Symphonia monte à Paris… et cela vaut le coup d’aller voir ça !

Symphonia

On n’appelle pas impunément son fils Corentin, on ne le place pas sous le patronage d’un évangélisateur de la Bretagne sans espérer secrètement qu’il fasse montre d’une tête dure comme du granit et d’une énergie à soulever les rochers du littoral.

Pari gagné. Corentin Stemler, 21 ans, étudiant en droit à l’ICES, a réussi à convaincre plus de 90 de ses comparses à consacrer leurs soirées, sacrifier leurs week-ends et sans doute même leurs grasses matinées, à son incroyable épopée musicale Symphonia… autant dire, soyons clair, à déplacer la pointe Finistère sur la Canebière.

Il y a, dans la vie, de ces effets papillon... Ses parents qui, après l'avoir audacieusement baptisé, l'emmenèrent gaillardement au Puy du Fou imaginaient-ils qu’il garderait gravées dans sa caboche les paroles de Philippe de Villiers : « Faites des rêves pour qu’ils deviennent réalité » ?

Acteur bénévole à la Cinéscénie™ du Puy du Fou pendant dix ans, c’est là qu’il a appris le métier et trouvé sa vocation.

Féru de musique et de théâtre, il s’essaie à plusieurs pièces avant de se lancer dans le scénario, la scénographie et la mise en scène de Symphonia.

Musiciens, acteurs, choristes, solistes, couturiers, décorateurs, logisticiens, régisseur, danseurs… Certains sont derrière le rideau, d’autres sous les spots, mais tous exploitent leur talent propre, et dans l’obscurité de la salle, émus secrètement sur leur strapontin, certains parents constatent enfin que leurs fastidieux trajets du mercredi après-midi - qui à la danse, qui au solfège - n’ont pas été vains… quand d’autres, ébahis, s’extasient de la révélation de ces dons qu’ils ne soupçonnaient pas chez leur enfançon.

Mais ne vous y méprenez pas, ce n’est pas une manière de spectacle de fin d’année, ou même une banale comédie musicale. C’est une épopée, on vous dit ! C’est-à-dire, selon le Larousse, un « long récit poétique d'aventures héroïques où intervient le merveilleux », une ode à la musique qui transcende les âges, rend hommage et réincarne, s’incline devant le talent d’hier et virevolte pour le perpétuer aujourd’hui, où Lalaland s’inscrit dans les pas de Rossini, dans une tradition vivante bien comprise qui ne muséifie pas ni n’enferme dans un bocal au formol, mais rentre dans l’esprit et le magnifie.

Un article de Marianne, paru ce jour, s’étonne que les médias s’adressant aux jeunes - Konbini et Brut - soient si morbides (suicide, homicide, stérilisation…).

Eux autres n’ont pas de temps à perdre avec ces injonctions du vide. Ils sont « cette génération qui se [lève] pour emprunter le chemin de la beauté », « avec ses faiblesses et ses chimères d’enfance », dans « un chant de foi, de tradition et de panache », « la symphonie des vivants et des morts qui [résonne] sur l’Europe et pour le monde ». Car, comme le dit la voix off, citant Dostoïevski, qui conclut Symphonia, « c’est la beauté qui sauvera le monde ».

Ils viennent à Paris, donner trois représentations au palais des congrès d’Issy, les 4, 5 et 6 juillet. Gageons que les spectateurs seront nombreux à venir les applaudir, les soutenir et les remercier peut-être surtout de leur permettre d'espérer.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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