à sa tête après avoir eu un triste malvoyant !!

    • Que vient faire ce jugement macroniste de MLP ici. Encore une LR compatible aigrie. Mais il est vrai que LR et Macron on fait preuve de leurs compétences économiques….Ainsi va la France avec « ces gens là » .

      • Trés juste, Lourbianes,! Cette pauvre Chtistianne Vidal na toujours rien compris et se félicite sans doute de la politique économique dans laquelle la France coule,(Augmentation du coût de la vie et surtout de l’electicité qui risque de doubler dans les mois à venir) ; MLP fait au mois des propositions qui sont loin d’être nulles .Ce sont les députés dont fait état Mrc Eynaud qui sont nuls Pourquoi ne nous parle t’il pas de gens plus interessants;Il y en a précisement au RN

  2. Ministre des solidarités ? Celle qui reprochait aux retraités de vouloir avoir des retraites décentes pour gâter leurs petits enfants ?Elle voit la solidarité envers qui ? Les faux mineurs isolés ? A condition quand même qu’on ne lui demande pas à elle de mettre la main au portefeuille, évidemment.

  3. Tous ces « zelus  » de cirque ne sont là que pour mettre la zizanie et le chaos. A l’inverse une palme d’or pour Nicolas Dupont Aignan et Philippe Tanguy de vrais députés patriotes.

    • Heureusement qu’ils sont là, encore qu’ils n’aient pas souvent le droit d’être relayés par les médias aux ordres.

  4. Ces mauvais en tout continuent à être grassement rémunérés par les deniers publics et en cela c est insupportable.

  5. Je ne vois pas Sandrine Rousseau. Je suppose qu’elle est hors concours et qu’on ne tire pas sur une ambulance.

  6. Merci M. Eynaud d’avoir fait ce travail de mise ne lumière de tops et flops de nos députés, mais les Français ne s’intéressent plus à ces gents, pas plus en tout cas qu’a des acteurs de mauvaise série TV ou Netflix. Nous sommes devenus les spectateurs de notre décadence.

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