Cela fait plus de trente ans que les « services » de renseignement alertent sur la montée de l'islam radical dans notre pays, sans réaction des autorités politiques comme pétrifiées par le sujet ou par intérêt électoraliste.

L'effet de sidération qui a suivi l'attentat islamiste au sein de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) est la conséquence ultime d'un laisser-aller général ayant pour origine le manque d'autorité, de fermeté et de volonté politique.

En effet, qui, dans l'administration policière, aujourd'hui, suivra un subordonné qui dénoncera un collaborateur de radicalisation, de peur d'être accusé d'islamophobie ?
Selon Le Parisien, « 19 fonctionnaires du ministère de l'Intérieur - policiers et agents administratifs - sont actuellement traités par le groupe de suivi de la radicalisation dans la police nationale, créé au sein de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Au plus fort de l'activité de cette instance active depuis 2015, une trentaine d'agents ont été surveillés sur toute la France. Aucun membre d'un service de renseignement n'est suivi aujourd'hui mais, par le passé, quelques-uns ont perdu leur habilitation secret-défense à la suite de soupçons de proximité avec des individus radicalisés. »

Évidemment, on ne peut que constater l'insuffisance de la loi relative au renseignement de juillet 2015 puisque, malgré les moyens juridiques, humains et matériels supplémentaires apportés aux services de renseignement, c'est dans le cœur de l'un d'eux que le terrorisme a frappé. Nos parlementaires frileux ont même adopté, à cette occasion, un amendement interdisant aux services pénitentiaires de recourir aux techniques du renseignement sur pression du garde des Sceaux, Mme Taubira. Les mesures préventives de détection d'agents radicalisés n'ont pas été plus efficaces, pas plus que n'a été mis en place un contrôle extérieur de la DRPP. Aujourd'hui, le risque de terrorisme endogène s'étant accru, il apparaît impératif de réévaluer également l'efficacité, l'organisation et le contrôle extérieur du renseignement territorial (RT) destiné à détecter les signaux faibles de radicalisation sur l'ensemble du territoire.

D'autre part, la loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme a instauré une interdiction de sortie du territoire pour les apprentis djihadistes alors qu'il aurait fallu, au contraire, laisser les impétrants quitter le territoire et, surtout, interdire tout retour par tous les moyens. Rappelons-nous que l'égorgeur du père Hamel est passé à l'acte sur le territoire parce qu'on lui avait interdit de quitter notre sol. Aujourd'hui, on accepte le retour de nos djihadistes du Levant, véritables bombes à retardement, sous prétexte qu’ils seront mieux surveillés chez nous... On peut légitimement en douter, compte tenu du dernier attentat à la préfecture de police.

De même, la proposition d'instauration de la déchéance ou perte de nationalité française dans les affaires de terrorisme, faite devant la représentation nationale réunie en Congrès à Versailles, lancée par François Hollande au lendemain du 13 novembre 2015, a rapidement fait « pshitt » sous une nouvelle pression du politiquement correct ! Pourtant cette mesure, appliquée aux djihadistes, aux jugements terroristes, assortie d'une expulsion du territoire et associée à l'expulsion des fichés « S » étrangers, permettrait de dégonfler le volume des personnes à surveiller qui n'en finit pas de grossir et dont on voit bien les difficultés de surveillance.

Par ailleurs, plusieurs centaines de condamnés pour terrorisme sortiront de prison dans les années à venir et nous n'avons pris aucune mesure de rétention judiciaire à leur égard, comme pour les crimes sexuels, concernant les peines de moins de 15 ans (majorité des peines pour terrorisme). Le débat, un moment apparu, a aussi vite disparu du paysage politique et médiatique !

L'élection d'Emmanuel Macron n'a pas signifié le début d'un nouveau monde, mais la fin d'un cycle commencé en mai 1968 caractérisé par l’affaissement de l’autorité de l’État, qui n’ose plus s’imposer et, au final, la prise du pouvoir politique par le monde des affaires. Nous allons payer chèrement ces manquements, laisser-aller et occasions ratées.

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09 octobre 2019 à 8:41

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