Sylvie Retailleau entre complaisance et lâcheté

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La réponse de Sylvie Retailleau à la question du député Patrick Hetzel sur l'intervention de Jean-Marc Rouillan à l'université Bordeaux-Montaigne témoigne, comme l'a fort bien montré Georges Michel, à quel point ce ministre marche à côté de ses pompes. Mais le pire est, sans doute, que cette universitaire, dont le cursus laisse à penser qu'elle n'a pas un QI limité, se laisse aller à une réponse de cet acabit. Faut-il en déduire qu'à défaut d'incompétence, on puisse parler de complaisance ou de lâcheté ?

Expliquer l'invitation d'un ancien terroriste, qui ne s'est même pas repenti, par le souci de « conserver aux universités leur liberté académique » est, pour le moins, insolite. Faut-il rappeler qu'elle ne s'était aucunement émue, il y a quelques mois, que la même université eût interdit de parole la philosophe Sylviane Agacinski, sous prétexte que son intervention créerait un risque de troubles à l’ordre public ? Y aurait-il, en matière de « liberté académique », deux poids deux mesures ?

Le Code de l'éducation précise bien que « les libertés académiques sont le gage de l'excellence de l'enseignement supérieur et de la recherche français », ajoutant qu'« elles s'exercent conformément au principe à caractère constitutionnel d'indépendance des enseignants-chercheurs ». On comprend que les universitaires puissent, à l'écart de toute pression, se consacrer librement à leur recherche ou à leur enseignement. Mais beaucoup d'entre eux utilisent cette liberté pour promouvoir certaines idéologies, les imposer aux autres et interdire l'expression de toutes les voix dissidentes qui dévieraient de la pensée unique.

Voyez toutes ces universités où l'écriture inclusive est devenue la règle, où une minorité, d'autant plus intolérante qu'elle est persuadée d'avoir raison, impose ses diktats au point que les professeurs et les étudiants tentés d'être réfractaires sont sanctionnés. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », telle est la devise de ces pseudo-révolutionnaires. Certes, tous les universitaires ne sont pas acquis à cette attitude sectaire qui conduit au totalitarisme, mais, comme il arrive souvent, la plupart se taisent pour assurer leur tranquillité ou par crainte des représailles. En l'occurrence, ils donnent raison à Sartre, pour qui « se taire, ce n’est pas être muet, c’est refuser de parler, donc parler encore ».

Il est vrai que s'ils ont le courage de protester, ils ont rarement le soutien de leur hiérarchie ou de leur ministre. Force est de constater que Sylvie Retailleau, dans son bureau du pavillon Boncourt, au cœur du Quartier latin, ne s'inquiète qu'à sens unique des atteintes à la liberté d'expression. Par complaisance ou par connivence, à moins qu'il ne s'agisse de lâcheté ? Notons, à sa décharge, qu'elle n'est pas la seule au gouvernement à témoigner ce parti pris. Tous les ministres, jusqu'au premier d'entre eux, pourraient tenir une bonne place au palmarès du sectarisme et de la mauvaise foi. Mais au-delà de leurs faiblesses personnelles, c'est Emmanuel Macron, sur lequel ils se façonnent, qu'il faut incriminer.

Ces « vieux singes de cour », comme l'écrivait Du Bellay, « ne savent rien faire » d'autre que d'imiter leur maître, pour le meilleur et surtout pour le pire. Ils sont d'autant plus ridicules et pitoyables que, loin d'être tous stupides, ils participent lucidement à cette comédie du pouvoir et jouent complaisamment les Tartuffe. Jusqu'au moment où, déplaisant au prince, ils tomberont en disgrâce ou, prenant conscience que le bateau coule, ils quitteront le navire comme des rats.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

18 commentaires

  1. La caractéristique la plus commune à nos « représentants » et responsables politiques de droite tout autant que de gauche, est la lâcheté. C’est de pire en pire, mais que pouvons nous faire pour les faire disparaître du paysage politique ?

  2. Que valent réellement les diplômes de cette université ?
    J’imagine qu’aucun de ces jeunes « antifas » n’a le moindre avenir en dehors de ce que propose le principe de Peter.

  3. La « liberté académique » … peut-être l’argument qui sera invoqué pour rembourser le million d’Euros de dégâts occasionnés aux locaux de l’Université de Toulouse par une bande d’anarchistes gauchistes. On n’a pas lieu d’être fiers d’être administrés par une telle « sous-ministresse » (étant Directeur de Recherches Honoraire au CNRS, c’est mon administratrice).

  4. L’argument relatif à la liberté académique n’a ici aucune valeur puisque ce n’est pas l’université qui a invité Rouillan mais la bande de racailles qui occupait illégalement cette université.

  5. complaisance avec l’islamo-gauchisme et les violences et le terrorisme qui vont avec , et on agite sans cesse la menace de l’extrême droite , on cherche désespérément des personnes d’extreme droite à condamner pour avoir peut etre l’idée de commettre des actes de violence.
    L’estreme droite qui se manifeste lors des élections est la conséquence des violences commises par l’islamo-gauchisme , attentats , violences lors des manifestations.

  6. Macron a contaminé son entourage de suivre sa ligne qui est de répondre en faisant du Hors-Sujet ce qu’a fait la ministre Retailleau. Une seule solution : dissoudre cette assemblée, ses ministres et ce président incompétent.

  7. et macron a toujours 25%?
    si les sondages sont exactes, il y a au moins 25 % de traîtres et de lâches dans notre pays.
    Et vive le saucisson!

    • Les sondages de macron ne peuvent pas tomber en dessous de 25 %, sinon, les sondeurs valsent à pole emploi. Bis repetita : pour Hollande c’était pareil, jusqu’à ce que les vrais sondages soient publiés après sa défaite : le 25 % s’est subitement transformé en 5 %.

  8. Elle fait partie des affluents qui gonflent le fleuve de la décadence de la France et qui finira par le souhait de certains de l’avènement d’un Pinochet en pensant que les Trump ou les Bolsonaro faisaient preuve de faiblesse.

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